Les soldats dAlsace-Lorraine enrôlés de force dans larmée allemande et faits prisonniers par lArmée rouge.
Ed: 15/03/2005
1939-1949: Dix années d'une vie d'un Malgré-Nous
(http://perso.wanadoo.fr/mdmpb )
L'histoire d'un Malgré-Nous, incorporé dans la Wehrmacht, capturé en 1944, prisonnier à Cerepovec et à Leningrad, l'un des tous derniers malgré-nous rentrés au pays en 1949Qui sait, en effet, que 130.000 Alsaciens et Mosellans ont été incorporés de force dans l'armée allemande, après l'annexion (une annexion de plus...) de ces régions en 1940 par le régime nazi? Qui sait que 20.000 d'entre eux sont morts, la plupart sur le front russe, en portant malgré eux l'uniforme feldgrau? Que 20.000 autres sont portés disparus? Que 40.000 d'entre eux ont été en captivité dans les camps soviétiques? Que les derniers ne sont rentrés de captivité qu'en 1955?
Les camps de Cerpovec :http://perso.wanadoo.fr/mdmpb/cerepove.htm - http://perso.wanadoo.fr/mdmpb/annexe4.htm
Rapport secret sur le défilé des prisonniers de guerre allemands à Moscou en juillet 1944 http://perso.wanadoo.fr/mdmpb/annexe6.htm :
LES MALGRÉ-NOUS» Témoignage de Jean-Pierre APPRILL ( Lire )
Le retour des prisonniers
(Extrait d'un colloque Hamboug juin 2002)
Jean-Noël Grandhomme, de luniversité de Strasbourg (France), développa le cas des soldats dAlsace-Lorraine enrôlés de force dans larmée allemande et faits prisonniers par lArmée rouge. Le cas de ces « malgré-nous » constitue une mémoire régionale douloureuse. Les Alsaciens en uniforme allemand furent concentrés dans le camp de Tambov et subirent le sort de tous les prisonniers de la Werhmacht, avec des conditions de vie très dures, un taux de mortalité élevé et des campagnes de rééducation antifasciste. Libérés en grande majorité durant lautomne 1945, une partie des « malgré-nous » passe pourtant plusieurs années supplémentaires en captivité. Accusés de crimes de guerre par les Soviétiques, ils se sentent trahis par la France libre, et utilisés comme monnaie d'échange dans les négociations diplomatiques. Certains iront jusquà évoquer lintervention de dirigeants communistes français afin de retarder leur retour, tant le témoignage de leur expérience ternirait limage de lUnion soviétique.
1 325 Français seraient morts en captivité.
Ref: l'Histoire N°255 juin 2001-Gaël Moullec Maître de conférences à l'Institut d'Étude Politiques
"23 136 prisonniers de guerre français dont les malgré-nous(Alsaciens et Lorrains incorporés de force dans la Wehrmacht) formaient la grande majorité . 1 325 Français seraient morts en captivité. 21 811 auraient finalement été remis aux autorités françaises entre 1945 et 1955.
Dans les camps les Français n'ont pas été plus maltraités, leur taux de mortalité de l'ordre de 5,7% voisinant ceux des Hollandais (4,2%), des Luxembourgeois(5,6%),des Yougoslaves(6,2%), des Danois (7,7%) et des Belges (8,8%).Un chiffre très inférieur aux 15% des Allemands, aux 29,1% des Roumains et aux 56% des Italiens.
Une majorité de "malgré-nous" ont eu la "chance", grâce au statut de vainqueur de la France, à l'entreprise du PCF et aux quelques interventions du Gouvernement français, d'être libérés plus rapidement que les autres, de sorte que les Français ont pu éviter les conditions d'internement des années 1946-1947, en tous points effroyables en raison de la crise alimentaire qui touchait alors l'ensemble du pays et poussa le GOUPVI à diminuer encore les rations alimentaires et à interrompre la distribution de repas chauds dans les camps.
GOUPVI, direction du NKVD ( Commissariat du peuple aux affaires intérieures) en charge des prisonniers de guerre a eu à gérer près de 5 000 établissements (camps, hôpitaux, des prisons...) qui entre 1939 et 1953 ont vu passer près de 6 millions de personnes issues de 30 pays.
Les premiers prisonniers français ont été rassemblés dans le camp n°188 situé près du village de Rada, dans la région de Tambov, à environ cinq cents kilomètres au sud-est de Moscou.
Ce camp comptera officiellement en septembre 1945 11 000 prisonniers français:mais au total, on recense la présence de Français dans plus de 100 établissements dépendant du GOUPVI.
Ceux qui, rescapés des camps de transit, arrivent jusqu'à Tambov ,entrent dans la mécanique terrible et brinquebalante des camps de prisonniers:la quarantaine, puis la répartition dans des baraques de triste souvenir(à Tambov, elles étaient enfoncées de deux à trois mètres dans le sol, de sorte que seules les lucarnes des toits laissaient entrer l'air et la lumière), les maigres repas (1130 calories par jour au mieux), enfin les travaux physiques( coupe et transport de bois dans les forêts environnantes,construction d'une écluse, extraction de la tourbe..)..
Un quart de l'effectif a été atteint du typhus, 15% de la tuberculose, sans oublier les cas de dysenterie infectieuse, de pneumonie et de pleurésie. le poids moyen de ces hommes (calculé sur un échantillon de 1400 personnes n'était à leur retour en France que de 42 kg.