Les camps de P.G. de l'Axe en mains américaines

 La construction du camp de Fourcaville

 

"Continental Central Enclosure n°19" juin 1944
Die Lager in Frankreich
CCPWE (Continental Central Prisoners of War Enclosures)
PWTE (Prisoners of War Transient Enclosures)

Documents dessinés par le Capt. Lewis Hackney et communiqués par son neveu Brandon Rowe
 

Présentation du campVues générales du camp  |  La construction du camp  | Les chapelles et églises |

 

( Traduction  d'un extrait du livre )

"En novembre 1944, le détachement du camp de PG 2029 était décidé et c’est en décembre 1944 qu’il fut confié au maréchal Provost. C’était au tour de Foucarville d’assumer ses responsabilités, le détachement aérien l’a fait jusqu’au 15 décembre 1944.
Décrire le camp à cette époque se résumait en trois lettres « MUD » (= boue). L’état-major du camp était logé dans de vieux abris en béton construits par les Allemands et qui ont servi jusqu’au printemps 1945. Il y avait alors environ 3500 PG. Clôtures de barbelés, foyers rudimentaires en fer sur lesquels étaient posés des bidons de GI dans lesquels on cuisait la nourriture. L’eau, transportée par citerne était ensuite stockée dans des réservoirs de toile. Pour se laver, on pompait l’eau dans un petit cours d’eau, au pied du camp. Les prisonniers étaient logés dans des tentes bivouac dans lesquelles il n’y avait ni chauffage, ni électricité ni plancher. Environ 55 prisonniers par tente. Il n’y avait pas d’allées dans le camp et avec la pluie qui tombait en permanence, on peut aisément comprendre la situation.

C’est à cette époque qu’il fut décidé d’installer un camp centralisateur à cet endroit. Un détachement du 361ème régiment d’infanterie fut désigné pour commencer la construction d’un camp de 20000 hommes. Le détachement était constitué du lieutenant Hayes assisté de 15 personnes engagées. Le plan qui avait été dessiné par des prédécesseurs de ce détachement avait choisi comme point d’eau, un ruisseau qui était à sec en été. Un autre endroit qui aurait mieux convenu était pratiquement inaccessible d’un point de vue opérationnel. Après d’âpres discussions, il fut décidé de changer et d’adopter un plan plus réalisable. Prévu pour 20000 prisonniers, le plan comportait une aire centrale rayonnante ; c’était le centre administratif du camp avec le bureau des prisonniers, le personnel et l’entrepôt. Un autre point d’eau a été choisi à environ 1500m.
Les matériaux nécessaires à la construction étaient pratiquement inexistants. Avec les troupes du front qui recevaient légitimement, toutes sortes de fournitures et d’équipements, il était facile de comprendre que les matériaux nécessaires à la construction du camp étaient peu prioritaires. Aussi il était clair que , pour réaliser le travail, la vieille habitude de l’Armée de creuser était indispensable et ce programme fut immédiatement mis en place. Heureusement, les aménagements du « Port » de Utah-Beach étaient alors suspendus. La Marine avait reçu l’ordre de se diriger vers Cherbourg, les troupes affectées au déchargement des bateaux ont commencé à quitter les lieux. En peu de temps, le vieux bâtiment de la Croix Rouge à Utah-Beach était devenu un lieu de réunion et d’échange pour les Américains engagés. Des milliers de morceaux de charpente laissés sur la plage furent rapidement convertis en planchers pour les cellules. Plusieurs bâtiments en préfabriqué prirent le chemin des postes. En fait la police de Utah-Beach était dépêchée sans compter en raison des nécessités du Camp.
L’improvisation n’était pas occasionnelle, elle était devenue une habitude. Les matériaux qui manquaient alors pour construire des allées, les prisonniers devaient en fabriquer à partir des boites pour rations, des bidons n° 10, n°2, tout ce qui pouvait être enfoncé dans la boue et supporter le poids d’un homme. Les limes manquaient, on a réussi à en fabriquer avec du fil barbelé. Les chaussures étaient un problème, on en a creusées dans du bois et on les a attachées avec du caoutchouc de pneus. Les gamelles fabriquées à partir de demi bidons n°10 auxquels on ajoutait une poignée en fil de fer rigide devenaient très convenables pour la cuisine.


Les routes étaient une chose importante. La boue devait être raclée. Par chance, une partie du camp était construite sur de la roche sédimentaire. Une petite carrière locale était en activité, elle produisait des pierres de 8 pouces de diamètre. Cette carrière était une mine d’or. Le personnel de chaque équipe était d’environ 400 prisonniers. Trois équipes se relayaient en permanence. Il n’y avait pas de lampes électriques mais quelques lampes à pétrole. Par temps froid, ces lampes avaient tendance à geler, mais un prisonnier affecté à chaque lampe pour la secouer avait permis de résoudre le problème. Les camions ne marchaient pas. La route « Ballon Rouge » avait priorité sur les camions. On a fait sur 600 m une chaîne de prisonniers avec des seaux pour transporter la pierre. A un endroit, ce filon de roche a été sondé et on en a trouvé à moins de 3 pieds (< 1m) de la surface. Un millier de prisonniers a pu construire un fossé , extraire la roche, la mettre au bon endroit et on avait à la fois une route et un fossé de drainage. Environ 900m de routes ont été ainsi terrassées. Les pelles manquaient désespérément. Un dépôt avait été installé près de la plage et il y avait là, une bonne quantité de pelles. On les demanda aux ingénieurs responsables. Elles n’étaient pas en très bon état. Mais le lendemain, elles avaient déjà été chargées et emportées. Cependant, il restait environ 500 pelles qui étaient enfoncées dans la boue et dans l’eau. Une fois nettoyées, ces pelles étaient très satisfaisantes. Pendant les 3 premières semaines de la construction, l’affluence des prisonniers était très faible. Nos armées se trouvaient sur la Ligne Siegfried et étaient pour le moment cantonnées dans ces zones fortifiées. Nous pouvions donc nous concentrer sur la construction.
Noël arriva et la percée allemande changea le tableau. Pour éviter d’avoir des prisonniers détenus par les Américains repris par les Allemands, tous les camps situés sur la ligne de front avaient été vidés aussi rapidement que possible et les prisonniers envoyés vers l’arrière. Ainsi commença l’hémorragie. En moins d’une semaine, la population du camp n° 19 avait grossi de 4000 et quelques à 15000. Pour rendre le problème plus crucial, nous avions été avertis que les forces allemandes de la Poche de Lorient et celles de Jersey et Guernesey, avec les prisonniers de guerre de Cherbourg avaient décidé de mener une opération pour semer la confusion dans les lignes de ravitaillement derrière nos forces de combat. D’où une sérieuse alerte immédiate. Sur ordre de l’état-major, le 864ème régiment et la 600ème compagnie maritime avaient été envoyés au camp pour la sécurité. Les rumeurs d’une attaque de parachutistes allemands et d’un débarquement en provenance de ce qu’on appelait les îles « aux vaches » s’étaient répandues. Cette alerte gêna fortement la construction car les prisonniers de guerre avaient été consignés dans leurs cellules. La consigne fut levée après que le ralentissement de la percée des Ardennes, mais le travail de nuit était interdit. Pour le nouvel an, il n’y eut pas de fête. Un malheureux incident eut lieu à la St Sylvestre, alors qu’un soldat déchargeait accidentellement son fusil en l’air, il coupa les fils électriques du camp américain. Ce qui augmenta la tension.
Durant cette période de tension, il fut décidé qu’un officier du bataillon serait en poste au quartier général pendant toute la journée. Par conséquent, Major Nelson, officier commandant et Major Vaughan se mirent dans les abris pour une période qui s’est prolongée. Ils restèrent enfermés dans ce trou jusqu’à ce que le Major Vaughan ait pu creuser un petit abri vers lequel ils se sont ensuite déplacés.
La percée avait été arrêtée et de nombreux prisonniers capturés. La zone B du plan était suffisamment avancée pour pouvoir loger des prisonniers et tous les efforts avaient été concentrés sur la zone C. Les délais, le travail de nuit et la pression, c’était la routine. Un jour d’arrêt ou une soirée libre, c’était inconnu. Les prisonniers continuèrent à arriver par milliers.

Les premiers bureaux de la prison se trouvaient sous une simple tente. Tout le travail réalisé par ces bureaux étaient effectués dans cet espace. En plus, la tente servait de logement aux 4 employées du service du personnel. Le Major Vaughan, l’officier de la prison entreprit aussitôt d’ajuster ces moyens matériels à la nécessité grandissante d’améliorer les conditions de travail. Le bureau de la prison fut transféré de la petite tente vers une tente pyramidale tout près. La petite tente fut attribuée au Lt Heck, l’officier du personnel . Le personnel féminin se déplaça également. Puis une autre tente pyramidale fut attachée à la petite tente. Ainsi, le bureau du personnel quadrupla en taille. Lt Heck avait besoin de plus de place. Le « hub » devait être la cellule centrale opérationnelle du camp, alors le service de la prison emménagea dans une tente de type entrepôt et le service du personnel dans 2 tentes d’hôpital sur le côté. Avec les nouveaux prisonniers qui arrivaient par milliers et des centaines d’autres qui étaient envoyés vers les unités opérationnelles, Lt Heck ne pouvait rien faire d’autre que d’occuper les nouvelles installations quand il a eu un besoin urgent de place. Grâce à la coopération du Major Groves, du Capitaine Redman et du Lieutenant Adams, un bâtiment en préfabriqué a été construit pour abriter les besoins grandissants. Un bâtiment en T a été construit et très peu de temps après, 2 ailes ont été ajoutées pour permettre de gérer les prisonniers. A ce moment, le bureau employait 200 Américains et Allemands. Ce service a été responsable de la gestion de plus de 80000 prisonniers dans et hors du camp et a dirigé l’embarquement de plus de 100000 autres. L’administration de la prison se trouvait dans le bâtiment où la plus étroite collaboration entre le Major Vaughan et le Lt Heck était possible.

Confronté à un flux continuel de prisonniers entrants et sortants, on s’est vite rendu compte qu’une cellule centralisatrice était impérativement nécessaire pour diriger ces opérations. Le site choisi a été le quartier n° 1. Celui-ci était le plus sale et le plus infect de tout le camp. La décision fut prise d’abattre et de reconstruire cet espace pour répondre aux besoins. Rénover ce quartier était un projet majeur. La boue et le crasse furent enlevées, on construisit de nouvelles clôtures, un réfectoire pour 3000 prisonniers, des allées et des écoulements et on y mit du gazon. Le quartier était divisé en 2 sections pour s’occuper à la fois des embarquements entrants et sortants. En plus, on y construisit ce qu’il était convenu d’appeler, le seul bâtiment chargé de l’ensemble de la gestion des prisonniers de guerre. Même si tout autour, il apparaissait un labyrinthe d’allées et de fils barbelés, le bâtiment et la cour étaient si étendus que les prisonniers pouvaient être parqués dans un endroit, envoyés dans une salle pour se déshabiller et où leurs vêtements étaient épouillés ; dans la pièce suivante, ils prenaient une douche. Dans la suivante, on pratiquait un examen médical complet du prisonnier et on complétait son dossier médical et de vaccination. Il était ensuite envoyé dans une salle d’habillage où ses vêtements épouillés lui étaient rendus. Alors, à la réserve, on lui remettait chaussures et vêtements et on complétait les renseignements. Il entrait alors dans la section de traitement administratif où sa carte d’identité et ses cartes personnelles étaient mises à jour et sa classe enregistrée puis au bureau des empreintes digitales où ses empreintes étaient relevées. Il sortait dans une cour pour se diriger soit vers une autre partie du quartier n° 1 ou dans un autre, quelque part dans le camp.


Dès le début de janvier 1945, le Général Aurand, commandant général de la base de Normandie, dirigeait l’ensemble du travail des prisonniers de guerre. A l’intérieur de la base, aux unités de service comme l’ordonnance, le quartier général, le génie était affectée une organisation du travail des prisonniers, selon leurs besoins. Des camps devaient organiser ces unités et les préparer pour qu’elles soient opérationnelles.
Les compagnies de travail des prisonniers étaient au nombre de 250. En raison de la situation particulière du camp, en relation jusqu’alors avec le District d’Omaha, 225 compagnies devaient être approvisionnées par le camp n° 19. Ce qui faisait un total théorique de 33750 prisonniers. L’inauguration de ce programme, tout en faisant peser une lourde charge sur le Lt Heck, l’officier du personnel et son équipe, était l’instrument qui permettait au camp d’éviter d’être submergé. Quelques 30000 prisonniers ont été « placés à l’extérieur »
Un jour, pendant la montée en charge de la construction, l’état-major a reçu un appel disant que le colonel Kuhre aimerait visiter le camp. Le colonel a été chaleureusement invité. Le colonel Kuhre, officier commandant le district d’Omaha est arrivé le lendemain et a passé l’après-midi, les pieds dans la boue à observer le travail des prisonniers. Puis le colonel a demandé s’il y avait un inconvénient à le montrer aux commandants de son unité. Le lendemain, 18 officiers du district d’Omaha vinrent observer les « chaînes humaines » et l’organisation des prisonniers. L’association qui venait de commencer avec le District d’Omaha s’est révélée des plus agréables.
Tant d’activités étaient entreprises simultanément que, fréquemment, quelques désordres ou des échecs survenaient. Par conséquent, il devenait indispensable qu’un officier qui supervise le tout avec tact et imagination soit nommé. Le Lt Whitaker , l’officier du personnel du camp fut désigné pour régler en douceur, les milliers de détails qui affectaient le bon déroulement des opérations de l’organisation. Cet officier était réputé pour avoir évité de nombreux malentendus qui étaient survenus mais non pour ses qualités d’habile manager.


Les services du poste dirigés par le capitaine Huntington ne pouvait aller au-delà. Ce secteur jouait un rôle de plus en plus important dans la construction du camp. Il comportait à l’origine, 2 petites tentes et un appentis. Tout le travail de charpente possible y était réalisé. A mesure que les semaines passaient, il finit par prendre une place presque aussi grande que le camp d’origine. L’atelier de charpente occupait un bâtiment de 75X90 pieds (25X30m environ) et il employait 10 charpentiers. Il y avait 4 forges qui travaillaient 18 heures par jour ; un autre bâtiment de 75X90 abritait les cordonniers, environ 125 au 1er juillet 1945, avaient réparé 30629 paires de chaussures. Les tailleurs qui étaient environ 75 confectionnaient, à partir de toile de récupération, des vêtements convenables pour les prisonniers. L’atelier de peinture était aussi situé dans cette zone.


Les services ont fabriqué des centaines de bureaux, des chaises, des tables et tout ce qu’on peut imaginer en bois ; le métier de chacun était mis à profit pour le développement du camp. Quelques bureaux et classeurs qui ont été fabriqués dans le camp ont trouvé leur place dans les alentours et inversement, d’autres qui avaient sérieusement besoin de réparations y sont entrés. Les produits de la zone de services étaient si influents en rendant au camp la possibilité de récupérer de nombreuses baraques des Allemands : des entrepôts et des installations éparpillées sur la péninsule pour les utiliser au camp comme poste de garde, infirmerie, théâtre, boulangerie, réserves ou cuisines pour les différents quartiers ; tous les bâtiments du camp utilisés par les prisonniers sont de ce type.
 

Quelques chiffres

Ont été construits par des charpentiers extérieurs au camp :

  • 3 théâtres

  • 4 églises

  • 51 cuisines

  • 74 baraques

  • 67 latrines

  • 51 lavabos

  • 1435 tentes

  • 1508 chaises

  • 633 bancs

  • 724 tables

  • 174 commodes
     

  • 6216 objets différents ont été fabriqués d’avril à août 1945, par les charpentiers du camp


A mesure que la construction avançait, un programme d’embellissement était entrepris et mené parallèlement aux autres projets. Ce programme incluait la création de jardins à la française, de pelouses, d’ allées et de bancs rustiques, à des endroits appropriés du camp. Des clôtures de bois rustiques, un poste de garde en rondins à l’entrée de Broadway et des parterres de fleurs, les graines ayant été offertes par le colonel Caffey, commandant le régiment de la « plage », tout contribuait à l’achèvement du programme. L’érection de 2 mâts pour les drapeaux américain et français, la construction d’un bassin et enfin, l’érection d’une statue des plus séduisantes, sculptée par un prisonnier donnèrent aux quartiers un air de solennité attractive.

A la fin du printemps , il y eut un grand changement de temps en Normandie. Là où l’hiver, la boue arrivait jusqu’au genou, c’était maintenant la poussière qui devenait un sérieux problème, les jours se suivaient et il n’y avait pas de pluie. La source qui approvisionnait le camp était tombé au-dessous du minimum requis. Plusieurs études de cartes indiquèrent 2 sources possibles. L’une était distant d’environ 3 miles et l’autre était à 7 miles.
Le capitaine Finster du 605ème bataillon était chargé de l’installation de l’eau dans le camp. Sa première proposition était de creuser un réservoir suffisamment grand pour stocker l’eau. Ce projet était bon et avec un bulldozer et 250 prisonniers, le capitaine construisit un réservoir capable de contenir plus de 3000000 gallons d’eau (environ 13500 m3). Après avoir obtenu le matériel nécessaire, une conduite a été passée en direction de la source éloignée de près de 5 km. En chemin, il trouva une énorme réserve de 45000 m3 et décida d’utiliser cette eau. Au moment où j’écris, le problème d’eau a été surmonté et des travaux ont été exécutés en prévision de futures difficultés.


Le colonel Mc Gowan rendait fréquemment visite au camp au fur et à mesure que les travaux avançaient. Ses visites étaient toujours les bienvenues et son aide grandement appréciée. Il semblait que, après chaque visite du colonel, le nombre de prisonniers grimpait de quelques milliers. Alors que la capacité prévue à l’origine pour le camp devait être de 20000 hommes, ce chiffre était considéré comme normal et on parlait de 30000 en situation critique. La poussée continuait. Des études constantes, avec à l’esprit l’agrandissement ultérieur, étaient menées. Le travail avançait. La charge critique devint la capacité normale et le chiffre de 40000 hommes, le double de la capacité d’origine, est devenu le niveau à ne pas dépasser.
Un jour, un appel reçu nous informait que le colonel Hoffmann, à la tête du régiment du district sud et tous les commandants des camps de la région arriveraient par avion pour visiter le camp. Cela faisait très plaisir de savoir que l’avancement des travaux méritait la visite d’un groupe d’officiers.


Bien que le sujet ne soit pas très agréable, le problème des eaux usées n’était pas des plus faciles. Les SOP des camps pour prisonniers de guerre demandaient des fosses septiques. Dans un camp fermé qui fonctionne en permanence, ce système ne marche pas puisque au bout d’un moment, tous les espaces possibles sont épuisés. Il a donc été adopté un système de seaux. Avec l’océan tout près et la marée, une installation d’évacuation a été mise en place à la plage et elle a très bien fonctionné depuis le début. Grâce à une citerne bien adaptée, que quelques soldats avaient surnommée « miel du Chili », environ 40 tonnes de déchets étaient évacuées tous les jours. Le problème des eaux usées dans une ville de 50000 habitants était donc résolu.

 

 

Près de Saint-Sauveur, à environ 15 miles du camp, il y avait une grande station de pompage. Entassés dans un champ tout près se trouvaient des milliers de tuyaux de 6 pouces ½ fabriqués par les Anglais. Ces conduites ne pouvaient servir au système américain en raison de sa dimension peu courante. Elles nous ont servis très efficacement dans nombre de cas. Toutes les eaux usées des cuisines et des lavabos dans tout le camp étaient collectées et évacuées par ces tuyaux. Ils ont également servi de conduite d’eau vers les tours et ont fait une excellente clôture pour le camp. Ces vieux tuyaux laissés pour compte ont rendu service dans de nombreux cas.

Le réseau des égouts (G.M.)


Les lignes électriques étaient absolument nécessaires pour le camp qui se développait. Un générateur diesel de 15 KW avait été livré mais l’élément de remplacement ne faisait que 5 KW. Celui-ci ne supporterait pas la charge. La marine éclairait Utah-Beach avec un poste de 50KW. Comme il était plus facile pour la Marine de déplacer un poste de 5KW qu’un autre de 50KW, un échange très satisfaisant a pu être effectué. Plus tard, le besoin de disposer de davantage de puissance et de lumière, un autre générateur de 50KW a été installé. Puis, comme le camp se développait, les lignes électriques de Cherbourg ont été réparées, de nouvelles lignes à partir de Sainte-Mère-l'Eglise sont arrivées au camp, de nouveaux poteaux ont été installés- là où l’invasion avait détruit les anciens . Finalement, nos deux postes de 50KW ont tenu bon quand la puissance chutait. A ce moment-là, une sirène pour avertir des attaques aériennes a été ajoutée.
 

 

 

Les quantités de nourriture nécessaires pour alimenter une « ville » de cette taille reste un problème énorme. Afin d'avoir une autosuffisance autant que cela était possible les prisonniers ont cultiver leur propres légumes. Des effectifs importants ont été engagés pour planter sur 40 ha environ. Au début une charrue prêtée par des paysans du pays tirée par une jeep a été utilisée pour retourner la terre. Un tracteur prêté par le service des transport permis de finir le travail. Les carottes, les pommes de terre, les navets et les haricots ainsi récoltés, permettra de compléter les rations.


Début janvier 45 33700 prisonniers sont recensés