(
Traduction d'un extrait du livre )
"En novembre 1944, le détachement du camp de PG 2029 était décidé et
c’est en décembre 1944 qu’il fut confié au maréchal Provost. C’était
au tour de Foucarville d’assumer ses responsabilités, le détachement
aérien l’a fait jusqu’au 15 décembre 1944.
Décrire le camp à cette époque se résumait en trois lettres « MUD »
(= boue). L’état-major du camp était logé dans de vieux abris en
béton construits par les Allemands et qui ont servi jusqu’au
printemps 1945. Il y avait alors environ 3500 PG. Clôtures de
barbelés, foyers rudimentaires en fer sur lesquels étaient posés des
bidons de GI dans lesquels on cuisait la nourriture. L’eau,
transportée par citerne était ensuite stockée dans des réservoirs de
toile. Pour se laver, on pompait l’eau dans un petit cours d’eau, au
pied du camp. Les prisonniers étaient logés dans des tentes bivouac
dans lesquelles il n’y avait ni chauffage, ni électricité ni
plancher. Environ 55 prisonniers par tente. Il n’y avait pas
d’allées dans le camp et avec la pluie qui tombait en permanence, on
peut aisément comprendre la situation.

C’est à cette époque qu’il fut décidé d’installer un camp
centralisateur à cet endroit. Un détachement du 361ème régiment
d’infanterie fut désigné pour commencer la construction d’un camp de
20000 hommes. Le détachement était constitué du lieutenant Hayes
assisté de 15 personnes engagées. Le plan qui avait été dessiné par
des prédécesseurs de ce détachement avait choisi comme point d’eau,
un ruisseau qui était à sec en été. Un autre endroit qui aurait
mieux convenu était pratiquement inaccessible d’un point de vue
opérationnel. Après d’âpres discussions, il fut décidé de changer et
d’adopter un plan plus réalisable. Prévu pour 20000 prisonniers, le
plan comportait une aire centrale rayonnante ; c’était le centre
administratif du camp avec le bureau des prisonniers, le personnel
et l’entrepôt. Un autre point d’eau a été choisi à environ 1500m.
Les matériaux nécessaires à la construction étaient pratiquement
inexistants. Avec les troupes du front qui recevaient légitimement,
toutes sortes de fournitures et d’équipements, il était facile de
comprendre que les matériaux nécessaires à la construction du camp
étaient peu prioritaires. Aussi il était clair que , pour réaliser
le travail, la vieille habitude de l’Armée de creuser était
indispensable et ce programme fut immédiatement mis en place.
Heureusement, les aménagements du « Port » de Utah-Beach étaient
alors suspendus. La Marine avait reçu l’ordre de se diriger vers
Cherbourg, les troupes affectées au déchargement des bateaux ont
commencé à quitter les lieux. En peu de temps, le vieux bâtiment de
la Croix Rouge à Utah-Beach était devenu un lieu de réunion et
d’échange pour les Américains engagés. Des milliers de morceaux de
charpente laissés sur la plage furent rapidement convertis en
planchers pour les cellules. Plusieurs bâtiments en préfabriqué
prirent le chemin des postes. En fait la police de Utah-Beach était
dépêchée sans compter en raison des nécessités du Camp.
L’improvisation n’était pas occasionnelle, elle était devenue une
habitude. Les matériaux qui manquaient alors pour construire des
allées, les prisonniers devaient en fabriquer à partir des boites
pour rations, des bidons n° 10, n°2, tout ce qui pouvait être
enfoncé dans la boue et supporter le poids d’un homme. Les limes
manquaient, on a réussi à en fabriquer avec du fil barbelé. Les
chaussures étaient un problème, on en a creusées dans du bois et on
les a attachées avec du caoutchouc de pneus. Les gamelles fabriquées
à partir de demi bidons n°10 auxquels on ajoutait une poignée en fil
de fer rigide devenaient très convenables pour la cuisine.
Les routes étaient une chose importante. La boue devait être raclée.
Par chance, une partie du camp était construite sur de la roche
sédimentaire. Une petite carrière locale était en activité, elle
produisait des pierres de 8 pouces de diamètre. Cette carrière était
une mine d’or. Le personnel de chaque équipe était d’environ 400
prisonniers. Trois équipes se relayaient en permanence. Il n’y avait
pas de lampes électriques mais quelques lampes à pétrole. Par temps
froid, ces lampes avaient tendance à geler, mais un prisonnier
affecté à chaque lampe pour la secouer avait permis de résoudre le
problème. Les camions ne marchaient pas. La route « Ballon Rouge »
avait priorité sur les camions. On a fait sur 600 m une chaîne de
prisonniers avec des seaux pour transporter la pierre. A un endroit,
ce filon de roche a été sondé et on en a trouvé à moins de 3 pieds
(< 1m) de la surface. Un millier de prisonniers a pu construire un
fossé , extraire la roche, la mettre au bon endroit et on avait à la
fois une route et un fossé de drainage. Environ 900m de routes ont
été ainsi terrassées. Les pelles manquaient désespérément. Un dépôt
avait été installé près de la plage et il y avait là, une bonne
quantité de pelles. On les demanda aux ingénieurs responsables.
Elles n’étaient pas en très bon état. Mais le lendemain, elles
avaient déjà été chargées et emportées. Cependant, il restait
environ 500 pelles qui étaient enfoncées dans la boue et dans l’eau.
Une fois nettoyées, ces pelles étaient très satisfaisantes. Pendant
les 3 premières semaines de la construction, l’affluence des
prisonniers était très faible. Nos armées se trouvaient sur la Ligne
Siegfried et étaient pour le moment cantonnées dans ces zones
fortifiées. Nous pouvions donc nous concentrer sur la construction.
Noël arriva et la percée allemande changea le tableau. Pour éviter
d’avoir des prisonniers détenus par les Américains repris par les
Allemands, tous les camps situés sur la ligne de front avaient été
vidés aussi rapidement que possible et les prisonniers envoyés vers
l’arrière. Ainsi commença l’hémorragie. En moins d’une semaine, la
population du camp n° 19 avait grossi de 4000 et quelques à 15000.
Pour rendre le problème plus crucial, nous avions été avertis que
les forces allemandes de la Poche de Lorient et celles de Jersey et
Guernesey, avec les prisonniers de guerre de Cherbourg avaient
décidé de mener une opération pour semer la confusion dans les
lignes de ravitaillement derrière nos forces de combat. D’où une
sérieuse alerte immédiate. Sur ordre de l’état-major, le 864ème
régiment et la 600ème compagnie maritime avaient été envoyés au camp
pour la sécurité. Les rumeurs d’une attaque de parachutistes
allemands et d’un débarquement en provenance de ce qu’on appelait
les îles « aux vaches » s’étaient répandues. Cette alerte gêna
fortement la construction car les prisonniers de guerre avaient été
consignés dans leurs cellules. La consigne fut levée après que le
ralentissement de la percée des Ardennes, mais le travail de nuit
était interdit. Pour le nouvel an, il n’y eut pas de fête. Un
malheureux incident eut lieu à la St Sylvestre, alors qu’un soldat
déchargeait accidentellement son fusil en l’air, il coupa les fils
électriques du camp américain. Ce qui augmenta la tension.
Durant cette période de tension, il fut décidé qu’un officier du
bataillon serait en poste au quartier général pendant toute la
journée. Par conséquent, Major Nelson, officier commandant et Major
Vaughan se mirent dans les abris pour une période qui s’est
prolongée. Ils restèrent enfermés dans ce trou jusqu’à ce que le
Major Vaughan ait pu creuser un petit abri vers lequel ils se sont
ensuite déplacés.
La percée avait été arrêtée et de nombreux prisonniers capturés. La
zone B du plan était suffisamment avancée pour pouvoir loger des
prisonniers et tous les efforts avaient été concentrés sur la zone
C. Les délais, le travail de nuit et la pression, c’était la
routine. Un jour d’arrêt ou une soirée libre, c’était inconnu. Les
prisonniers continuèrent à arriver par milliers.
Les
premiers bureaux de la prison se trouvaient sous une simple tente.
Tout le travail réalisé par ces bureaux étaient effectués dans cet
espace. En plus, la tente servait de logement aux 4 employées du
service du personnel. Le Major Vaughan, l’officier de la prison
entreprit aussitôt d’ajuster ces moyens matériels à la nécessité
grandissante d’améliorer les conditions de travail. Le bureau de la
prison fut transféré de la petite tente vers une tente pyramidale
tout près. La petite tente fut attribuée au Lt Heck, l’officier du
personnel . Le personnel féminin se déplaça également. Puis une
autre tente pyramidale fut attachée à la petite tente. Ainsi, le
bureau du personnel quadrupla en taille. Lt Heck avait besoin de
plus de place. Le « hub » devait être la cellule centrale
opérationnelle du camp, alors le service de la prison emménagea dans
une tente de type entrepôt et le service du personnel dans 2 tentes
d’hôpital sur le côté. Avec les nouveaux prisonniers qui arrivaient
par milliers et des centaines d’autres qui étaient envoyés vers les
unités opérationnelles, Lt Heck ne pouvait rien faire d’autre que
d’occuper les nouvelles installations quand il a eu un besoin urgent
de place. Grâce à la coopération du Major Groves, du Capitaine
Redman et du Lieutenant Adams, un bâtiment en préfabriqué a été
construit pour abriter les besoins grandissants. Un bâtiment en T a
été construit et très peu de temps après, 2 ailes ont été ajoutées
pour permettre de gérer les prisonniers. A ce moment, le bureau
employait 200 Américains et Allemands. Ce service a été responsable
de la gestion de plus de 80000 prisonniers dans et hors du camp et a
dirigé l’embarquement de plus de 100000 autres. L’administration de
la prison se trouvait dans le bâtiment où la plus étroite
collaboration entre le Major Vaughan et le Lt Heck était possible.
Confronté à un flux continuel de prisonniers entrants et sortants,
on s’est vite rendu compte qu’une cellule centralisatrice était
impérativement nécessaire pour diriger ces opérations. Le site
choisi a été le quartier n° 1. Celui-ci était le plus sale et le
plus infect de tout le camp. La décision fut prise d’abattre et de
reconstruire cet espace pour répondre aux besoins. Rénover ce
quartier était un projet majeur. La boue et le crasse furent
enlevées, on construisit de nouvelles clôtures, un réfectoire pour
3000 prisonniers, des allées et des écoulements et on y mit du
gazon. Le quartier était divisé en 2 sections pour s’occuper à la
fois des embarquements entrants et sortants. En plus, on y
construisit ce qu’il était convenu d’appeler, le seul bâtiment
chargé de l’ensemble de la gestion des prisonniers de guerre. Même
si tout autour, il apparaissait un labyrinthe d’allées et de fils
barbelés, le bâtiment et la cour étaient si étendus que les
prisonniers pouvaient être parqués dans un endroit, envoyés dans une
salle pour se déshabiller et où leurs vêtements étaient épouillés ;
dans la pièce suivante, ils prenaient une douche. Dans la suivante,
on pratiquait un examen médical complet du prisonnier et on
complétait son dossier médical et de vaccination. Il était ensuite
envoyé dans une salle d’habillage où ses vêtements épouillés lui
étaient rendus. Alors, à la réserve, on lui remettait chaussures et
vêtements et on complétait les renseignements. Il entrait alors dans
la section de traitement administratif où sa carte d’identité et ses
cartes personnelles étaient mises à jour et sa classe enregistrée
puis au bureau des empreintes digitales où ses empreintes étaient
relevées. Il sortait dans une cour pour se diriger soit vers une
autre partie du quartier n° 1 ou dans un autre, quelque part dans le
camp.
Dès le début de janvier 1945, le Général Aurand, commandant général
de la base de Normandie, dirigeait l’ensemble du travail des
prisonniers de guerre. A l’intérieur de la base, aux unités de
service comme l’ordonnance, le quartier général, le génie était
affectée une organisation du travail des prisonniers, selon leurs
besoins. Des camps devaient organiser ces unités et les préparer
pour qu’elles soient opérationnelles.
Les compagnies de travail des prisonniers étaient au nombre de 250.
En raison de la situation particulière du camp, en relation
jusqu’alors avec le District d’Omaha, 225 compagnies devaient être
approvisionnées par le camp n° 19. Ce qui faisait un total théorique
de 33750 prisonniers. L’inauguration de ce programme, tout en
faisant peser une lourde charge sur le Lt Heck, l’officier du
personnel et son équipe, était l’instrument qui permettait au camp
d’éviter d’être submergé. Quelques 30000 prisonniers ont été «
placés à l’extérieur »
Un jour, pendant la montée en charge de la construction,
l’état-major a reçu un appel disant que le colonel Kuhre aimerait
visiter le camp. Le colonel a été chaleureusement invité. Le colonel
Kuhre, officier commandant le district d’Omaha est arrivé le
lendemain et a passé l’après-midi, les pieds dans la boue à observer
le travail des prisonniers. Puis le colonel a demandé s’il y avait
un inconvénient à le montrer aux commandants de son unité. Le
lendemain, 18 officiers du district d’Omaha vinrent observer les «
chaînes humaines » et l’organisation des prisonniers. L’association
qui venait de commencer avec le District d’Omaha s’est révélée des
plus agréables.
Tant d’activités étaient entreprises simultanément que, fréquemment,
quelques désordres ou des échecs survenaient. Par conséquent, il
devenait indispensable qu’un officier qui supervise le tout avec
tact et imagination soit nommé. Le Lt Whitaker , l’officier du
personnel du camp fut désigné pour régler en douceur, les milliers
de détails qui affectaient le bon déroulement des opérations de
l’organisation. Cet officier était réputé pour avoir évité de
nombreux malentendus qui étaient survenus mais non pour ses qualités
d’habile manager.
Les services du poste dirigés par le capitaine Huntington ne pouvait
aller au-delà. Ce secteur jouait un rôle de plus en plus important
dans la construction du camp. Il comportait à l’origine, 2 petites
tentes et un appentis. Tout le travail de charpente possible y était
réalisé. A mesure que les semaines passaient, il finit par prendre
une place presque aussi grande que le camp d’origine. L’atelier de
charpente occupait un bâtiment de 75X90 pieds (25X30m environ) et il
employait 10 charpentiers. Il y avait 4 forges qui travaillaient 18
heures par jour ; un autre bâtiment de 75X90 abritait les
cordonniers, environ 125 au 1er juillet 1945, avaient
réparé 30629 paires de chaussures. Les tailleurs qui étaient environ
75 confectionnaient, à partir de toile de récupération, des
vêtements convenables pour les prisonniers. L’atelier de peinture
était aussi situé dans cette zone.
Les services ont fabriqué des centaines de bureaux, des chaises, des
tables et tout ce qu’on peut imaginer en bois ; le métier de chacun
était mis à profit pour le développement du camp. Quelques bureaux
et classeurs qui ont été fabriqués dans le camp ont trouvé leur
place dans les alentours et inversement, d’autres qui avaient
sérieusement besoin de réparations y sont entrés. Les produits de la
zone de services étaient si influents en rendant au camp la
possibilité de récupérer de nombreuses baraques des Allemands : des
entrepôts et des installations éparpillées sur la péninsule pour les
utiliser au camp comme poste de garde, infirmerie, théâtre,
boulangerie, réserves ou cuisines pour les différents quartiers ;
tous les bâtiments du camp utilisés par les prisonniers sont de ce
type.
Quelques chiffres
Ont été construits par des charpentiers extérieurs au
camp :
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A mesure que la construction avançait, un programme d’embellissement
était entrepris et mené parallèlement aux autres projets. Ce
programme incluait la création de jardins à la française, de
pelouses, d’ allées et de bancs rustiques, à des endroits appropriés
du camp. Des clôtures de bois rustiques, un poste de garde en
rondins à l’entrée de Broadway et des parterres de fleurs, les
graines ayant été offertes par le colonel Caffey, commandant le
régiment de la « plage », tout contribuait à l’achèvement du
programme. L’érection de 2 mâts pour les drapeaux américain et
français, la construction d’un bassin et enfin, l’érection d’une
statue des plus séduisantes, sculptée par un prisonnier donnèrent
aux quartiers un air de solennité attractive.
A la fin du printemps , il y eut un grand changement de temps en
Normandie. Là où l’hiver, la boue arrivait jusqu’au genou, c’était
maintenant la poussière qui devenait un sérieux problème, les jours
se suivaient et il n’y avait pas de pluie. La source qui
approvisionnait le camp était tombé au-dessous du minimum requis.
Plusieurs études de cartes indiquèrent 2 sources possibles. L’une
était distant d’environ 3 miles et l’autre était à 7 miles.
Le capitaine Finster du 605ème bataillon était chargé de
l’installation de l’eau dans le camp. Sa première proposition était
de creuser un réservoir suffisamment grand pour stocker l’eau. Ce
projet était bon et avec un bulldozer et 250 prisonniers, le
capitaine construisit un réservoir capable de contenir plus de
3000000 gallons d’eau (environ 13500 m3). Après avoir obtenu le
matériel nécessaire, une conduite a été passée en direction de la
source éloignée de près de 5 km. En chemin, il trouva une énorme
réserve de 45000 m3 et décida d’utiliser cette eau. Au moment où
j’écris, le problème d’eau a été surmonté et des travaux ont été
exécutés en prévision de futures difficultés.
Le colonel Mc Gowan rendait fréquemment visite au camp au fur et à
mesure que les travaux avançaient. Ses visites étaient toujours les
bienvenues et son aide grandement appréciée. Il semblait que, après
chaque visite du colonel, le nombre de prisonniers grimpait de
quelques milliers. Alors que la capacité prévue à l’origine pour le
camp devait être de 20000 hommes, ce chiffre était considéré comme
normal et on parlait de 30000 en situation critique. La poussée
continuait. Des études constantes, avec à l’esprit l’agrandissement
ultérieur, étaient menées. Le travail avançait. La charge critique
devint la capacité normale et le chiffre de 40000 hommes, le double
de la capacité d’origine, est devenu le niveau à ne pas dépasser.
Un jour, un appel reçu nous informait que le colonel Hoffmann, à la
tête du régiment du district sud et tous les commandants des camps
de la région arriveraient par avion pour visiter le camp. Cela
faisait très plaisir de savoir que l’avancement des travaux méritait
la visite d’un groupe d’officiers.
Bien
que le sujet ne soit pas très agréable, le problème des eaux usées
n’était pas des plus faciles. Les SOP des camps pour prisonniers de
guerre demandaient des fosses septiques. Dans un camp fermé qui
fonctionne en permanence, ce système ne marche pas puisque au bout
d’un moment, tous les espaces possibles sont épuisés. Il a donc été
adopté un système de seaux. Avec l’océan tout près et la marée, une
installation d’évacuation a été mise en place à la plage et elle a
très bien fonctionné depuis le début. Grâce à une citerne bien
adaptée, que quelques soldats avaient surnommée « miel du Chili
», environ 40 tonnes de déchets étaient évacuées tous les jours.
Le problème des eaux usées dans une ville de 50000 habitants était
donc résolu.
Près
de Saint-Sauveur, à environ 15 miles du camp, il y avait une grande
station de pompage. Entassés dans un champ tout près se trouvaient
des milliers de tuyaux de 6 pouces ½ fabriqués par les Anglais. Ces
conduites ne pouvaient servir au système américain en raison de sa
dimension peu courante. Elles nous ont servis très efficacement dans
nombre de cas. Toutes les eaux usées des cuisines et des lavabos
dans tout le camp étaient collectées et évacuées par ces tuyaux. Ils
ont également servi de conduite d’eau vers les tours et ont fait une
excellente clôture pour le camp. Ces vieux tuyaux laissés pour
compte ont rendu service dans de nombreux cas. |

Le réseau des égouts (G.M.) |
Les lignes électriques étaient absolument nécessaires pour le camp
qui se développait. Un générateur diesel de 15 KW avait été livré
mais l’élément de remplacement ne faisait que 5 KW. Celui-ci ne
supporterait pas la charge. La marine éclairait Utah-Beach avec un
poste de 50KW. Comme il était plus facile pour la Marine de déplacer
un poste de 5KW qu’un autre de 50KW, un échange très satisfaisant a
pu être effectué. Plus tard, le besoin de disposer de davantage de
puissance et de lumière, un autre générateur de 50KW a été installé.
Puis, comme le camp se développait, les lignes électriques de
Cherbourg ont été réparées, de nouvelles lignes à partir de Sainte-Mère-l'Eglise sont arrivées au camp, de nouveaux poteaux ont été installés-
là où l’invasion avait détruit les anciens . Finalement, nos deux
postes de 50KW ont tenu bon quand la puissance chutait. A ce
moment-là, une sirène pour avertir des attaques aériennes a été
ajoutée.



Les quantités de nourriture nécessaires pour alimenter une « ville »
de cette taille reste un problème énorme. Afin d'avoir une
autosuffisance autant que cela était possible les prisonniers ont
cultiver leur propres légumes. Des effectifs importants ont été
engagés pour planter sur 40 ha environ. Au début une charrue prêtée
par des paysans du pays tirée par une jeep a été utilisée pour
retourner la terre. Un tracteur prêté par le service des transport
permis de finir le travail. Les carottes, les pommes de terre, les
navets et les haricots ainsi récoltés, permettra de compléter les
rations.
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