Délégation de TOULOUSE TOULOUSE, le 19 septembre 1945
SJ/JC
VISITES DES CAMPS
Depuis longtemps la Délégation de TOULOUSE s'intéresse aux camps qui se trouvent dans la région, soit établis avant l'arrivée des Allemands, soit établis sous inoccupation, soit établis depuis la Libération.
En ce moment-ci, il y a plusieurs camps dans la région de TOULOUSE
- des camps de prisonniers de guerre allemands,
- des camps d’internés civils allemands,
- des camps de rassemblement polonais
- un grand camp d'internés politiques français et espagnols.
Les services que nous pouvons rendre de la part du Secours QUAKER ne sont pas les mêmes dans tous les camps. Mais en général ces services sont de trois catégories :
I°/ - Services matériaux, c'est-à-dire suralimentation, vêtement, etc.
2°/ - Services intellectuels pour l'approvisionnement de livres, matériel de récréation, jeux, etc.
3°/ - Services personnels : correspondance de la part des internés avec la famille, avec les autorités, etc.
Par manque de marchandises, il est bien clair que nous ne pouvons pas donner aux internés et aux prisonniers tout ce qu'ils veulent pour leur vie dans les camps, et par manque de personnel nous ne pouvons pas faire les services personnels que nous voudrions faire pour eux. Nous devons donc décider combien de marchandises, combien de temps, nous pouvons mettre à la disposition du service des visites des camps. Les services personnels ne peuvent pas être bien faits si nous ne pouvons pas faire des visites régulières et fréquentes à chaque camp.
A mon avis, les camps se divisent en trois catégories comme suit :
1°/ - Camps de rassemblement de Polonais (nous croyons que les Russes sont déjà, partis des camps).
Dans ces camps l'état de vie est meilleur en général que dans les autres par ce que nous avons pu voir jusqu’à présent.
Il me semble que notre service par conséquent est très limité et est surtout surveillance et suralimentation; très peu de services intellectuels et pas de services personnels, sauf dans des cas particuliers.
Ces camps contiennent ; hommes, femmes et enfants.
2°/ - Les camps de prisonniers de guerre allemands et d'internés civils allemands.
Les camps de prisonniers de guerre comprennent des hommes de tous âges, même des garçons jeunes et des vieillards, des hommes mutilés à qui il manque une jambe, un bras, même plus d'un membre.
Les camps d’internés civils allemands comprennent des hommes, des femmes et des enfants, y compris des vieillards et des nouveau-nés.
Dans tous ces camps il y a beaucoup de malades et il semblé que notre service est surtout Suralimentation, vestiaire. II-faudrait trouver si possible des livres, des jeux et du matériel de récréation, mais très peu de services directs personnels.
3°/ - Dans une catégorie séparée est le camp de NOE où se trouvent beaucoup de Français, Espagnols et même plusieurs autres nationalités.
Tous les services donnés aux autres camps peuvent bien être donnés ici, mais surtout les services directs personnels semblent très importants. Ces services personnels sont possibles et nécessaires parce que beaucoup de ces gens ont besoin de notre intervention avec les autorités et de correspondre avec leur famille en France.
Dans tous ces camps, surtout dans les camps où il y a des enfants, les besoins en vêtements et surtout en chaussures sont très urgents.
Après le retour de Toot BLEULAND et Hélène ROTT de NEUFVILLE, nous pourrons rendre de plus grands services dans les camps et je voudrais bien avoir des conseils avant de décider combien de vêtements nous pourrons avoir de disponibles pour les camps et combien de temps nous devons y consacrer pour les visites.
Nous avons déjà commencé le système de rapports réguliers après chaque visite et de classement des cas ou nous avons rendu des services personnels»
Stanley JOHNSON
SECOURS QUAKER Toulouse, le 9 janvier 1946 Délégation de Toulouse
VISITES DES CAMPS
1 – RAPPORTS SUR LA PERIODE OCTOBRE6DECEMBRE 1945
Depuis le mois d’octobre la Délégation a pu continuer la visite des camps de tous genres dans la région, malgré beaucoup de difficultés. Avant cette période, les visites étaient devenues moins régulières, à cause du manque de personnel et des transports.
2 - CAMPS SERVIS
Dans la région se trouvaient à cette période:
a) 7 camps de prisonniers de guerre de l’Axe, dont un pour les inaptes au travail et un camp hôpital, l’effectif total se montant à quelques 30000.
b) 2 camps d’Allemands civils, un pour les hommes et femmes, un pour femmes et enfants, même les plus petits, l’effectif total se montant à moins de 700.
c) 2 camps d’internés politiques de toutes nationalités, y compris un certain nombre d’enfants, l’effectif total se montant à plus de 1000 personnes.
d) 5 camps et centres polonais, y compris des enfants, l’effectif total se montant à quelque 1600 personnes.
3 - SERVICE POUR LES PRISONNIERS DE GUERRE
Nous avons fait 24 visites aux camps de prisonniers de guerre, dont 15 pour les camps de malades et d’inaptes. Il y a un camp et 2 hôpitaux que n’ou n’avons pas visité.
Ravitaillement
Au commencement de la période, l’état de santé des prisonniers était très bas. Depuis des mois, les rations étaient tout à fait insuffisantes. Par exemple, dans le camp d’inaptes au travail (y compris des blessés et des tuberculeux) il n’y avait que 965 calories par jour pour chaque homme au mois de septembre. Mi-octobre, les camps ont reçu des quantités importantes de vivres de la Croix-Rouge américaine. Distribués comme suppléments aux rations françaises, ces vivres ont produit des effets immédiats. Mais dans le camp hôpital, les cas d’œdèmes de la faim continuaient et dans deux mois plus de 70 sont décédés sur un effectif de 500. Nous avons décidé que la meilleure façon d’utiliser nos denrées était de donner que pour les grands malades. Le cacao de l’Angleterre, utilisé comme médicament pour ceux qui étaient trop malades pour prendre aucune nourriture, a vraiment sauvé la vie, de beaucoup de malades sans espoir. Les autres denrées, le peu de riz, les fortifiants suisses et la bouillie maltée ont fait un service presque incroyable.
La cessation des denrées américaines fut, heureusement, suivie d’une augmentation des rations officielles françaises, mais dans le camp d’inaptes, les calories distribuées étaient toujours en dessous du minimum. Après une visite par le médecin-chef français, le commandant et l’un de nous, quand nous avons calculé les calories sur place, les rations ont été augmentées et les œdèmes qui ont paru de nouveau, ne se sont pas aggravés. Nous continuons toujours la suralimentation pour des achats de légumes secs pour des camps. Mais la table à la fin de ce rapport montre que les quantités de vivres prélevés sur nos stocks sont insignifiantes.
Vêtements
Les besoins vestimentaires des camps de prisonniers de guerre étaient et restent si grands que c’était bien clair que nous ne pourrions jamais les satisfaire avec les stocks disponibles. En conséquence, nous avons décidé à ne rien donner aux individus. Nous avons donné des chemises en papier aux malades à porter pendant la désinfection de leurs vêtements. Au camp hôpital, nous avons donné 20 chemises de nuit à prêter aux nouveaux arrivés. Nous avons attiré l’attention des commandants de camps et du colonel qui se charge des camps de la région, sur les manques les plus graves. Il y a eu une distribution de sabots dans plusieurs camps de la part de l’Intendance. Presque tout le monde n’a que les vêtements qu’il porte. Par conséquent, le danger d’épidémie est grand. Dans la 18° région qui comprend 2 de ces camps, il y a beaucoup de typhus ; on nous a dit qu’il y avait plus de 30 cas de décès par jour.
Literie
Dans ces camps, il y a beaucoup de prisonniers sans même une seule couverture, et beaucoup couchent sur le plancher. Dans le camp d’inaptes, tous sauf une trentaine, couchaient sur le plancher sans paillasse et même beaucoup sans paille. En face d’une telle situation, nous avons donné une dizaine de couvertures à l’infirmerie, et donner nos vieux ballots vides de vêtements d’outre-mer pour servir comme paillasse ;
Occupations de loisir
Dans tous ces camps il y a le plus grand besoin de livres, matériaux pour écrire, jeux, occupations de loisirs, matériaux pour la réparation des chaussures et de vêtements, instruments musicaux, etc.
Nous avons reçu des jeux de l’Y.M.C.A. et nous avons pu trouver des couleurs et des blocs de papier. Des outils et matériaux de cordonnerie seraient bien utiles. Dans un camp d’inaptes, nous avons pu inaugurer la fabrication de jouets en premier instance pour les enfants allemands internés dans notre région, ensuite pour des enfants des prisonniers de guerre français.
Nous avons demandé et reçu de la CIMADE des nouveaux Testaments en allemand, que nous avons distribué aux camps. Nous avons reçu de nos amis suisses un peu de littérature Quaker en allemand, qui manquait en France et en Angleterre. Celle-ci est très bienvenue aux camps. Nous avons prêté une machine à coudre toute neuve à un camp où elle rend d’énormes services dans un atelier de tailleur.
Correspondances et recherches
Très peu de prisonniers ont des nouvelles de chez eux depuis un an ou même un an et demi. Nous avons essayé de recevoir des nouvelles et des renseignements par l’intermédiaire de la Croix-Rouge internationale, sans beaucoup de succès jusqu’à présent.
Rapatriement
Selon le colonel commandant les camps de la région, on aurait dû rapatrier d’abord les Italiens, puis les Autrichiens, puis les inaptes et malades. Mais rapatriement a été retardé par manque de remplaçants pour les Autrichiens qui étaient en kommandos agricoles ou industriels, etc.par l’attente des commissions qui devaient examiner les dossiers, etc. pour exclure les nazis du rapatriement, par l’amélioration ou l’aggravation de la santé des soi-disant inaptes ou malades. Ceux qui furent choisis pour le rapatriement étaient rassemblés pendant longtemps dans un grand camp, mais finalement le rapatriement a commencé. Les Italiens sont partis, quelques jeunes Hongrois ont été rapatriés et les Autrichiens et quelques inaptes sont rassemblés.
Accès aux camps
Quoique nous visitions les camps dans la 17ème région librement, même circulant sans gardien dans toutes les baraques, nous sommes sans autorisations d’entrer ! Mais que le travail que nous faisons est bienvenu, se voit quand nous disons que nous venons de recevoir de Paris, du général responsable pour tous les camps de prisonniers de guerre en France, une autorisation pour les camps de la 18 ème région, émise sur la recommandation du colonel de la 17ème région.
Travail spirituel et moral
Partout, de la part des prisonniers et de celle de leurs gardiens, nous sommes bienvenus. Un commandant a expliqué que tout ce qui peut remonter le moral est important. Un homme de confiance a dit, à l’occasion d’une fête de Noël, que les quakers leur ont rendu possible de croire au Christ, que nous avons montré un pont de réconciliation entre les peuples ennemis.
Avenir de ce travail
L’avenir des remplaçants pour les Autrichiens avant le départ de ces derniers a augmenté les nombres de prisonniers dans notre région en même temps qu’on réduit le total des prisonniers en France.
L’amélioration du ravitaillement a réduit même la nécessité, des petites quantités de vivres que nous avons données. Si le rationnement à nouveau du pain va changer la situation, nous ne savons pas. Les besoins de vêtements, chaussures et literie sont graves.
Là où les prisonniers travaillent en kommandos, l’ennui ne les attaque pas beaucoup. Mais pour ceux qui sont dans les camps, tout le temps, le moral a besoin d’être soutenu. La chose la plus dure, c’est le manque de correspondance avec les leurs.
Partout, chez les pasteurs, chez les aumôniers, chez les prisonniers, nous croyons qu’il y a un grand travail spirituel et moral à faire, même si tout aide matérielle manque.
Temps demandé
Les visites ont occupé quinze jours entiers pendant le trimestre, plus de temps pour les rapports, correspondance, démarches officielles, etc. Ainsi qu’on peut voir, les camps sont éloignés de Toulouse d’une distance moyenne de 105 km.
4 - SERVICE POUR LES CIVILS ALLEMANDS
Nous avons fait 6 visites aux 2 camps civils arrêtés en Alsace ou à Strasbourg parce ce qu’ils étaient allemands. Ils étaient 1100 au 1er octobre, y compris 150 enfants. Même à notre visite, un peu avant Noël, il y restait 662 en tout, y compris moins de cent enfants. Le commandant d’un de ces camps attend 500 internés d’un camp hors de la région. Si cela arrive, il y aura plus de monde que jamais dans ces deux camps.
Rapatriement
Deux convois, un de Sarrois et un autre pour la zone anglaise, sont déjà partis et ont réduits l’effectif de presque 500.
Ravitaillement
L’état de santé des hommes est toujours bas, et parmi les enfants, il y a une vingtaine de prisonniers atteints de tuberculose. « C’est le ravitaillement » dit le médecin français d’un de ces camps. 60 dont 3 bébés, sont morts dans les 2 camps sur un total de 1100, 1 sur 12 dans un camp en une année ! Dans le camp des femmes et enfants, nous avons donné des denrées pour un goûter, des fortifiants pour les malades. Dans le camp des hommes et des femmes, nous avons donné des fortifiants pour les malades, mais le docteur est si terrorisé par le commandant, qu’il n’en distribue pas assez. Nous avons aussi, mais plus récemment, donné des denrées pour un goûter organisé par la Croix-Rouge française qui ne possède plus de quoi faire un goûter. Si on croit le commandant, aucune suralimentation n’est nécessaire.
Vêtements
Ces gens ont quitté Strasbourg ou l’Alsace, il y un an. Quelques uns ont eu assez de temps pour faire des bagages à main, mais beaucoup n’ont que ce qu’ils portent. Nous n’avons pu satisfaire que moins de la moitié des besoins urgents en chaussures pour les enfants. Nous n’avons presque rien donné aux femmes et rien du tout aux hommes. Les femmes ont tricoté des pullovers avec la laine que nous avons donnée et aussi pour les enfants. On a fait des pantalons et des tabliers de tissu que nous avons donné grâce à une machine à coudre que nous avons prêtée.
Literie
Quand les camps étaient pleins, il y avait un grand manque de couvertures, mais à mesure que les internés sont rapatriés, la question devient moins sérieuse. Si le convoi de 500 arrive en hiver, la situation sera grave.
Instructions des enfants
Jusqu’au mois d’octobre, après dix mois d’internement, il n’y avait pas d’instituteur ou d’institutrice pour les classes. Au mois d’octobre, on a envoyé deux institutrices françaises, ni l’une ni l’autre ne savait un mot d’allemand. Les classes continuant sans livres de texte, sans cahiers ou crayons, sans instruments de musique. Les enfants n’avaient aucun jouet. Nous avons pu faire faire des jouets par des prisonniers de guerre dans le camp des inaptes. Les matières premières pour ces jouets étaient des boîtes à lait vides et des caisses à lait.
Les prisonniers ont également fabriqué des petits livres de contes de fées illustrés. Nous avons donné des jeux de l’Y.M.C.A. Les enfants ne sortent jamais du camp pour faire une promenade, le camp étant entouré d’un mur.
Correspondance
Les internés sont encore sans nouvelles de l’Allemagne même par l’intermédiaire de la Croix-Rouge internationale. Plusieurs femmes savent que leurs maris, anciens prisonniers de guerre en France sont déjà rapatriés. Si le mari se trouve dans un camp et la femme dans l’autre, ils doivent faire toute leur correspondance en français. Nous nous sommes chargés de plusieurs recherches de prisonniers ou de civils parents des internés.
Comme suite à notre demande, le commandant a autorisé les enfants à écrire des lettres en allemand aux prisonniers de guerre qui avaient fabriqués des jouets.
Avenir de ce service
Si le rapatriement de ces Allemands continue comme il faut, le problème de ces camps sera résolu bientôt, à moins que le convoi de 500 internés n’arrive. Si les camps continuent, il y aura du travail en attirant l’attention des autorités aux besoins des enfants à instruire, vêtements, suralimentation, surtout pour les tuberculeux et pré-tuberculeux, en initiant des recherches de familles, en suralimentation pour les malades graves et sous-alimentés.
5 - SERVICE POUR LES INTERNES POLITIQUES
Nous avons fait cinq visites aux deux camps, dont un était fermé. L’effectif du camp de Noé avait commencé à diminuer quand beaucoup des internés français furent emprisonnés, soit libérés. Mais dernièrement, on a fermé beaucoup de camps dans d’autres régions et Noé est devenu un centre de triage où se trouvent les cas les plus difficiles à résoudre.
Ravitaillement
À notre avis, les rations officielles des prisons françaises qui s’appliquent aux camps de cette catégorie, ne sont pas assez pour maintenir une bonne santé. La situation est encore plus grave quand on voit que la direction n’a pas de denrées, comme les pommes de terre à distribuer qui sont la base des rations. Nous attendons avec inquiétude l’effet du rationnement du pain. Nous avons donné à la représentante de la Croix-Rouge française à Noé des fortifiants pour les malades et un peu de denrées pour les colis qu’elle donne aux nécessiteux. Nous n’avons pas donné de colis individuels aux internés. Voici un travail qui doit continuer pour empêcher que l’état de ces malheureux devienne de pire en pire.
Vêtements
Les internés à Noé et surtout les hommes, ont le plus grand besoin de chaussures et de vêtements. Nos visites seraient inutiles si nous ne pouvions satisfaire aux besoins que nous avons constatés. Depuis longtemps, nous n’avons presque rien à distribuer et nous attendons avec impatience l’arrivée des objets de l’armée américaine pour les hommes.
Literie
L’augmentation de l’effectif à Noé n’a pas été accompagné d’une augmentation de la quantité de couvertures, et il u aura de la misère quand il fera froid, parce que les baraques ne sont presque pas chauffées. (10 kg de bois par jour)
Moral et occupations
Il y a un grand besoin de livres, d’instruments de musique, de jeux, d’occupations de loisir et de travail qui peuvent relever le moral des internés qui est très bas. Le représentant de la Croix-Rouge française est une femme tout à fait gentilles et dévouée, qui doit être soutenue autant que possible. Les catholiques ont leur messe régulièrement mais les orthodoxes et les protestants sont toujours sans une visite d’un aumônier ou d’un pasteur. Nous essayons de remédier à ce problème.
Avenir
Il nous paraît que ce camp de Noé va continuer pendant longtemps. Les internés qui sont sans papiers présente un problème soluble seulement par quelque chose analogue au passeport Nansen. Autrement, leur internement peut continuer indéfiniment
L’organisation des camps semble si inflexible que chaque changement d’internés, soit d’effectif, soit de disponibilités de denrées contingentées, soulève de nouveaux problèmes. Nous ne pouvons pas envisager une fermeture prochaine. Par conséquent, nous n’avons pas beaucoup d’espoir de pouvoir diminuer ce travail, même nous n’avons que nous travailler davantage dans toutes les directions.
6 SERVICE POUR LES POLONAIS
Nos visites aux camps des Polonais n’ont pas occupé beaucoup de temps, trois jours pour les six visites indiquées. Il y a trois camps ou centres d’hébergement de familles déportées de Pologne en France par les Allemands, un centre pour les Polonais qui étaient en France avant la guerre, et un orphelinat qui a été jusque récemment, un centre pour ces familles d’émigrés
L’état de ces Polonais est en général bien meilleur que celui de n’importe quel autre camp dans la région.
Ravitaillement
Jusqu’en novembre, ils avaient presque tous, des rations militaires françaises et la ration militaire de tabac. Ceux des camps qui n’ont pas toujours les rations militaires. Ceux des camps qui n’ont pas toujours les rations militaires ont une subvention de 45 francs par personne et par jour. Nous avons constaté que leur ravitaillement est meilleur que celui de la population civile française.
Vêtements
Une mission américaine a distribué des vêtements des vêtements à ces camps et les hébergés les ont vendu au marché noir. Ceci est authentique.
Moral
Quoique les hébergés puissent entrer et sortir librement des camps et qu’ils aient tout gratuitement, ils sont mécontents. Ils se sont servis de leur liberté pour faire de longs voyages pour faire le marché noir. À part peut-être dix pour cent, ils refusent de travailler. Même dans les camps on doit les payer pour tout< ; <ils refusent de travailler. Même dans les camps, on doit les payer même tous les petits services du camp. Ils ont accepté de faire des jouets pour leurs propres enfants si on les payait.
Avenir
Nous ne voulons pas gaspiller notre temps en visitant les Polonais dans les circonstances actuelles, mais si le rapatriement prévu dès le mois d’avril prochain, ne se produit pas, il y aura un grand travail pour quelqu’un qui saura faire travailler ces gens, qui après avoir été déports en famille, ont été gâtés pendant des mois depuis la libération de la France et n’ont pas travaillé depuis plus d’un an.
7 - Résumé de l’avenir du service des camps dans la Délégation
Il est bien clair que nous devons nous attendre que le total des prisonniers de guerre dans notre région ne diminuera pas beaucoup d’ici mars 1946. Également, le total des internés politiques semble monter comme suite à la fermeture des camps dans d’autres régions et leur versement dans Noé. L’effectif actuel de Noé dépasse le total de Noé et Gurs réunis au mois de novembre. Nous espérons voir rapatrier tous les civils allemands et la fermeture de Brens et St-Sulpice, mais il est possible que le convoi de 500 attendu à Brens va modifier cet espoir. L’orphelinat excepté, peut-être le travail pour les Polonais peut être omis et le temps gagné dévoué à Noé et aux kommandos.
Approvisionnements
Il se voit que le montant total des denrées distribuées est moins d’une tonne pour trois mois, excepté les légumes secs achetés pour le compte des camps de P.G. Nous n’envisageons pas une grande augmentation de cette quantité, mais il sera difficile de la diminuer sans cesser notre travail. Nous devons distribuer beaucoup de vêtements et chaussures pour diminuer la misère des internés. Pour les prisonniers de guerre, les besoins sont si grands que nous ne pouvons qu’effleurer le problème.
Travail en général
Il reste toujours le travail important de tacher de relever le moral en donnant du travail, des occupations de loisir ; la stimulation des autorités aux besoins des prisonniers et internés ; les recherches personnelles et les efforts pour la libération des gens oubliés par les autorités.
Transports
Nous avons parcouru en voiture 3600 km dans le trimestre. Le mois de décembre nous a trouvé presque en panne, parce que la Délégation n’avait plus de transports. Nous avons demandé au Siège de nous trouver une voiture pour le service des camps, il y a presque trois mois. A moins que ce travail ne cesse tout à fait, nous soulignons le besoin urgent de transport pour un service humain dans les camps qui sont si loin du centre de Toulouse.
Camps de P.G. : Une distance moyenne de 105 km
Camps de civils allemands de 43 km
Camps d’internement de 37 km
Camps de Polonais de 50 km
Secrétaires
Le manque de secrétaires pendant tout le trimestre, nous a fortement gêné. Nous avons du taper nos propres lettres et rapports au lieu de nous occuper des visites, contacts officiels, etc. La situation au mois de janvier n’est pas encore résolue.
ANNEXES SUR LES VISITES DES CAMPS
Prisonniers de guerre de l’Axe
Effectifs
Nombre de visites
Distance du SQ de Toulouse
Notes
Octobre
Décembre
Oct. - Déc.
Auch (hôpital
Pas encore visité
77 km
Bayonne
3775
3775
1
305 km
Castres
5370
5770
2
80 km
Augmentation
Labouyere
0
225 km
Autorisation reçue
Mauzac (inaptes)
423
406
9
35 km
Diminution
Purpan (malades)
500
330
6
7 km
Diminution
Sables
10000
11000
4
10 km
Augmentation
Vernet (Ariège)
5211
4651
2
75 km
Les effectifs ont augmenté malgré les rapatriements
Denrées distribuées
Savon
6,250 kg
Orge
30 kg
Lait en poudre
6kg
Ovomaltine
62 btes
Cacao
178 kg
Farine
10 kg
Flocons d’avoine
25 kg
Raisins
30 kg
Sucre
13 kg
Germalp
68 btes
Amik
12 kg
Sardines
10 btes
Thon
30 kg
Bouillie maltée
228 btes
Confiture
3 kg
Biomalt
6 btes
16 sous-vêtements ; 6 chemises ; 20 chemises de nuit ; 34 paires de chaussettes en laine (faites par les civils allemands) ; 200 chemises en papier ; fil à coudre ; coton et laine à repriser ; oiseaux et aiguilles ; vieux ballots comme paillasses ; 10 couvertures ; 60 cuirs à rasoirs ; 25 tondeuses ; machine à coudre à titre de prêt ; jeux de l’Y.M.C.A. ; brochures Quaker en français et allemand (de la Suisse) ; nouveaux Testaments (de la CIMADE
CIVILS ALLEMANDS
Effectifs
Nombre de visites
Distance du SQ de Toulouse
Notes
Octobre
Décembre
Oct. - Déc.
Brens (Femmes et enfants)
385
250
4
557 km
Diminution
St-Sulpice (hommes et femmes)
530
412
2
31
Diminution
Denrées distribuées
Savon
5 kg
Riz
3 kg
Lait en poudre
6 kg
Ovomaltine
60 btes
Cacao
53 kg
Flocons d’avoine
100 kg
Raisins
53 kg
Bouillie maltée
228 btes
Germalp
50 btes
Lait en poudre
26 kg
Sardines
12 btes
10 kg de laine à tricoter ; 20 m de tissus ; 38 paires de chaussures ; 58 vêtements femme ; 62 barres de chocolat (de la Croix-Rouge américaine); Nouveaux Testaments en allemand de la CIMADE ; 120 jouets fabriqués par les prisonniers de guerre ; une machine à coudre à titre de prêt.
INTERNES POLITIQUES
Effectifs
Nombre de visites
Distance du SQ de Toulouse
Notes
Octobre
Décembre
Oct. - Déc.
Gurs
324
0
1
242
fermé
Noé
830
1100
4
37
Augmentation
Denrées distribuées
Savon
4 kg
Ovomaltine
80 btes
Pâtes
25 kg
Bouillie maltée
33 btes
Flocons d’avoine
100 kg
Germalp
90 btes
Sardines (125 g)
50 btes
Barres de chocolat
72
146 vêtements et 24 paires de chaussures pour les femmes
POLONAIS
Effectifs
Nombre de visites
Distance du SQ de Toulouse
Notes
Octobre
Décembre
Oct. - Déc.
L’Isle-Jourdain
127
127
1
33 km
Lisle-sur-Tarn
249
249
1
45 km
Mauvezin
441
441
1
57 km
Rabastens
683
683
2
39 km
Salies-Du-Salat
92
92
2
75 km
Déportés en familles
Émigrés en France avant la guerre
Autrefois pour des déportés en famille, maintenant devenu orphelinat. Les effectifs ont augmenté malgré les rapatriements
Denrées distribuées
Savon
4,5 kg
Ovomaltine
4 btes
Cacao
7 kg
Ciseaux ; aiguilles ; fil à coudre ; coton à repriser, jeux; jeux de l’Y.M.C.A.V - TOTAL (Pour le service des camps dans la période : 923 kg
Savon
19,750 kg
Orge perlé
30 kg
Lait en poudre
32kg
Ovomaltine
206 btes
Cacao
263 kg
Farine
10 kg
Pâtes
50 kg
Germalp
198 btes
Flocons d’avoine
225 kg
Raisins secs
35 kg
Sucre
13 kg
Germalp
68 btes
Bouillie maltée
367 btes
Sardines (125g)
72 btes
Vêtements : 193 ; 34 paires de chaussettes faites dans les camps ; 62 paires de chaussures ; 3 lavettes
VI - DISTANTES PARCOURUES
Octobre 1742 km (après le 8 octobre seulement)
Novembre 1202 (un mois normal)
Décembre 679 (Distance réduite par manque de voiture
et absence de personnel)Soit une moyenne de 1208 km par mois.
C BLEULAND Stanley JOHNSON
Déléguée Délégué
Source: American Friends Service Committee Records Relating to Humanitarian Work in France, 1933-1950.
Séries II TOULOUSE OFFICE. Sub-series: REPORTS Box 26 Folder 16-29. American Friends Service Committee 1501 Cherry Street Philadelphia, PA 19102
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