CAMP D’HEBERGEMENT POLONAIS DE L’ISLE-JOURDAIN


 Rapports de visite du secours Quaker de Toulouse

 

Secours Quaker                                                                                                           le 13 décembre 1945
Délégation de Toulouse
BO/-MLF

CAMP D’HEBERGEMENT POLONAIS DE L’ISLE-JOURDAIN

Visite de Stanley Johnson et Toot Bleuland le 27 novembre 1945.

Directeur français : M. ASSELIN ; Directeur polonais : .M. DZWONEK

C'était notre première visite à ce camp et nous avons été très aimablement reçu par le secrétaire-comptable polonais : M. E. MAJEWIC, en l’absence de M. ASSELIN et de M. DZWONEK.

Effectif

Le nombre total des personnes se monte à 127 et se compose de la façon suivante :

- Hommes………49
- Femmes ........... 38

- Enfants 0-3 ……3

- 3-7…………… 6

- 7-14………….18
- 14-18…… …..13

II n'y a pas d'orphelins parmi les enfants.

L’âge moyen pour les adultes de 50 ans. La plupart sont des vieillards malades et inaptes.

Le plus âgé est un homme de 67 ans et il y a une dizaine de personnes de 65 ans environ.

Une femme avec son enfant de 6 ans, montre des troubles mentaux et elle souffre d’un eczéma depuis 10 ans.

Infirmerie

L'infirmerie ne fonctionne pas puisque les malades sont tous envoyé à l’hôpital d’Auch ou de Toulouse.

Le médecin est an médecin français de l’Isle-Jourdain : le docteur BERNADET qui vient régulièrement et est payé par la Croix-Rouge polonaise.

Rations civiles

Depuis le 1er novembre les hébergés touchent pour le ravitaillement et le tabac, les rations civiles.

Ravitaillement


Depuis 3 semaines il n’y a pas eu de pommes de terre, mais on donne chaque jour des haricots dont il y a un stock de 200 à 300 kg.

Viande

Le camp touche 40 kg de viande par semaine et on peut en donner 4 à 5 fois par semaine aux hébergés -400 g par semaine)

Lait

Chaque mère va chercher elle-même le lait en ville ou chez les fermiers. Le camp donne ¼ de litre de lait pour chaque enfant de 0 à 6 ans.

Rapatriement Il a été remis jusqu’au printemps.

Repas

Les repas sont préparés à la cuisine et chaque famille vient le chercher pour le manger chez eux. Il n’y a doc pas de réfectoire. Par personne ils ont 100 à 120 g de légumes secs.

Bois

Le bois est cherché à 75 km du camp, est payé par la Croix-Rouge polonaise.  

Finances

Le directeur touche 25 francs par personne par le Ministère du Travail plus 4,50 francs de la Croix-Rouge polonaise soit au total 29,50 francs.

Après déduction faite pour le personnel de la cuisine et le bois, il reste pour nourrir chaque hébergé une somme de 25 francs, environ.

17 personnes sont payées officiellement par le camp, soit un total de 20000 francs par mois. 6 sont payés par la Croix-Rouge polonaise, 3 travaillent à la cuisine, 2 sont employés pour les réparations et une pour la galerie d’enfants

Les mères avec enfants inaptes et malades touchent un argent de poche de 100 à 400 francs par mois de la Croix-Rouge polonaise, soit un total de 3500 francs pour le camp.

4 à 5 hommes et 3 à 4 femmes travaillent occasionnellement en ville. Il y a plus de 10% d’invalides et de vieillards.

Bibliothèque

Le camp a une bibliothèque mais celle-ci depuis 5 mois a été envoyée à Paris. Maintenant, il n’y a que 150 livres (dont 30 en polonais) au camp.

La moitié d’une des baraques a été installé comme foyer ; les hébergés y ont fait une petite scène et il y a un poste de T.S.F. et sert également comme classe d’école. L’autre moitié est réservée aux célibataires.

École

II n'y a pas d'instituteur mais la Croix-Rouge polonaise en a promis un puisqu’il y a maintenant 40 enfants.

2 adolescents sont comme apprentis dans un garage, 3 jeunes filles suivent des cours de sténo en ville, une quatrième aide à la cuisine.

Personnes détachées

7 personnes malades (pulmonaires) et quelques mères avec enfants bien qu’appartenant au centre ; demeurent en ville et elles ont le droit d’entrer au centre si nécessaire. Leur loyer en ville est payé par la Croix-Rouge polonaise. La plupart viennent chercher leur repas au centre. Il n'y a un cas compliqué où le père n’appartenant pas au centre, reçoit de l’argent de la Croix-Rouge polonaise, la mère et les enfants appartiennent au centre.

2 personnes paient leur propre loyer puisqu’elles ne veulent pas habiter les baraques.

Baraques Sur les 15 baraques du camp, 9 sont occupées par le centre. Les baraques sont divisées en box qui sont séparés par des cloisons en bois, qui ne montent pas jusqu’en haut (une hauteur de 2,50 m environ. Chaque box a un petit poêle et 5 kg de bois par personne et par jour. Chez les plus aisés, les box sont assez bien tenus et arrangés et, en général, assez propres. Une vingtaines de personnes logent par baraque. Nous avons visité plusieurs de ces chambrettes où, à cause de la chaleur, la mère couche avec ses deux fils de 6 et 12 ans, dans un lit. Sur un côté de la baraque, 4 lavabos à l’eau froide sont installés.

Vermine

On peut dire en général qu'il n’y en pas. Seulement, quelques baraques en ont.

Population

Presque tous les Polonais qui sont au camp sont de la « vieille émigration » depuis 15 ou 20 ans en France. Il n’y a pas mal de misère parmi eux. La cuisinière a une fille de 18 ans qui depuis l’âge de 6 mois est paralysée, elle ne peut parler, mais comprend tout. Elle est toujours contente et s’exprime en riant et en tapant d’une main déformée sur le lit. Une autre femme qui a été arrêtée en 1939, a été arrêtée au camp des Rieucros dans la Lozère et ensuite au camp de Brens et a eu aux camps sont pied gauche déformé par les rhumatismes. Le docteur lui a déclaré qu’il n’y plus rien à faire, qu’elle aurait du être soignée bien plus tôt.

Croix-Rouge polonaise

Pendant notre visite au camp, le représentant de la Croix-Rouge polonaise de Paris, M. REMBOWSKI, qui s’occupe tout spécialement de la question culturelle (école, foyer etc. ;) est arrivé. M. REMBOWSKI a tenu à nous remercier pour ce que les Quaker avaient fait pour lui lorsqu’il fut otage à Romainville. Les colis y étaient très appréciés.

Il a profité de la camionnette pour aller avec nous au camp polonais de Mauvezin.

Cordonnerie et atelier de tailleur

Ces artisans sont installés et travaillent pour leur propre compte.

Impression générale :

Le camp ne fait pas une trop mauvaise impression et l’état sanitaire est assez bon.

Stanley Johnson                               Toot Bleuland
Délégué                                          
Déléguée

 

Source: American Friends Service Committee Records Relating to Humanitarian Work in France, 1933-1950.

Séries II TOULOUSE OFFICE. Sub-series: REPORTS Box 26 Folder 17. American Friends Service Committee 1501 Cherry Street Philadelphia, PA 19102

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