PRISON MILITAIRE FOURGOL

 Rapports de visite du secours Quaker de Toulouse 

 

SECOURS QUAKER                                                 Toulouse, le 7 novembre 1945

 Délégation de Toulouse

PRISON MILITAIRE FOURGOL

Le mardi 30 octobre, j'ai fait ma première visite à la prison militaire Fourgol, ayant obtenu du colonel BAURES, commandant d'armes de la Place de Toulouse, l'autorisation nécessaire.

Les locaux n'ont pas changé de places pendant mes trois mois d'absence, quoique que l'extérieur ait été repeint à neuf. À l'intérieur ce sont toujours les mêmes salles dégoûtantes, surpeuplées, aux conditions hygiéniques déplorables.

II y a en effet, dans chaque salle, 30 à 50 individus et une tinette plus ou moins hermétiquement close qui est vidée toutes les 24 heures.

Cette prison, qui était déjà insuffisante pour les besoins de la ville, reçoit maintenant tous les détenus de la région de Montpellier qui vient d'être administrativement supprimée.

Nous avons trouvé 171 détenus dont un Allemand condamné à mort et 3 autres en cellules.

Dans le nombre il y a 73 Allemands attendant leur jugement. Ils sont d'une maigreur extrême, très insuffisamment vêtus et 57 d'entre eux avaient un besoin urgent de vêtements que nous nous efforcerons de satisfaire avec l'aide de la Croix-Rouge française.

Mercredi matin nous leur apporterons :

- 6 paires de pantalons
- 20 " de chaussures
- 43 " de chaussettes
- 22 caleçons
- 1 lot de mercerie (fil, laine, boutons...)

La Croix-Rouge fournira:

- 23 chemises
- 20 paires de chaussures
- 27 serviettes
- 37 mouchoirs

Le soir même de notre visite, nous leur avons envoyé 75 gilets de papier (don Suédois), afin de leur permettre de laver le linge qu'ils ont sur eux.

Aujourd’hui: 5 novembre, nous allons essayer d’obtenir l'autorisation; le pénétrer à l’infirmerie avec 2 boîtes de D.D.T afin de procéder à un dépouillage systématique des prisonniers.

Au point de vue alimentaire, la ration est de 400 g de pain pour la journée, café à l'eau le matin: à midi, soupe très liquide) une louche de pois secs, le soir; soupe et un morceau de cervelas.

Cette ration n'est pas suffisante, même comme ration l'entretien.

En plus des prisonniers allemands, il y a des prisonniers militaires français attendant de passer en jugement et ils ont l'air moins misérables étant là depuis moins longtemps.

Nous avons pris les noms et adresses d'un certain nombre de familles, afin de pouvoir entrer en contact avec elles pour aider au mieux quelques détenus.

Nous espérons pouvoir visiter cette prison une fois par semaine régulièrement.

H. HOTT de NEUFVILLE

Déléguée

 

 

Source: American Friends Service Committee Records Relating to Humanitarian Work in France, 1933-1950.

Séries II TOULOUSE OFFICE. Sub-series: REPORTS Box 26 Folder 16-29. American Friends Service Committee 1501 Cherry Street Philadelphia, PA 19102

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