Délégation de TOULOUSE TOULOUSE, le 17 octobre 1945.
TB/ML
CAMP de BRENS (Tarn)
(Rapport d’une visite faite le 19 Septembre 1945 par Margaret de SCHEINITZ et Stanley JOHNSON)
Ravitaillement
Lait : Il y a assez de lait pour les enfants et un peu pour les femmes.
Pommes de terre: Elles n'existent point, autrement. Les rations seraient comme pour les civils français.
Les internés se plaignent d'avoir toujours faim et pleurent continuellement du manque de nourriture. Une femme a dit qu'elle avait perdu 58 livres.
Suralimentation
Le commandant a placé celles des femmes qui ont le plus grand besoin dans une baraque à part appelée l'annexe de l'infirmerie. Ces femmes reçoivent un supplément d'alimentation.
Tous les matins un goûter de pâtes cuites à l'eau est servi aux enfants par une jeune assistante de la Croix-Rouge française LOUPIAS, qui réside dans le camp. Elle se charge de toute l'alimentation supplémentaire, vitamines, etc., sous les ordres du médecin. Les cas déficients reçoivent un peu d'huile de la Croix-Rouge française.
École
II y a deux institutrices françaises dont l'une, Mademoiselle ANDRIEU, a passé 5 ans à NOE; elles se chargent de l'école. Malheureusement ni l'une ni l'autre ne parlent allemand et travaillent le dictionnaire à la main. Les cours suivants sont donnés : cours ABC, le chant, la poésie, les premières opérations etc. leçons de politesse et d'ordre.
Une jeune allemande se charge des tout-petits.Il n'y avait point de jeux ou de matériels de classe. Nous nous demandons si la Croix-Rouge, à qui on a fait une demande, donnera quelques livres. Ce qui pourrait se trouver en fait de cahiers, crayons, couleurs, livres de chants allemands et français serait de la plus grande utilité.
Les âges des enfants à l'école sont :
11 .garçons et 12 filles de 12 à 14 ans
20 garçons et If filles de 10 à 12 ans
19 garçons et 22 filles de 3 à 10 ansC'est-à-dire 98 enfants.
Vêtements
Il y a le plus grand besoin de chaussures et beaucoup d'enfants vont pieds nus ou portent des sandales minces, à semelles déchirées.
Tout le monde a une seule couverture qui est suffisante pendant le mois de septembre mais qui ne suffira point pendant l’hiver.
Chauffage. -
II y a des poêles dans les baraques et le commandant nous a dit qu'il y avait assez de bois disponible.
Eau
II y a de l'eau du Tarn, d'un réservoir et d'une pompe.
Santé
Tout le monde prend une douche chaude le samedi matin.
Nous n'avons pas pu voir le docteur CARRIERE, médecin subventionné pour le service des camps. Il fait une visite journalière, d'habitude de 11 heures à midi tous les matins, mais, le jour de notre visite il était retardé et n'était pas arrivé à midi.
Dans l'infirmerie il y a 16 femmes dont quelques unes étaient faibles. Au début il y a eu quelques décès, mais on a pu améliorer l'état physique. Il faudrait pouvoir les suralimenter davantage et les remonter. L'état moral est nerveux. La nostalgie, le découragement semblaient aggraver l'état physique, nous avons vu pas mal de pleurs et entendu beaucoup de plaintes.
Communications avec l'extérieur :
Tous les mois chaque interné a le droit à une lettre de 25 lignes et à une carte postale de 7 lignes.
Le commandant lui-même envoie des lettres et reçoit des réponses, Pour les recherches de familles etc. Il a recours à la Croix-Rouge Internationale.
Jusqu'à présent la correspondance entre les internés et l'Allemagne n'existe qu'avec le territoire occupé par la France.
Moral
Nous avons remarqué l'indignation contre la prolongation d'internement de ces femmes surtout, leurs plaintes contre le manque de vêtements et de vivres. C'est encore plus difficile pour elles quand elles entendent dire que des prisonniers de guerre, c'est à dira des soldats ont été déjà rapatriés.
Matériaux laissés dans le.camp:
Nous avons laissé :
Vivres, etc.
50 kg de pâtes, 25 kg de flocons d'avoine, 25 boîtes d'0Vomaltine, 12 tétines
Jeux : Dons de l'Union chrétienne de jeunes gens
1 boîte A.K. , 1 ballon de football, 1 vessie, quelques livres Allemands, etc.
BESOINS URGENTS
1 _ Chaussures de pointures diverses pour les enfants d'âge scolaire.
Est-ce que nous pouvons donner par exemple 12 paires.
2 - Couvertures, Est-ce qu'il y en a de trop à Noé qui est à moitié vide, ou est-ce que nous pouvons en envoyer comme prêts ?
3 -. Matériaux de classe. Comme susmentionnés.
Stanley Jonhson
délégué
SECOURS QUAKER Toulouse, le 2 novembre 1945
Délégation de Toulouse
Camp de BRENS
Visite de Stanley Johnson et de Toot Bleuland le 25 octobre 1945
Le but de notre visite cette fois-ci, fut pour une distribution de chaussures et vêtements pour les enfants. Cependant, puisque nous sommes arrivés que vers midi, nous avons d’abord visité la cuisine où on était en train de distribuer la soupe dans les marmites pour les différentes baraques. En général, le ravitaillement a augmenté, grâce à des pommes de terre que le commandant a pu acheter dans le Tarn.
Ravitaillement
Les rations mensuelles sont :
15 kg de pommes de terre par personne
1 kg de légumes secs
350 gr de matières grasses
500 gr de sucreLa ration de pain journalière est de 350 grammes et 250 grammes de viande par semaine. Le commandant a 21 francs par jour et par personne, mais les dépasse légèrement en général.
Les enfants touchent du lait frais selon leur catégorie jusqu’à 5 ans et en plus, le camp vient de recevoir 9 caisses de lait concentré ou 432 boîtes.
Cuisine
Ainsi que mentionné plus haut, nous avons visité la cuisine à midi. Il y avait une soupe aux choux et pommes de terre fait d’un bouillon de viande d'un goût excellent avec de l'huile comme matière grasse. Ils ont chacun 2 louches de soupe pour le déjeuner, ce qui doit représenter un quart de litre par louche. Celles qui aident à la cuisine ont une louche de supplément.
Magasins.-
Nous avons visité également le magasin qui avait un certain de légumes secs et de pâtes, et de cacao pour les J2 et J3, farine lactée pour les bébés, pruneaux en conserves et de la confiture.
Dans un autre magasin il y avait les légumes frais, surtout des choux, les pommes de terre et un certain nombre de courtes, quelques oignons, des sacs de lentilles et farines de pois.
Baraques.-
Après la visite de la cuisine, nous sommes entrés dans une baraque où il y avait 35 femmes, dont quelques unes avec leurs enfants de bas âge ou les fillettes.- Les bébés sont dans la maternité et les garçons dans une baraque à part.
Après chaque 2 lits, qui sont assez espacés, il y a une cloison en bois. Au dessus des lits il y a une planchette pour servir de petite armoire.- Chaque box est nettoyé par ses habitantes diverses.- Les baraques sont claires et propres mais avec beaucoup de punaises.- Chaque internée a couverture du camp, plus leurs propres affaires.
Plusieurs personnes étaient couchées avec des troubles intestinaux dus à trop de choux.- En effet, depuis 10 Jours, le menu de midi et du soir consiste en soupe aux choux, qui, entre parenthèse, était bien plus claire dans les baraques qu'à la cuisine.
Rapatriement
Un premier convoi de Sarroises a quitté le camp il n'y a pas longtemps et un deuxième transport de 91 personnes devrait se faire, dont environ 6 enfants. Ils sont d'abord sous l'escorte de quelques gardiens du camp à Pithiviers où il y a un camp de rassemblement.Écoles.
L'après-midi, nous sommes revenus pour la distribution de chaussures, qui se faisait dans la baraque qui servait provisoirement de classe pour les plus petits. Dans un coin de la baraque étant prise par des lits en fer. Les enfants par le beau temps restent dehors. Comme il n’y a pas de cahiers, ni ardoises, ni crayons ou autre matériel, les institutrices font chanter les enfants ou leur apprennent des jeux. L'institutrice est française et ne parle pas un mot d'allemand. Elle a été avant 1943 au camp de Noé pour instruire les enfants du camp. Elle est secondée par une jeune institutrice allemande qui fait l’interprète en même temps.
La classe se fait de 9 h à 11h20 et de 2h à 6h, mais lorsque nous sommes arrivés à. 14h30 l'école n'avait pas encore commencé.
Pour la classe des plus âgés, la question de cahiers, est tout aussi grave, en autres mots, les cahiers n'existent pas du tout.
Distribution de chaussures.
Nous avions apporté 36 paires de chaussures, le maximum que nous avons cru pouvoir donner au camp sur le total de 200 paires de chaussures d'enfants dans notre vestiaire. Lorsque les petits sont entrés, la plupart pieds nus ou avec des chaussures complètement usagées, nous nous trouvions presque paralysés. Nous avons choisi ceux qui manquaient complètement de chaussures. Ceci ne fut pas sans peine, car malgré cela il restait beaucoup d’enfants sans chaussures et qui en avaient grand besoin. Des plus petits nous avons pris les mesures pour tâcher de leur en trouver encore au vestiaire.
On peut dire que 90 enfants avaient besoin de chaussures et nous n’en avions que pour 36. Cela nous crevait le cœur de devoir les renvoyer.
Cette distribution a duré plus de deux heures et demie et nous avons décidé de demander une liste des enfants les plus nécessiteux pour les vêtements et de reprendre les vêtements avec nous pour une distribution ultérieure.|
Avec les institutrices françaises et allemandes nous avons convenu de leur laisser les 5 kg de laine et les 24 aiguilles à tricoter pour bas et pull-overs, et 20 mètres de tissu pour pantalon et tabliers avec l’assistante sociale de la Croix-Rouge française, afin qu’elles s’arrangent avec les femmes pour tricoter tout cela et nous faire voir les vêtements tricotés par elles à notre prochaine visite.
Goûters
Après la distribution de chaussures, nous avons visité mademoiselle Louplas de la Croix-Rouge française qui s'occupe des goûters pour 300 rations par jour (femmes et enfants) et de l’Infirmerie.
Ces goûters consistent en pâtes surtout, puisque la Croix-Rouge n'a que peu de choses.
20 enfants sont atteints de tuberculose assez avancée.
Chaque enfant et femme qui touchent les goûters les ont 3 fois par semaine.
Nous avons arrangé avec Melle Loupias qu'elle donne tous les jours les denrées que nous lui avons laissé, notamment, au cacao et de la bouillie maltée, et qu'elle nous donnera une liste avec le nombre de rations qu'elle aura ainsi distribué de ces deux denrées.
Infirmerie.
II n'y avait que peu de femmes dans l’infirmerie. Une maman de 12 enfants était là avec une pleurésie sèche qu’elle avait pour la deuxième fois au camp. D’autres avaient des troubles intestinaux.
Le médecin qui est chargé de venir chaque jour de 11h à midi, n'est pas venu au tout ce jour là.
Il y avait 10 bébés dans la maternité avec leurs mamans. Récemment il y eu 3 décès parmi les bébés par la diarrhée verte. Il n’y a plus de riz et presque plus de flocons d’avoine pour ces maladies. Les bébés en général, avaient l’air bien portant. Ils sont dehors presque tout le temps quand il fait beau et ils étaient tous magnifiquement bronzés. Un bébé de 11 semaines cependant souffrait de la gale.
Le mardi, samedi et dimanche, l’aumônier catholique vient de Gaillac.
Laissé au Camp.
1 caisse de cacao, 1 caisse de bouillie maltée, 20 boîte d’Ovomaltine, 20 boîtes de Germalp, 6 morceaux de savon de 250 g, 1 machine à coudre (à titre de prêt), 6 bobines de coton à repriser, 12 bobines de fil, 6 paquets d’aiguilles, 2 paires de ciseaux, 5kg de laine, 20 m de tissu, 24 aiguilles à tricoter.
C BLEULAND Stanley JOHNSON
Déléguée Délégué
Source: American Friends Service Committee Records Relating to Humanitarian Work in France, 1933-1950.
Séries II TOULOUSE OFFICE. Sub-series: REPORTS Box 26 Folder 16-29. American Friends Service Committee 1501 Cherry Street Philadelphia, PA 19102
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