L'alimentation dans les camps de prisonniers et dans les commandos de travail
Extrait de l'étude du Docteur Leray)
Pour enrichir la mémoire du passé, le groupe .G.A. de l'Université du Temps Libre de Bretagne recherche de nouveaux témoignages des P .G.A. eux-mêmes, ou en rapport avec les P.G.A. d'une manière générale, se rapportant à la capture, à la vie dans les camps à la garde des prisonniers, à l'aspect sanitaire, à la mortalité, au déminage, au travail, aux traces laissées par les PGA : tableaux, peintures, écrits, correspondances personnelles, à leur retour au pays, aux difficultés de réinsertion etc... (A l'inverse, nous recueillons également les mêmes informations sur les P.G. français et la Résistance en Bretagne
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La pénurie alimentaire des zones occidentales allemandes fut la principale source de misère entre 1945 et 1949.
BARKET Denis GRESS David-R - : Histoire de l'Allemagne (Robert Laffont)
"Les mauvaises récoltes dues à la sécheresse frappent toute l'Europe en 1946-1947.
Le rationnement du pain inconnue en Angleterre pendant toute la guerre, y fut introduit en 1947.
Alors qu'en 1936, la Société des Nations avait officiellement fixé à 3.000 calories, la ration alimentaire quotidienne normale par tête., les Britanniques s'arrêtent à 1.150 calories dans leur zones d'occupation.
Dans la ville d'Essen, en juillet 1945, la ration quotidienne par adulte était de 700 à 800 calories par jour, et les plus chanceux touchaient 2 morceaux de pain, une cuillerée à soupe de lait et 8 petites pommes de terre.
Au milieu de 1946, le poids moyen des hommes en zone américaine où la nourriture était la plus abondante était de 51 kg...
...La ration moyenne de 1.400 calories par jour en vigueur dans la zone britanniques était inférieure de moitié à celle dont on disposait en Grande Bretagne. et était considérée à juste titre comme à peine suffisante pour maintenir en vie des individus qui n'avaient pas de travail à accomplir..
Le taux de mortalité infantile à Berlin, pendant l'été 1945, atteignit 60 pour mille alors que 40 ans plus tard, la moyenne dans les pays industrialisés était de 9 à 12 pour 1.000.
Tous les Allemands valides étaient réquisitionnés pour des travaux de toutes sortes. On se trouvera rapidement devant un grave problème de main-d'œuvre, en raison de l'état d'épuisement et de faiblesse et leur interdisait tout travail pénible et prolongé."
Témoignage de Monsieur Machard
Le manque de nourriture était en effet un problème crucial. Il a pu y avoir de la part des gardiens, mais certainement très rarement, et par vengeance, la volonté de faire mourir de faim leurs prisonniers, mais lorsqu'il y a disette, voire famine, chez les prisonniers, c'est qu'aussi la puissance détentrice est elle-même en situation alimentaire de manque.
La C.I.C.R. envoyait des colis, mais parfois ceux-ci arrivaient diminués de leur contenu. Dans les lettres des anciens P.G.A., dans les compte-rendus de la Croix Rouge, le leitmotiv est toujours le même : sous alimentation et parfois même famine.
Voici un menu journalier décrit dans une lettre par M. Fusshöller, ancien PGA "le ravitaillement était limité comme suit : le matin : du café fort, le midi une louche d'une soupe faite avec de l'eau dans laquelle flottaient quelques feuilles de choux, ou pour changer quelques carottes , et le soir occasionnellement un peu de pain. La faim dans tout le camp devenait si insupportable que le dernier brin d'herbe et même de mauvaise herbe était arraché et dévoré"
Il y eut une amélioration générale dans l'état sanitaire, lorsque des portions supplémentaires ont été accordées, se composant de 70 à 80 biscuits et de 3 ou 4 oeufs hebdomadaires, pour chaque homme. La ration calorique n'était pas identique d'un camp à l'autre. Ainsi dans le camp 1101, les prisonniers reçoivent 1.800 calories par jour. Dans le camp de la Motte (annexe du camp 1101) la ration est de 1.200 calories en mars 1946, alors que dans le camp 1102, les prisonniers qui travaillent perçoivent 2.000 calories/jour et les non-travailleurs 1.850 calories.
Cette alimentation comportait un pourcentage assez important de farine de soja, mal supportée par le tube digestif de ces hommes affaiblis, ce qui déclenchait bon nombre de diarrhées. A partir du moment ou la ration alimentaire a été plus conséquente, il y a eu une nette diminution du nombre de décès.
Témoignage de Mr Sicot infirmier à l'hôpital allemand de la Prévalaye : (Lire)
Voici par exemple un graphique du dépôt 1102, portant sur 20 mois montrant l'effet d'une alimentation améliorée sur l'état de santé des P.G.A. :
L'augmentation des rations en août 1946, passant de 1.400 à 2.000 calories a un effet positif dès le début du mois de septembre 1.945.
L'alimentation dans un commando :(Extrait du document : Les Prisonniers de guerre allemands à Romagné-Le commando 300 de Gilles le Pays du Teilleul)
"Lemployeur est tenu dassurer aux prisonniers une
nourriture suffisante. Lintendance peut fournir des rations de produits
contingentés, sauf du vin. Il appartient à lemployeur de compléter par des
produits en vente libre.
Cest sur place que la mairie se procure la nourriture fournie par les fermiers, qui sont payés pour ces fournitures: Pommes de terre, beurre, ufs, viande de veau, poireaux, haricots, carottes, topinambours, navets, choux, café de jardin, mais aussi de la paille, du bois de chauffage, des fagots, du cidre, parfois des poteaux, des manches doutils, autant de denrées et de matériaux qui sont pris en fermes. Mais les commerçants ne sont pas oubliés : Boulangers, bouchers, poissonniers sont aussi des fournisseurs de la commune, sans oublier les épiciers, chez qui on va acheter poivre, sel, moutarde, fromage, oignons, brosses, une lampe, un thermomètre. |
Ed:15/12/2017