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EVACUATION WILHEMSHAVEN  

La première évacuation du Kommando de Wilhemshaven

Ceux qui partent vers le KL Neuengamme sont ainsi 721 au moins à être rassemblés dans la cour du Fort Hatry les 28 et 29 août 1944. Après avoir été appelés par leurs noms, ils sont dirigés, à pied, vers un train constitué de wagons de marchandises à quai non loin du Fort. Le départ a lieu en fin d’après-midi. Emile Janvier se souvient, qu’après Mulhouse, le convoi passe le Rhin au pont de Chalempé. Après plus de deux jours de voyage, le train arrive en gare de Hambourg, dans un paysage détruit par les bombardements.

Après une trentaine de kilomètres supplémentaires, les déportés arrivent devant le KL Neuengamme. Ils y sont immatriculés dans les séries « 43000 » et « 44000 ».

Dès le début du mois de septembre, près des trois-quarts de ces déportés repartent pour le Kommando de Wilhemshaven situé près de Brême, sur la mer du Nord, qui vient d’être créé pour travailler aux chantiers navals de la ville. A quelques exceptions près, les autres sont envoyés dans différents Kommandos du KL Neuengamme, notamment celui de Watenstedt et ceux d’Hambourg.

On le constate, le taux de mortalité des déportés de ce transport est très important. Il s’explique d’abord par les conditions de vie dans le système concentrationnaire : au moins 17,4% des décédés sont enregistrés entre septembre et décembre 1944 ; 14,2% en janvier 1945 et 16% en février mars 1945. Au moins 30% ont lieu au Kommando de Wilhemshaven, où la grande majorité des déportés de ce transport sont transférés.

Mais ce taux s’explique aussi par l’évacuation effectuée par les Allemands dans les derniers mois de la guerre, devant l’avance alliée : plus de 30% décèdent ainsi en avril 1945.

Le Kommando de Wilhemshaven est par exemple évacué en deux temps.

Le premier débute, le 3 avril 1945, par un transport ferroviaire d’au moins 400 blessés et malades, qui est attaqué le 7 avril par l’aviation alliée en gare de Lunebourg. Les pertes sont terribles, et au moins 60 déportés partis de Belfort y laissent la vie. D’autres sont ensuite exécutés par les SS, alors que les survivants sont conduits en camion au camp de Bergen-Belsen libéré le 15 avril 1945.

Le second, le 5 avril 1945, est formé par le reste des détenus du Kommando qui sont évacués, à pied, pour rejoindre le camp central de Neuengamme, près d’Hambourg. Le lendemain, la colonne arrive au Kommando de Farge, situé près de Brême. Le 10 avril, les déportés reprennent la route et s’arrêtent de nouveau à Hornebourg où ils restent six jours. Le 16 avril 1945, Hambourg est atteint, mais l’évacuation du KL Neuengamme a déjà eu lieu. La colonne prend alors la direction de Sandbostel, l’ancien stalag X B, transformé en lieu de rassemblement des nombreux évacués des Kommandos de Neuengamme.

Les 19 et 20 avril, une sélection est opérée et une partie des déportés partis de Belfort repartent à pied avec d’autres détenus. Ceux qui restent à Sandbostel, sans eau et sans nourriture, doivent attendre d’être libérés le 29 avril 1945 seulement. Au moins 15 de ceux présentés dans cette liste y décèdent. Ceux qui reprennent la route sont dirigés vers le port de Stade où la colonne se sépare. Une partie prend, en train, la direction de Neustadt pour être embarquée dans trois navires mouillant en rade de ce port : le « Cap Arcona », « le Thielbeck » et « l’Athen ». L’aviation britannique, prenant ces bateaux pour des transports militaires, les attaque, coule les deux premiers, tuant ainsi des milliers de détenus. Les survivants sont pris en charge par les Britanniques qui les ont libérés. L’autre partie de ceux arrivés à Stade, en provenance de Sandbostel, est embarquée sur une péniche charbonnière, «l’Olga-Siemers» : ce groupe remonte le canal de Kiel vers la mer Baltique pour être ensuite emmené, sur le cargo «Rheinberg», vers la baie de Flensburg qu’il atteint le 1er ou le 2 mai 1945. Pour ces détenus, l’évacuation s’arrête là, dans des conditions de détention catastrophiques, sans eau ni nourriture, mais leur libération n’a lieu que le 10 mai 1945, soit deux jours après la capitulation de l’Allemagne."

Thomas Fontaine, Guillaume Quesnée

Source: Le mémorial des déportés de France. Tome III page 257