Bergen
est une petite ville située dans la Lüneburger Heide, à 100 km au sud-ouest
de Hambourg et à 65 km au nord-est de Hanovre. La route qui conduit à
Hanovre passe par Belsen, ville où a été édifiée un camp de prisonniers de
guerre lors de la Première Guerre mondiale. En 1941, ce camp reconstruit par
des prisonniers
de guerre français est d’abord réservé aux prisonniers russes. C’est en
avril 1943 que le camp de Bergen-Belsen est mis à la disposition de la SS et
devient un KL. On y construit alors un crématoire et les prisonniers
de guerre sont évacués vers d’autres camps.
Le KL Bergen-Belsen est d’abord un camp d’hébergement dans lequel sont
internés des Juifs « protégés » que les nazis envisagent d’échanger contre
des Allemands prisonniers des Alliés. Puis, en mars 1944, il devient un «
camp de repos » chargé d’accueillir les détenus des autres KL malades,
épuisés ou trop âgés, et qui ne sont plus capables de travailler.
Si aucun transport de déports arrêtés par mesures de répression ne part de
France à destination de ce KL, beaucoup de Français déportés dans les
principaux camps de concentration y sont envoyés mourir. Ce sont en
particulier les Français transférés de Buchenwald vers Dora à partir de
septembre 1943, dont le premier
transport de malades arrive le 27 mars 1944 à Bergen-Belsen, comprenant 200
Français. De nouveaux convois suivent régulièrement tous les quinze jours :
à nouveau de Dora en mai, de Sachsenhausen en juillet, de Neuengamme en août
et de Buchenwald en décembre 1944. Le 1er août 1944 arrive le
premier transport de femmes dont la majorité est ensuite transférée dans des
Kommandos du KL Buchenwald.
Le KL Bergen-Belsen est en réalité un camp de concentration dans lequel les
SS n’ont aucune intention de remettre sur pied ces malades, car aucun
équipement médical particulier n’existe. En décembre 1944, l’effectif du
camp est de 15 227 détenus, dont 8 000 femmes. Il atteint 50 000 en mars
1945, dont 26 300 femmes.
La surpopulation du camp génère l’apparition d’épidémies: en mai 1944
une première épidémie de typhus éclate, puis une seconde en janvier 1945
alors que les déportés affluent de plus en plus nombreux. Par ailleurs, face
à l’avance des troupes soviétiques, les Allemands évacuent de nombreux KL
vers Bergen-Belsen, dont des déportés de Dora installés dans une caserne
séparée au nord du camp. En avril 1945, alors que le crématoire ne suffit
plus à faire disparaître les victimes, des fosses sont creusées pour
enterrer les centaines décès quotidiens. Le 5, les SS brûlent les registres
du camp et le quittent le 12, laissant la garde à 1.500 Hongrois.
Le 15 avril 1945, les Britanniques entrent sans combat dans le camp et y
découvrent environ 60 000 hommes et femmes. En tout, sur les quelques 125
000 déportés, environ, passés par Bergen-Belsen, Eberhard Kolb estime que 37
000 sont morts avant la libération du camp, et 13 000 après et jusqu’à la
fin du mois de juin.1
Équipe du Livre-Mémorial
1 Eberhard Kolb, Bergen-Belsen. Du « camp
d’hébergement » au camp de concentration, 1943-1945, Göttingen, Vandenhoeck
& Ruprecht, 1985.
Josef Kramer, le commandant du camp de
Bergen-Belsen, les chaînes aux pieds, sous la garde d'un soldat
britannique |
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