20/05/2017
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Canton de Baud Baud Le Maquis de Poulmain Le village de Poulmain se situe à quelques kilomètres de Baud, en direction de Saint-Barthélémy. Dès le début de janvier 1944, les membres de ce maquis, que dirige Pierre Ferrand, sont priés de rejoindre la ferme de Poulmain où, malgré les risques encourus, ils sont admirablement accueillis par les époux Le Labourier et leurs deux filles, Solange et Thérèse. A partir du 5 janvier, ce maquis effectue plusieurs coups de main, avec plus ou moins de succès, sur lesquels nous ne reviendrons pas ici. Ayant pris une certaine importance, cette activité ne pouvait pas rester longtemps sans attirer l'attention des traîtres à la solde de l'ennemi. Pour ces délateurs sans scrupules, qui ont déjà ce maquis dans le collimateur, qu'importé les conséquences de leurs actes criminels. Dorénavant, tel un gros nuage noir, un drame plane au-dessus du village de Poulmain. Le 10 février, très tôt le matin, dans une obscurité totale, quatre hommes quittent le village à pied, en direction de Baud ; ils ont l'intention de prendre le car pour Hennebont. Trois d'entre eux : François Guyonvarch, Jules Le Sauce et Alexandre Rousseau, sont armés d'un parabellum qu'ils dissimulent sous leurs vêtements. Le quatrième, Robert Courric, porte une valise fermée à clé, dans laquelle se trouve une «sten» et quelques chargeurs enveloppés de chiffons. Soudain, au lieudit Cranne, des silhouettes apparaissent sur la route. Là devant eux, des Allemands les menacent de leurs armes. L'officier s'avance, les éclaire de sa torche et leur demande leurs papiers d'identité. Bien que possédant de faux papiers et de faux certificats de travail comme employés à la Kriegsmarine, les gars demeurent assez sereins puisque l'officier leur remet les documents, après les avoir examinés. Mais, c'est cette valise posée à terre qui intrigue les Allemands. Que peut-il bien y avoir dedans ? Courric leur dit qu'il n'a pas les clés, et que c'est tout simplement du savon pour ses compagnons de la Kriegsmarine. Apparemment l'officier n'est pas convaincu. Il fait signe au soldat qui se trouve derrière les patriotes de s'avancer, et lui demande de l'ouvrir avec la pointe de sa baïonnette. Quand les lampes éclairent cette mallette suspecte et que tous les regards y convergent, c'est le moment que choisissent les maquisards pour sortir leur parabellum. Plusieurs soldats tombent, foudroyés à bout portant, notamment l'officier qui s'écroule en hurlant. Jules Le Sauce vide son chargeur et saute le talus, suivi de Robert Courric. Alexandre Rousseau et François Guyonvarch courent à Poulmain donner l'alerte et faire évacuer la ferme. Mais, le temps d'atteler le cheval à la charrette et de rassembler le matériel, des Géorgiens, encadrés d'Allemands font déjà leur apparition. Le jeune Mathurin Henrio (14 ans et quelque), qui ramenait à Poulmain des papiers perdus par Guyonvarch à Cranne, se fait stopper, questionner, et est froidement abattu. Emile Le Labourier est capturé, torturé ; il meurt attaché à un arbre. Georges Lestréhan d'Hennebont, subit le même sort. Alphonse Le Bouler, entrepreneur à Cranne, fournisseur en bois au maquis, se fait tuer à bout portant. Les soudards d'Outre-Rhin incendient la ferme des époux Le Labourier. Ayant réussi à éviter l'encerclement, trois groupes se forment et partant dans des directions différentes. Alexandre Rousseau s'en va vers Inguiniel via Bieuzy-les-Eaux. Pierre Ferrand et Guy Moizant se dirigent vers Pluvigner. Une famille de Carnac-Plage accueille Madame Le Labourier et ses filles. Le 3 mars, un nouveau drame frappe les gars du maquis de Poulmain. Par un malheureux concours de circonstances, lors d'un transport d'armes, Louis Avry et Charles Ihuello de Lanester se font tuer à la gare de Lanvaudan. Le 28 avril, Pierre Ferrand et Guy Moizant attaquent deux employés de banque et s'emparent d'une forte somme d'argent. Le maquis a un besoin urgent de fonds. Pour comble de malchance, leur signalement a été donné à l'ennemi. A midi, nos deux hommes déjeunent tranquillement à «La Croix Blanche» en Pluvigner, quand surgissent les Allemands. Pierre Ferrand tente de fuir, il est immédiatement abattu. Guy Moizant, qui a été gravement blessé, meurt le lendemain. Jules Le Sauce (Julot) quant à lui, «grillé» dans le secteur d'Hennebont, s'était retiré à Berné. Le 7 juin, alors qu'il regagnait Berné à vélo, il tombe sur un barrage allemand à La Croix des Nations. Après une course poursuite, il tombe sous les balles ennemies, dans un champ de seigle, après avoir riposté et tué un ou deux Feldgrau (1). Comme nous pouvons le constater, l'histoire du maquis de Poulmain s'est écrite en lettres de sang. Alexandre Rousseau a laissé un poème sublime : «A ceux de Poulmain».
Source: Mémorial de la Résistance . Morbihan René Le Guénic. Pages 132/133
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