10/02/2016

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Discours du capitaine BLOUET, chef départemental F.T.P. à l’inhumation de Jean BURGOT, à St-Hilaire-du-Harcouet.

      Source: Yves Le Poittevin

 C’est au nom des Francs-Tireurs et Partisans du département que je m’incline aujourd’hui, devant la dépouille de Jean BURGOT.

C’est en leur nom que j’apporte à sa mère, à sa famille éplorée, à ses amis le témoignage d’une fraternelle sympathie.

En juin 1940, Jean BURGOT est à Mayenne ; il a 17 ans. Alors que beaucoup de jeunes indifférents à la défaite française du moment, lui se sent si douloureusement touché dans ses patriotiques qu’il pleure de rage et de chagrin en voyant arriver les premiers Allemands. Et il fait en son cœur le serment de lutter toujours et de toutes ses forces contre l’envahisseur exécré.

 Ce serment, jamais il ne l’oublia.

Revenu à St-Hilaire-du-Harcouet, il agit contre les Allemands. Avec un ou deux de ses camarades qui l’accompagnent (avec quelle émotion) aujourd’hui à sa dernière demeure, il sabote les lignes téléphoniques et brouille les pancartes de signalisation.

 En septembre 43, il est appelé par le Service Obligatoire du Travail en Allemagne. Mais il ne veut absolument pas servir le Boche. Il part alors et se camoufle en Bretagne. Là, aussi naturellement il s’affilie au groupe de Francs-Tireurs et opère plusieurs mois dans la clandestinité risquant chaque jour, sa vie pour la Patrie.

En avril dernier, son groupe ayant reçu des armes parachutées, Jean Burgot se charge de les camoufler. Peu après, il est dénoncé à la Gestapo.

 Enfermé à la prison du Colombier, à Rennes, il est jugé et condamné à mort au début de juin. La veille de sa mort, malgré les fers qui enserrent ses poignets, il écrit à sa mère d’une main ferme, la lettre que voici :

 

 

Ma chère maman, je suis condamné à la peine capitale. Je vais mourir demain en Français courageux. Je t’aime. Ton fils Jean.

 

 Et c’est en chantant la Marseillaise que Jean BURGOT et ses trente compagnons de martyrs tombèrent sous les balles du peloton.

 Cet exemple de courage et de patriotisme tant de fois renouvelé par touts ceux des nôtres qui sont tombés victimes des assassins nazis, nous autres F.T.P. ne l’oublierons jamais. 

Nous avons fait à notre tour le serment de les venger, et ce serment nous le tiendrons.

 Nous le tiendrons aussi en luttant à nouveau dès que l’occasion nous sera offerte contre l’ennemi sur le sol duquel le combat est maintenant porté.

 Mais nous le tiendrons aussi à l’intérieur.

A tous les jeunes ses camarades, qui n'ont pas pu, ou qui n'ont pas voulu rejoindre la Résistance, les bataillons F.F.I. offrent l'occasion de servir l'idéal pour lequel Jean Burgot a donné sa vie.

Dors en paix, Jean Burgot, tu seras vengé. Ton sacrifice n'aura pas été inutile. la foi qui t'animait est le nôtre et c'est cette foi qui fera que demain comme hier nous donnerons votre vie pour le même idéal:

 pour une France libre, forte et sociale.