20/05/2017
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Landaul
Au début de l'année 1944, la Résistance organisa des sabotages de la voie ferrée traversant la commune et qui approvisionnait Lorient. De nombreux déraillements eurent lieu entraînant à partir d’avril 1944, les rafles et ratissages des commandos de chasse allemands, suivis de tortures, exécutions et déportations, qui firent de la région une véritable zone de guerre. Le 30 avril 1944, cinq jeunes résistants furent capturés à Brech et fusillés sur la place du bourg, en présence du maire, Mathurin Le Rouzic et d'une quarantaine de Landaulais contraints d'assister à l'exécution. Sur le monument, un sixième, fusillé à Pluvigner, André Le Gleuher, a été ajouté sur la plaque du monument.
Le dimanche 30 avril 1944 s'annonçait comme une belle journée
: le soleil s'était levé clair et beau, nul ne pouvait penser
qu'elle s'achèverait dans la peur, les larmes et le sang. Hormis les
temps sombres de la Révolution, Landaul a-t-elle vécu une journée
aussi dramatique ? C'est à partir de témoignages et de souvenirs
personnels, restés vivaces, que je rappelle ce que fut cette
tragédie.
1-
Leroux Roger ,
Le Morbihan en guerre, 1939-1945 |
fusillé à Landaul le 30 avril 1944
Ce témoignage m'a été relaté par Alcime Le Hellec, habitant d' Auray, frère du résistant, décédé en 2013. Il était membre de l'amicale FFI du Morbihan, ayant fait partie du bataillon Le Garrec Claude Le Colleter, Société Archéologie Histoire pays de Lorient
1944: une année meurtrière. Au début de l'année 1944 les démonstrations punitives de la part des forces d'occupation vont s'intensifier après une déclaration d'Hitler le 3 février demandant une accentuation des représailles. Le printemps de l'année 1944 va constituer une période particulièrement dramatique La dénonciation des résistants dans le département du Morbihan est courante, une somme de 200 marks, voire beaucoup plus est souvent proposée par les Allemands. L'arrestation des patriotes Voici le témoignage d' Alcime le Hellec, (il avait 19 ans à l'époque) sur le massacre des martyrs de Landaul où son frère Francis fut fusillé. « Dans la nuit du 29 avril 1944 les Allemands ont stationné leurs camions près de la chapelle de Tréavrec sur la route qui mène de Landaul à Brech. Ils sont entrés dans la cour de la ferme de mon père, François le Hellec située dans le village. L'officier allemand qui dirigeait les opérations était le chef de la Kommandantur d'Auray. Je me suis réveillé, mon père a eu le temps de me dire de partir discrètement à la ferme de Monsieur Le Méro à Kergouarec distante de deux kilomètres. Ma mission: prévenir les résistants au nombre de vingt cinq exactement, qui était rassemblés dans ce village pour une distribution de tabac comme cela se faisait de temps en temps, le tabac apportant aux patriotes un petit réconfort. Ces patriotes étaient des F.T.P.C. (Francs Tireurs Patriotes Combattants). Je me suis mis en marche mais au bout d'une centaine de mètres au milieu d'un champ de seigle un Allemand attendait, guettant le moindre fugitif. Il m'a mis en joue avec sa mitraillette, m'a crié « raus ».J'ai dû obéir et rebrousser chemin. J'ai compris que notre village de Tréavec était cerné par les troupes allemandes et que les villages voisins seraient certainement perquisitionnés. J'ai rejoins mon domicile Nous avons attendu jusqu'au lever du jour. A sept heures du matin un petit groupe de prisonniers est arrivé encadré par la colonne allemande et les soldats les ont fait monter dans le camion. On y reconnaissait:
Tous étaient cultivateurs.
Un sixième homme Eugène Le Méro avait réussi à s'échapper. Malheureusement il décèdera de maladie quelques temps plus tard en rejoignant Berlin. Les Allemands étaient furieux et de plus ivres, ils avaient volé de l'alambic et en faisaient une importante consommation en buvant devant nous à la bouteille. Mon père s'étant éclipsé, les militaires nous ont alignés moi, ma mère, mes sœurs devant l'entrée de la ferme. Le chef allemand a hurlé: Vous êtes tous des terroristes! Où est votre mari? a-t-il demandé à ma mère. Je ne sais pas il est parti depuis longtemps, sans doute prisonnier, a t'elle répondu. Le chef a ajouté: "Normalement je dois faire fusiller toute la famille mais je vais vous épargner car j'ai quatre fils dans l'armée allemande et deux ont déjà été tués à la guerre." Le château de Brandérion: Le lieu de torture. Ils m'ont obligé à monter dans le camion avec les autres prisonniers, le père Le Méro nous accompagnait. On nous a amené au château de Brandérion réquisitionné pendant cette période. Là, ils ont aligné les cinq prisonniers, (je n'étais que le témoin forcé, obligé d'assister à la scène horrible) et les soldats sont venus les chercher un par un. Il était 8 heures trente du matin. La torture a commencé, les Allemands les obligeaient à dénoncer leurs compatriotes en leur frappant la tête contre un mur, les patriotes devenaient méconnaissables. Une poulie avait été placée dans un sapin, les Allemands faisaient monter les corps en haut puis les faisaient dégringoler à terre sur du verre pilé. Une stèle près du château évoque cet épisode douloureux. Ce château de Kerlivio appartenant au comte Gilles de Goulaine avait été annexé par l'armée allemande. Il y avait là un véritable centre administratif, une infirmerie, des baraquements. 500 personnes, dont l'état major allemand y résidaient. L'exécution publique au bourg de Landaul
Ensuite direction Landaul, place de l'église où nous arrivons en
camion à 11h30. Nous étions le dimanche matin, 30 juin 1944, la messe venait de se terminer, les paroissiens sortaient de l'église. Une cinquantaine de personnes dont Monsieur Le Rouzic, maire, étaient présente. Le chef allemand a pris la parole devant la foule: Vous êtes tous des terroristes, normalement je devrais faire comme cela a été fait ailleurs, vous massacrer tous, mais vous allez vous contenter d'assister. Alors Eugène Le Mestre et mon frère Francis qui pouvaient encore tenir debout, contrairement aux autre qui se trainaient à terre ont ouvert leur chemise devant les Landaulais rassemblés et ont crié: Voilà comment un Français meurt. Le chef a ordonné quelques coups de crosses, a obligé les prisonniers du moins ceux qui pouvaient, à s'agenouiller et a désigné vingt soldats pour le peloton d'exécution. Les patriotes ont pris chacun neuf balles dans le dos. Puis ce fut le coup de grâce, une balle dans la tête pour chacun. La population de Landaul prise à témoin dans ce massacre était totalement muette, impuissante, traumatisée à vie à la vue de cet horrible massacre. Puis le chef allemand a demandé à quelques civils présents dont moi-même une besogne insupportable, celle d'embarquer les cadavres dont celui de mon cher frère dans un camion. Ce camion a pris une destination inconnue. N'étant pas au courant de ce qui se passait la mère d’Eugène le Palud voulait se rendre au bourg mais des voisins avaient réussi à l'en dissuader. L'épilogue de cette journée d'horreur Dans la soirée du dimanche, une femme, Mme Deimat habitante du village de Pont-Christ (entre Sainte-Anne-d'Auray et Pluvigner) a vu des Allemands s'affairer dans une carrière non loin de son domicile. Elle est venue nous prévenir à Tréavec pour nous signaler que nos frères patriotes avaient été sans doute enterrés à cet endroit. Le soir même nous sommes allés les déterrer vers minuit. Les corps étaient empilés les uns sur les autres. Nous les avons sortis du trou et les avons disposés en alignement. Une camionnette de la Croix Rouge est venue, on les a placé dans de vrais cercueils, on les a ramené à Landaul où une bénédiction leur a été accordée, avant d'être inhumés dans le cimetière de la commune. En 1958, quatorze ans après la mort de mon frère, et comme j'étais artisan ébéniste je lui ai fabriqué un autre cercueil, et Francis a rejoint le caveau familial de granit rose au cimetière de Port Louis où il repose toujours ».
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