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DANS LA CLANDESTINITE

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(Ouest-France du 18 8 1994)

DANS LA CLANDESTINITE

Les fleurs des braves, le 18 juin 1943

" Pour la commémoration du 18 juin le Général de Gaulle serait reconnaissant que soit honoré la mémoire de sa mère, inhumée au cimetière de Paimpont " Ce sont les premières lignes d’un tract apposé, un matin du mois de juin 1943, sur la place de l’Eglise de Plélan. Le tract disparaîtra vite, mais le message n’est pas passé inaperçu.

Michel Renimel aujourd’hui retiré à Chartres-de-Bretagne a gardé un souvenir précis de ces jours-là. Il était en effet de l’expédition qui s’était mis en devoir de répondre à " l’invitation " du Général de Gaulle. Et qui réussit, au nez et à la barbe de l’occupant. Il raconte :

" Pas d’enthousiasme "

" A l’exception de quelques jeunes camouflés, on ne rencontre pas l’enthousiasme escompté pour se rendre à Paimpont le 18 juin. Plusieurs invitations sont poliment - ou fraîchement – déclinées ! C’est vrai que ça peut être un piège " Alors méfiez-vous " Mais ça ne fait rien, on ira quand même.

" Une bande se forme, faite d’une dizaine de jeunes, plus ou moins en délicatesse avec le STO,. (Jean Malle, Michel Renimel, André Riffault, René Gillet, Jules Isard, Roger Guéno, Maurice Robin et Henri Moras qui trouva la mort lors de la Libération de Paimpont.) à laquelle tient absolument à se joindre M. Malle, Patriote convaincu et ancien poilu de 14-18. C’est lui qui prend en mains " l’opération Cimetière " et en établit le plan : " Pour ne pas se faire repérer, on se rendra à Paimpont à vélo, par petits groupes de deux ou trois maximum, en empruntant des chemins différents. Rendez-vous le 18 juin à 15 h. autour de la tombe de Mme De Gaulle "

Tout est bien réglé et devra se faire " le plus discrètement possible " ! Oui mais voilà, pendant l’occupation, le bouche à oreille fonctionne très vite ! Et chaque mère de famille, chaque femme de prisonnier veut, elle aussi –maintenant que l’occasion se présente – témoigner par un modeste bouquet, ou une gerbe plus conséquente, son attachement à " l’homme du 18 juin " " Puisque tu vas la-bas, on a pensé que peut-être, tu pourrais t’en charger… " Difficile, impossible de refuser ! Et chacun des " volontaires " va se trouver dans le même cas. Ca commence mal et en fait de discrétion, c’est plutôt compromis : tout le monde semble ête au courant !

" Des S.S. goguenards… "

" C’est donc croulant sous les emballages de fortune et autres savants camouflages, dans lesquels s ‘entassent fleurs et bouquets de toute une " population reconnaissante " que nous arrivons à Paimpont.

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Nous allons atteindre la porte principale lorsqu’un Officier SS, en tenue d’apparat, sort du restaurant en titubant. Il alerte ses collègues ; et tous se plantent goguenards, pour nous regarder passer …………

" Le jour de gloire "

Nos camarades nous attendent au cimetière, près d’une tombe déjà très fleurie. Après un moment de recueillement, nous allons envisager la retraite… lorsque M. Malle, d’une voix de stentor entonne une vibrante marseillaise ! Et le bougre de vieux poilu en connaît plusieurs couplets. C’est long et angoissant. Cette fois, c’est sûr, tout le monde doit être au courant. On s’attend au pire. " Allons enfants … le jour de gloire est arrivé ! … " Oui, on y pense sérieusement !