(en allemand Moorsoldatenlied,
« chanson des soldats de marécage », ou Börgermoorlied,
« chant de Börgermoor » ou Die Moorsoldaten) est l'adaptation en français
d'un chant allemand
composé en 1933 par
des prisonniers du camp de
concentration, pour détenus politiques, de Börgermoor,
dans le Pays de l'Ems, en Basse-Saxe.
Il ne faut pas le confondre avec le chant religieux, en hébreu, entonné lors
de chaque cérémonie de la déportation, le dimanche précédant le Nouvel
An selon le calendrier
hébraïque, en la Synagogue de la
Victoire, à Paris.
Ce chant de déportés allemand est donc devenu un chant militaire français,
connu également sous le nom de Chant
des marais, et
chanté par diverses chorales militaires françaises, de parachutistes et
même de la Légion étrangère.
Les paroles de cette chanson ont été écrites par le mineur Johann
Esser et l'acteur et metteur
en scène Wolfgang Langhoff, la
musique a été composée par Rudi
Goguel, un employé de commerce ; tous trois étaient détenus au camp
de concentration de Börgermoor,
ouvert en 1933 et administré par la SA.
Les cadres SA (puis SS) des camps
exigeaient traditionnellement des prisonniers qu'ils chantent pour se rendre
au travail (cf. existence des orchestres de détenus à Auschwitz,
par exemple). Ainsi le chant serait-il né en août 1933 de la tradition
concentrationnaire de faire chanter les détenus, et de la volonté de ceux-ci
de rendre compte des conditions de détention (strophe 1 et 2 l'isolement, et
refrain qui évoque le travail d'assèchement des marais), des violences
subies (les cris, les coups, les larmes de la troisième strophe), mais aussi
de leur conviction de voir abattue la tyrannie nazie (dernière strophe et
dernier refrain).
Les détenus du camp étaient pour la plupart des prisonniers politiques du
régime nazi, détenus à la suite
des lois spéciales promulguées le lendemain de l'incendie du Reichstag. Le
titre de la chanson évoque les travaux forcés dans les marécages du
camp : culture à l'aide d'outils rudimentaires.
Quelques-uns des déportés de Börgermoor, libérés à l'issue de leur
condamnation, choisirent de s'exiler et firent connaître le chant en Angleterre ;
c'est là qu'en 1936, le
compositeur Hanns Eisler,
collaborateur musical de Bertolt
Brecht, en fit une adaptation pour le chanteur Ernst
Busch. Celui-ci rejoignit en 1937 les Brigades
internationales en Espagne, de
sorte que le Chant des
déportés, chanté par les volontaires allemands des Brigades, acquit
rapidement une grande notoriété.
Parallèlement, il se répandit en Allemagne, d'un camp
de concentration à l'autre, puis
en Pologne occupée,
et finit même par atteindre certains déportés du camp d'extermination
d'Auschwitz.
De ce chant, il a été créé des versions dans différentes langues,
interprétées entre autres par Paul
Robeson, Pete Seeger, Perry
Friedman, Pi de la Serra, Joan
Baez, Leny Escudero, Hannes
Wader ou le groupe corse Cinqui
Sò.
(Source:
Wikipedia)
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