Témoignage de Monsieur VIEUXLOUP de Saint Brieuc
.....De la prison de Saint-Brieuc, nous avons été transférés au camp
Marguerite à Rennes. Je faisais partie du dernier convoi de Rennes pour
l'Allemagne. Nous étions entassés dans les wagons à bestiaux avec quatre
gardes par wagon. Le voyage était très pénible sous le soleil, le manque
d'eau et de nourriture.
Nous arrivons à Langeais où le train est stoppé car plus loin un pont est
coupé. C'est dans cette gare que l'aviation alliée attaqua le train
entraînant de nombreux blessés et morts, mais aussi de nombreuses évasions.
Je me trouvais dans un wagon situé près de la gare.
Lors de notre sortie du wagon pour un regroupement, je reconnaissais
Monsieur . Guehenneuc, notaire à Pléhérel, mort dans la prairie. Il avait
été fauché.
Nous avons été transférés dans des baraquements situés au bout de la rue
Rabelais.
Dans la nuit, avec des camarades prisonniers, la baraque étant construite
sur pilotis, nous avons démonté et soulevé un carré du plancher. Au petit
jour, un passage ayant été pratiqué, nous sommes partis doucement. Mais j'ai
été vu par un soldat allemand qui se rasait. Il me tira dessus. Je m'enfuis
à travers la vigne. J'arrivais rue Racan où une femme, Madame Marguerite
Plas, m'attrapa. Elle me cacha dans une cuve à vin en ciment où je restais
plusieurs jours. J'étais nourri et habillé.
J'ai été ensuite hébergé à Mort-Vous-Etes chez Monsieur et Madame Mégret où
j'ai retrouvé quatre évadés dont Louis Salaün. Ensuite, j'ai été pris en
charge par Monsieur et Madame Blanc, avant mon départ pour mon retour vers
la Bretagne.
La solidarité, le courage des habitants de Langeais, leur volonté, le mépris
du risque, malgré l'immense danger couru par les habitants dans la ville
occupée, voici ce que nous avons trouvé dans ces moments difficiles.
... "Depuis 50 ans, nous sommes Langeaisiens."
Source: Plaquette diffusée lors du 50ème
anniversaire de la libération de Langeais |