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Liste des témoignages

Marie Louise Tual déportée TUAL Marie-Louise, née le 21 mai 1911 à Saint-Marc-sur-Couesnon (35). Elle habite la ferme des Guérêts avec sa mère et son fils de deux ans. Elle est arrêtée comme otage avec Henri Le Breton, Marcel Trémion, Jean Coquelin et Lucien Bigot le 27 juillet 1944 à Saint-Marc-sur-Couesnon comme otage par les miliciens et les Allemands. Incarcérée à la prison Jacques Cartier elle fait partie du dernier convoi de détenus à destination de l'Allemagne. Elle est libérée à Belfort le 27 août 1944. La Préfecture lui donne un peu d'argent pour son retour. Elle se réfugie en Suisse. Elle est de retour à Saint-Jean-sur-Couesnon le 13 octobre 1944. Source: ACP 27 P6 Caen.

 

Témoignage de Marie Louise TUAL déportée du convoi de Langeais

 

Lorsque l'attentat a lieu à  Éverre Marie-Louise a 53 ans. Elle habite la petite ferme des Guérêts près de l'étang avec sa mère, sa sœur et son fils âgé de deux ans. Sa sœur, Mme Thébaut habite le village d'Everre avec ses trois enfants en bas âge. Ce 27 juillet, Marie-Louise sarcle une parcelle de choux à la ferme des Champs-Hauts. Au retour, elle s'arrête chez sa sœur à Éverre. Ici, depuis trois jours, il y a bien du monde, en bas au moulin, et ce matin là, encore plus d'animation : quelques hommes sont à la recherche de "copains à Éverre", sans doute de faux partisans. Au soir, Mme Thébault est inquiète : "Je ne sais pas ce qui va se passer",

Vers 7 heures. Sa tâche terminée, Mme Tual rentre chez elle, par la traverse lorsque les coups de feu retentissent, la fusillade est brève. Pensant à sa sœur restée seule avec ses trois enfants, elle rebrousse chemin, mais c'est se jeter dans la gueule du loup. L'affaire est grave. Arrivée sur les lieux, elle est mise en joue par des Allemands et sommée de s'arrêter. Devant la maison de sa sœur, trois corps sont allongés : un autre patriote qui avait tenté de s'enfuir gît plus loin.

Marie-Louise reçoit l'ordre, par trois sommations, d'entrer la première dans là maison, mais elle refuse d'enjamber les corps. Après avoir fouillé la maison d'Everre puis le moulin, les Allemands regagnent les deux ou trois camions, restés en stationnement au Village de la Poissonnière et emmènent en otage Marie-Louise, le père Trémion. Mr Le Breton. Jean Coquelin, son commis, et Lucien Bigot de Saint-Hilaire-des-Landes, encadrés par la troupe d'Allemands et de miliciens en armes. A la Libération, elle est amenée à reconnaître un des miliciens venu chez elle le matin du drame pour demander du pain. Il avait passé la nuit tout près au moulin des Guérêts. À son jugement au Parlement de Bretagne, trop de témoignages pesaient contre lui : il fut exécuté en novembre 1944, C'était un jeune originaire de l'Orne.

"Les camions nous emmenèrent à la prison Jacques Cartier de Rennes, Après un passage dans trois ou quatre bureaux, je fus enfermée pour 10 jours. Arrivée dans la cellule, je fondais en larmes. La journée avait été trop dure.

Ensuite, on prit un train camouflé sous les branchages, assez loin de la prison, en direction de Nantes puis Tours. Lors d'un arrêt à Langeais où des religieuses nous apportèrent à manger, le convoi de 70 wagons subit une attaque aérienne des alliés. J'en profitais, pour m'évader avec une vingtaine de prisonniers du Morbihan. Mais les Allemands et leurs chiens nous rattrapèrent immédiatement et nous firent promettre de ne plus jamais recommencer, j'appris plus tard que Mr Martin, résistant de Saint-Hilaire-des-Landes, faisait partie de ce convoi, D'autres eurent moins de chance- que nous; puisque 75 résistants furent fusillés dans les vignes.

Le train reprit sa route jusqu'à Belfort où je restais de nouveau une dizaine de jours en cellule. Ensuite, un camion nous emmena à Giromagny, à 12 km au nord de Belfort. Je restais cantonnée dans une cantine scolaire. Toujours avec la même tenue que ce fameux 27 juillet : la blouse, les sabots de bois et mon chapelet qui m'a permis de tenir le coup.

Dès ma libération, je regagnais à pied, avec mon amie, la Préfecture de Belfort qui nous donna un peu d'argent pour notre retour. Notre convoi, dans lequel une femme était sur le point d'accoucher, prit la direction de la Suisse par Delle. Je suivais ce convoi, j'étais chagrine, je ne parlais plus. A pied, en camion, en train ou en utilisant un bac car bien des ponts avaient été bombardés, je regagnais Rennes.

Arrivée à Rennes, je ne trouvais pas de correspondance et les télégraphes ne fonctionnaient pas ce jour-là. Heureusement, une femme qui s'était réfugiée a Saint-Marc-le-Blanc me reconnu "On te croyait morte", je passais donc la nuit chez elle. Ce n'est que le surlendemain qu'un ancien réfugié de Coglès me déposait à Saint-Aubin-du-Cormier. C'est à pied que j'ai gagné Saint-Jean-sur-Couesnon où je pris un repas.

Une femme était allée au devant pour prévenir ma famille qui me croyait morte, et au Pâtis-Buret, tout un groupe attendait pour m'accueillir avec jument et voiture. Je les retrouvais tous dont mon fils de deux ans à qui j'offrais une petite brouette...

Partie le 27 juillet, j'étais de retour le 13 octobre 1944. Quatre-vingt dix jours d'otage, mais c'était insuffisant pour bénéficier d'une pension : il fallait 100 jours .... Les guerres nous ont apporté bien du malheur : des oncles, dès parents tués à la guerre 14/18 ou des suites de blessures... et cela continuait."

(Témoignage recueilli auprès de Marie-Louise Tual en 1998)

 

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       22/02/2019