accueil-mdg1.gif (1380 octets)
Plan du site

  35memoiredeguerre@gmail.com
 

Liste des témoignages

Témoignage de Madame Odette AUGER


Dimanche 6 août 1944.
Nous devions aller aux prunes mais avant de partir Jean va chez Avril nous chercher une glace, il nous apprend en revenant qu'un train de prisonniers est en gare. Nous allons de ce côté pour essayer de voir.
On nous dit que l’on peut donner du pain. Vite je viens chercher deux pains de ce qui reste.
En effet, la rue et le chemin de la Daudère sont remplis de gens qui portent des vivres. Ces pauvres gars sont là dans un wagon, entassés, en pleine chaleur, il y a des Américains, Français, Anglais, Allemands même, parce qu'ils aimaient trop leur Führer comme nous dit un Alsacien des Forces Françaises Libres, il y a aussi des femmes et des jeunes filles... Quelle tristesse. Au bout d'un moment, nous revenons et partons à Charsay, maman, papa et moi. En descendant la cueille, au retour, nous voyons venir sur Langeais huit avions américains volant très bas et qui, au bout d'un tour ayant repéré le train, piquent et mitraillent, quel malheur ! Je reviens en hâte et pars au poste où Jeannette s'est déjà rendue, ils montent déjà les blessés et une morte, cette pauvre Mme Richaume. Les blessés arrivent, toujours et nous courrons chercher des lits paillasses, de la paille même, où nous improvisons des lits avec des caisses et cette paille. C'est affolant, les blessés sont de plus en plus nombreux. Quel massacre ! Deux Américains sont mourants, on fait vite les pansements puis les fiches, le docteur allemand qui accompagnait le convoi fait évacuer la salle et un tri est fait. Nous restons huit infirmières, les plus âgées et les autres vont se reposer accompagnées par une sentinelle car dans la rue les Allemands tirent sur les gens, de nombreux prisonniers se sont évadés. Peu après les quelques infirmières partent, je reste donc seule avec soeur Thérèse et Mlle Schneider et nous passons la nuit. Un Américain meurt dans mes bras ; pauvre garçon ! Toute la nuit, j’assiste le docteur Le Duc. Nous soignons Allemands, Français, Américains, Anglais, Turcs, Russes, Canadiens. Je rentre le matin à 7 heures ? Triste nuit.

Le 7 août vers 3 h, seconde mitraillade du train, il est resté des Américains dans certains wagons plombés. Nous montons au poste où arrivent dix blessés et deux morts, tous Américains. Tragique bilan dans ces deux jours, nous avons soigné 65 blessés et comptons 25 morts.1
Le jeudi, enterrement des pauvres prisonniers. Une foule pressée et recueillie y assiste, toutes nous avons notre, brassard et avons trois magnifiques gerbes avec ruban tricolore. La tombe est couverte de fleurs.

(extrait du journal de Mme Auger
 

1- dont 19 prisonniers, 4 allemands et Mme Richaume de Langeais.

Source: Plaquette diffusée lors du 50ème anniversaire de la libération de Langeais

                             

       22/02/2019