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Article de presse sur la rafle de Loches 

Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages, des documents ou des photographies des déportés de ce convoi  

19/03/2012


La Nouvelle République 2005    Samedi 19 février 2005

 60e anniversaire de la libération

Plus de 200 arrestations lors de la rafle de Loches


A 6 h du matin, ce 27 juillet 1944, les membres de la Gestapo et des miliciens venus de Tours lancent un gigantesque coup de filet. Quelque 200 personnes vont être regroupées dans la cour de l'école des filles dans le centre de Loches. Leur interrogatoire va durer une partie de la journée. Au soir, 58 hommes et six femmes ne seront pas relâchés. Après un court séjour à la prison de Tours, elles seront déportées vers les camps en Allemagne. Les trois quarts ne reviendront pas.

C'est un des épisodes les plus sombres qui touche le Lochois, au cours de cette fin juillet. Un des moins connus aussi, explique Bernard Briais, l'auteur du livre « Le Lochois durant la guerre ». Pourtant à l'échelle d'une ville moyenne comme Loches, la rafle va concerner plus de 200 personnes, originaires de Loches ou des environs, toutes arrêtées au petit matin. Le commando ne se contente pas d'arrêter à leur domicile toutes les personnes dont le nom figure sur leurs listes, mais aussi les hommes qui passent dans la rue. Les Allemands vont arrêter les membres de la police, des gendarmes de Loches et de Saint-Flovier, ces derniers étant cantonnés à Loches depuis plusieurs jours. Parmi ces personnes arrêtées, il y a aura aussi le sous-préfet de Loches.

La cour de l'école des filles, située en centre-ville, va alors être transformée en gigantesque prison l'espace d'une journée. Le temps pour les Allemands d'interroger ces « suspects » qui auront eu le tort, pour la plupart, d'être seulement membre d'une famille de maquisard : un fils, un neveu, une cousine.


Les gendarmes allongés dans la cour d'école
Si les miliciens et les relais du gouvernement de Vichy ont la main sur la région, les maquis imposent de plus en plus leur loi en cet été 44. Depuis le Débarquement du 6 juin, on n'hésite plus à afficher le drapeau tricolore dans les rues de la ville, on l'exhibe depuis les voitures, le 14 Juillet notamment.

A Loches, l'occupant n'avait séjourné que l'espace d'un mois en juin 1940. En juillet 1944, les Allemands jugent-ils ces actes pour de la provocation ? Quoi qu'il en soit, le dimanche 23 juillet un commando de mille hommes a réinvesti la ville, le même jour de l'opération lancée contre le maquis d'Épernon.

Quatre jours plus tard intervient donc la rafle. Dans la cour de l'école, une partie des personnes retenues sont placées contre un mur, les mains derrière de dos. Les gendarmes et policiers arrêtés resteront allongés durant de longues heures sur le sol sous la menace des mitrailleuses.


Les sirènes de la ville à midi
Une des victimes de la rafle, qui reviendra de déportation, témoigne dans les années 80 : « Je croyais que les gendarmes avaient été tués car ils étaient immobiles, allongés la face contre terre. Je suis séparée de mon mari et placée face au mur les bras en l'air en compagnie de cinq autres femmes. Déjà plusieurs de mes camarades étaient couverts de sang pour avoir été battus par des miliciens. De 9 h jusqu'à 3 h de l'après-midi nous sommes obligés de garder les bras en l'air, sous le soleil ardent et sans manger… »

Si aucune enquête après la Libération n'a réussi à déterminer les complicités qui ont conduit à cette vague d'arrestations, on évoquera bien sûr des dénonciations, notamment celles d'un dessinateur qui cherchait depuis un mois à entrer en contact avec les maquis.

Au total 64 personnes seront retenues au terme de cette journée terrible. Sur cette liste on relève les noms de onze policiers, cinq gendarmes, d'un facteur, un commerçant, un industriel et son épouse, d'une infirmière… Seulement 16 de ces 64 personnes déportées reviendront des camps de la mort.

Dans la cour de l'établissement lochois, une plaque rappelle les faits de cette journée. A midi, ce 27 juillet 2004 Loches se souviendra en faisant retentir toutes les sirènes de la ville.

       

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