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Pourquoi le dernier convoi n'a-t-il pas été
arrêté? |
Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents sur ce convoi de déportés
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35memoiredeguerre@gmail.com
A cette période, la Résistance dans la vallée de la Vilaine était affaiblie. Beaucoup de résistants avaient été arrêtés dans le secteur de Redon. Les F.T.P.F. avaient agi le 9 juin sur la voie ferrée Rennes Redon juste après le débarquement. La voie avait été déboulonnée sur 44 m, entraînant un arrêt de trafic de quinze jours. Le 10 juin une équipe de 5 SAS conduite par Michel de Camaret et Denys Cochin avait, en coopération avec la résistance locale de Messac, saboté les voies sous le tunnel de Corbinières interrompant la circulation ferroviaire pendant 9 jours. Le 13 juin un camion allemand est attaqué sur la route de Renac. Leurs actions s'étaient déplacées vers Broualan et la Mayenne en juillet et début août 44 (maquis de Lignères-la-Doucelle). Des actions isolées de résistance ont bien lieu au moment de la Libération sur le trajet du convoi entre Rennes et Redon, mais c'est le fait de quelques unités comme celles du lieutenant Louis Bourgeais. Il n'y avait pas de maquis structuré capable d'être informé et d'agir pour une opération militaire. Dernier témoignage du lieutenant Louis Bourgeais retrouvé aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine 4 "Du 6 juin 44 au 3 août 44: Sabotages sur routes avec clous et mines. Ces opérations étaient exécutées chaque fois que j' avais connaissance d'un déplacement de troupes. Au cours d'une de ces opérations (nuit du 1er au 2 août 44) en compagnie de 3 hommes de mon groupe, nous avons été mitraillés par la colonne composée de 800 à 1000 Allemands et miliciens. Cette troupe a été immobilisée de 23 heures à 5 heures du matin, abandonnant plusieurs véhicules hors d'usage. Vers le 27 juillet 44 : J'ai pris en mains 3 aviateurs anglais que j'ai remis à un maquis... Le 2 août 44 et les jours suivants: Avec mon groupe, en diverses opérations, nous avons capturés 350 Allemands(dont 27 blessés ou tués en combat. (Pertes du groupe pendant cette opération: 3 tués, 1 blessé)
Les Résistants de Messac n’ont pas été
avisés de la composition, du départ et de la circulation des deux rames de
prisonniers, parties de Rennes La Courrouze le 2 août 1944 au matin et de
Rennes La Prévalaye le 3 août 1944 au matin, rames qui allaient former le
Convoi du Train de Langeais. Ils n’ont donc pu intervenir.
Raymond Le Pen
dans le livre de René
Brun témoigne 1
Le dernier train convoyant des centaines de prisonniers vers les camps de la mort - parmi lesquels les trois Gautier de Combourg , parti de Rennes le 3 août au matin, laisse un goût d'amertume à Raymond Le Pen qui lui-même était de ce convoi. Il s'en explique. "La Résistance a joué un rôle important dans la libération de notre région, de notre pays. C'est l'évidence même. Bien sûr, il y eut des insuffisances. Des erreurs furent commises, soit par manque d'expérience et de cadres compétents, soit par l'ambition personnelle de certains responsables plus préoccupés, à quelques jours de la libération, de s'emparer des administrations civiles, que de faire la chasse à l'occupant nazi. Dès le débarquement du 6 juin 1944, les polices allemandes de Bretagne regroupent sur Rennes la plupart de ses prisonniers résistants détenus jusqu'alors dans les prisons des autres départements bretons. Venus de Saint-Brieuc, Vannes et Quimper ou Brest, les prisonniers s'entassent dans les prisons rennaises Jacques Cartier et du camp Margueritte. Pour faire de la place aux nouveaux arrivants, des convois de déportation partent vers l'Allemagne au cours des mois de juin et juillet. Malgré ces départs, fin juillet, les prisons affichent "complet" L'armée américaine qui a lancé son offensive approche à grands pas de la capitale bretonne. Dans les premiers jours du mois d'août, elle est aux portes de la ville. Les bonnes nouvelles parviennent aux prisonniers et le moral est excellent car leur libération leur semble toute proche. Ils savent par expérience qu'il faut si peu d'hommes et de matériel pour couper et détruire les voies de communication. Les Américains sont là, tout proches et la Résistance locale doit savoir qu'ils attendent. Tout va bien, d'autant plus que les gardiens allemands sont démoralisés, certains acceptant même de parlementer avec les détenus. Il semble donc que ce ne soit plus qu'une question d'heures... Et pourtant... Le 2 août, à l'aube, on rassemble une partie des prisonniers. On va peut-être les libérer? Déception, un train les attend, direction inconnue, mais vers l'est. Le lendemain, 3 août, à l'aube, comme celui de la veille, c'est un nouveau rassemblement du reste des détenus que les gardiens dirigent vers Saint-Jacques-de-la-Lande et qu'ils entassent dans un train. La garnison allemande de Rennes quitte la ville avec armes et bagages mais aussi avec ses prisonniers bien déçus. Une petite étincelle d'espoir continue cependant à maintenir le moral : il y a l'aviation alliée qui va repérer le train, bombarder la voie de chemin de fer, couper un pont. Il y a les saboteurs qui vont faire quelque chose puisque l'insurrection générale est déclenchée. Il va bien se passer quelque chose... Le train continue sa route sans incident. Quelques heures plus tard il est à Redon où il stoppe pour ravitailler la locomotive. A midi, le train est à Nantes et passera l'après-midi en gare de triage où il est habillé de branchages pour échapper à la vigilance de l'aviation. Ce même jour, 3 août 1944, à l'heure où le train quitte Saint-Jacques-de-la-Lande, les troupes américaines s'apprêtent à rentrer dans Rennes, évidemment vide de ses occupants. Un groupe de résistants prend possession de l'Hôtel de Ville et de la radio. Les drapeaux français et américains flottent aux fenêtres et aux balcons. C'est l'allégresse générale. A la tombée de la nuit, le train quitte Nantes et remonte vers Chateaubriand. Au cours de la nuit, vers deux heures du matin, quelques prisonniers réussissent à s'évader du train en marche. Mais, avec la pleine lune, la nuit est trop claire. Le train stoppe. Quatre évadés seront repris et massacrés. On est à Saint-Mars-du-Désert en Loire-Atlantique. Après deux heures de recherches, le convoi reprend sa route. Il rejoindra le premier convoi parti le 2 août, au Lion d'Angers. Les deux trains n'en feront plus qu'un qui, le 7 août, se trouvera bloqué à Langeais car les ponts sur la Loire sont coupés. Pour la première fois depuis le départ, la Croix Rouge de la ville est autorisée à ravitailler les prisonniers qui souffrent de la faim et de la soif. Pour ce faire, les portes des wagons sont ouvertes. C'est à ce moment que des avions alliés mitraillent le train. Il s'ensuit une grande pagaille qui permet à plusieurs dizaines de prisonniers de s'évader. Il y aura cependant dix-neuf morts. Repris en main, le reste des détenus, sous bonne escorte, rejoindra à pieds la gare de Saint-Pierre-des-Corps où un autre train les attend. Le convoi mettra plusieurs jours pour arriver à Belfort où quelques prisonniers seront libérés. Les autres, la grande majorité seront dirigés vers le camp de concentration de Struthof puis vers celui de Dachau. Sur les 1 500 à 2 000 résistants embarqués vers lAllemagne les 2 et 3 août 1944, 200 environ pourront retrouver la Bretagne après leur séjour dans les camps de concentration.
Pierre Bourdan
"Les Allemands luttaient à la fois contre la montre et contre le
sabotage, qui se généralisait et déjouait souvent leurs calculs.
Paul Héger: (2) "Il ne s'est rien passé pour nous libérer", regrette M. Heger "Certes des hommes y auraient laisser leur vie, mais bien peu en comparaison des déportés du train; dans mon wagon, sur une cinquantaine de personnes, deux se sont évadés dont moi, et deux sont rentrés des camps de concentration et c'est tout. Les Allemands avaient disposé en fin de convoi une mitrailleuse et des canons de D.C.A. ; les cheminots français avaient fourni des wagons délabrés. Quand le train marchait, ça branlait de tous les côtés, et il aurait suffit d'un coup d'épaule pour défoncer les parois. Malheureusement, certains étaient trop confiants; ils croyaient que la voie serait sabotée et que le convoi serait bloqué. D'ailleurs, le fait de partir pour Redon prouvait que la voie directe était inutilisable. Ils pensaient que les Américains iraient plus vite que le train. Ce fut une grave erreur. pourtant, dans le wagon nous discutions, mais la plupart ne voulaient pas s'évader."
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