Pour enrichir la mémoire du passé, nous
recherchons des témoignages ou des documents sur ce convoi de déportés
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Renée née en 1933, Daniel né en 1934 et Marie Claude née en 1943. Il est d'abord clerc de notaire à Lamballe puis secrétaire de mairie domicilié venelle des printeriaux à Lamballe. Il est en relation avec la Résistance lamballaise (réalisation de faux papiers...). Vers mi-juillet 1944 1, plusieurs soldats allemands arrivent au domicile familial. René CHARPENTIER est arrêté et emmené à la Standortkommandantur de Lamballe située rue Mouëxigné (portion nommée aujourd'hui rue du général Leclerc).Deux soldats allemands arrivent avec un side-car pour perquisitionner la maison. Ils fouillent le domicile sans ménagement et jettent tout par terre. D'autres soldats arrivent sans doute aussi. Ils regardent sous l'escalier... Sa fille Renée se souvient que les soldats menacent la mère avec leurs armes. Cette perquisition peut entraîner la perte de René CHARPENTIER. Il conserve en effet chez lui un tampon de la mairie. Tout de suite après l'arrestation, son épouse a heureusement eu le réflexe de cacher ce tampon en le mettant dans un breau d'eau dans la cuisine. Elle demande également à sa fille Renée d'aller prévenir le voisin René PANSART, premier secrétaire de mairie. Il faut que ce dernier fasse disparaître les éventuels documents ou objets gênants au bureau de René CHARPENTIER à la mairie en cas de perquisition. Renée passe par le jardin mitoyen en enjambant le mur, arrive chez René PANSART, le prévient et revient chez elle par le même procédé. Autre problème, René CHARPENTIER a également conservé un fusil. Démonté, ce dernier est caché dans un tiroir de la table, sous une nappe. Or il était obligatoire de livrer ses armes aux autorités d'Occupation. Avec sa fille Renée, Rose DUFROS parvient à faire bouger la table contre le mur pour que les Allemands ne trouvent pas le tiroir et le fusil qui y est caché. Les soldats vont également voir les COEURET. Profitant d'un moment d'absence des soldats, Rose DUFROS sort le fusil démonté et le donne à sa fille Renée qui l'enroule dans sa robe. Elle lui ordonne d'aller chez la voisine mademoiselle NOËL pour lui demander de le cacher. Renée se rend sans encombre chez la voisine qui accepte immédiatement de cacher l'arme malgré les risques. Grâce à tous ces efforts, la perquisition ne donne finalement rien. Quelques soldats restent à patrouiller autour de la maison. À un moment, un des Allemands console la jeune Renée dans la venelle en lui tapotant sur l'épaule. Il prononce des mots en allemand qu'elle ne comprend pas. Les soldats finissent par partir. Le même jour ou plus tard, le marchand de cycles ROHON 2 vient prévenir madame CHARPENTIER. Il a vu son époux René CHARPENTIER dans un camion qui stationne devant la Standorkommandantur. Elle s'y rend avec ses 3 enfants qui se tiennent par la main. Ils le voient menotté avec deux autres hommes. Il ne porte pas de trace de coups sur le visage. Le camion part pour une destination connue uniquement des Allemands. René CHARPENTIER est en fait emmené à Rennes, à la prison Jacques Cartier ou au camp Margueritte.Pendant ce temps à Lamballe, l'interprète madame CARLOTTI vient à plusieurs reprises avec son chien style Milou pour dire à madame CHARPENTIER qu'elle ferait mieux de parler pour sauver son mari... Une autre femme vient également en visite afin d'espionner pour le compte des Allemands. Madame CHARPENTIER ne dit rien. Après des négociations avec la Résistance, les Allemands évacuent finalement Lamballe le 5 août sans combat ni destruction. La Résistance prend le contrôle de la ville le 7 août et le premier convoi américain arrive le 8 août.
À Lamballe, sa famille ignore tout de la situation. Fin août, Renée CHARPENTIER console sa mère en proie à une grande tristesse. Elle la rassure : "Ne pleure pas, papa va bientôt revenir". Le soir même, René CHARPENTIER revient au domicile familial.Sa fille Renée se rappelle qu'à son retour, son père porte encore sur son dos d'impressionnantes marques de coups. Il est également très amaigri. René CHARPENTIER ne parlait pas de ce qu'il avait vécu ou fait. Il s'était procuré une "schlague" (des cordes nouées aussi appelées nerf de bœuf) utilisée par les nazis pour frapper les prisonniers qu'il conservait en mémoire de cette période.Il décède le 26 avril 1980 à Lamballe et est inhumé au carré C du cimetière communal de cette commune. Son frère Yves CHARPENTIER rejoint le maquis créé par René BILLAUD (alias Gilles). Il est arrêté le 24 juin 1944 avec Jean CARO à La Malhoure au retour d'une mission. Ils sont incarcérés au quartier allemand de la prison de Saint-Brieuc. Ils font partie des 18 hommes emmenés le matin du 10 juillet 1944 par la Gestapo de Saint-Brieuc. 17 corps dont ceux des deux maquisards sont retrouvés affreusement torturés le lendemain au bois de Malaunay à Ploumagoar.
Document réalisé par Jimmy TUAL le 11 août 2015, Lamballe. Professeur
d'Histoire-Géographie. 1 - Après le décès de son frère Yves CHARPENTIER le
10 juillet et avant la tuerie du Plessix à Maroué le 26 juillet. Sources: - http://memoiredeguerre.pagesperso-orange.fr/convoi44 - Témoignage de sa fille Renée CHARPENTIER épouse de René LEMEUR (entretien du 12 décembre 2014). - État-Civil. |
13/04/2016