Lionel de La Haye Saint Hilaire : Prisonnier à Miranda (Espagne)
(Source: Entre Everre et Minette" n°12 )
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Avant de débarquer en Provence, le 15 août 1944, en baie de la Nartelle, Lionel de La Haye Saint Hilaire a connu un parcours assez chaotique avant de rejoindre l'armée B de l'armée française, sous les ordres de De Lattre de Tassigny. Il évoquer son parcours. "En 1941/1942, j'ai vingt ans. Je suis étudiant à Paris en deuxième année aéronautique et construction automobile. Je participe au mouvement de résistance par des distributions de tracts. Pour échapper à l'occupation allemande qui rafle tous les jeunes, il ne faut pas rester ici. J'ai déjà deux frères prisonniers Jean et Christophe et Ernest-Marie, un cousin à Londres. En janvier 1943,
je quitte la France avec deux autres camarades. Sur la ligne Paris /
Bordeaux, je suis contrôlé trois fois. Dans chaque gare, trois Allemands
montent dans le train pour le contrôle d'identité : un à l'avant, l'autre à
l'arrière et le troisième au milieu. Lors du contrôle des feldgendarmes, je
tremble de peur : heureusement que je suis assis ! En tant
Passé Pau, les Pyrénées sont franchies par des chemins périlleux, pour rejoindre les FFL (Forces Françaises Libres). Mais arrivés en Espagne, nous sommes cueillis et emprisonnés : 15 jours à Elizondo, puis trois semaines à Pampelune avant d'être transférés le 13 juillet 1943 au camp de Miranda avec ses miradors et de nombreux rangs de barbelés. C'est le camp de la faim, de la soif, de la souffrance où je retrouve mon frère, lui aussi interné. Je croise également des aviateurs anglais et français, mais aussi de nombreux prisonniers de droit commun. C'est la Croix-Rouge américaine qui nous libère le 12 novembre 1943. Les alliés ont obtenu de Franco que les prisonniers ressortissants européens soient placés sous contrôle américain.
Un train nous emmène de Miranda à Malaga. J'embarque sur un rafiot, aux couleurs francoanglaises, qui gite beaucoup sur bâbord. De nombreux juifs français, qui ont échappé aux rafles nazies, y ont pris place. Passé le détroit de Gibraltar, nous arrivons à Casablanca, où je signe mon engagement. De Gaulle et Giraud sont présents en Afrique du Nord. L'armée B se constitue sur les restes de l'armée française, sous les ordres de De Lattre de Tassigny. Je suis incorporé 2ème classe au 3ème R.C.A. (Régiment des Chasseurs d'Afrique) commandé par Lamaze. Ma formation se déroule au cours de l'hiver 43/44 au camp de Bello au Maroc puis au sud d'Alger où l'armée B s'est regroupée. A l'issue de la formation, je passe sous-officier, grade maréchal des logis, l'équivalent de sergent. Le 3ème R.C.A. forme un peloton commando pour lequel je me porte volontaire. C'est ainsi que je débarque en baie de la Nartelle en Provence et participe à toute la campagne de France et d'Allemagne.
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