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 Jean SOREL

 

 Ancien de la 2e DB (Division Blindée), il a participé aux combats de la libération de la France aux côtés du général Leclerc. En 2010, il m’a raconté son engagement dans la lutte contre les nazis.

         En 1940, j’avais 16 ans. Avec mes parents, nous avons entendu l’appel du général de Gaulle et j’aurais bien voulu partir le rejoindre à Londres mais j’étais trop jeune. Pourtant,  dès ce moment-là, j’ai été gaulliste comme mes parents. Nous écoutions Radio Londres tous les soirs, nous avons entendu aussi le discours de Churchill traduit en français.

         Je portais ostensiblement une croix de Lorraine sur ma veste ; je l’ai portée pendant un an à la barbe des Allemands c’était de l’inconscience.  Je m’amusais à dessiner des V de la victoire avec cette croix de Lorraine sur les vitres de l’atelier derrière le magasin de mes parents. En 1941, cela m’a attiré des ennuis.

         Dans notre quartier, il y avait le RNP (Rassemblement National Populaire) qui était pétainiste et pro-allemand. Un jour, une vingtaine de gars du RNP m’ont vu passer avec ma croix de Lorraine. Ils m’ont suivi et ils m’ont vu entrer dans le magasin de mes parents rue de Nemours. Ils voulaient me casser la figure ou me dénoncer aux Allemands. Mon père les a chassés mais ils sont allés porter plainte au commissariat en bas de la place de la Mairie. La police est venue me chercher et ils m’ont emmené au commissariat. Là, j’ai été interrogé ; je leur ai dit que j’étais gaulliste et j’ai insulté le maréchal Pétain. Le commissaire a tout noté et a préparé un dossier puis il m’a relâché. Heureusement, un autre agent qui connaissait mes parents et qui, sans doute, n’aimait pas les Allemands, a fait disparaître mon dossier (je l’ai su à la fin de la guerre). Je n’en ai plus entendu parler, j’aurais pu être envoyé en Allemagne pour moins que ça.

         En 1942, j’avais 18 ans, j’ai cherché à m’engager dans un régiment d’infanterie coloniale de Bizerte en Afrique du Nord. J’ai rencontré des officiers qui ont essayé de me décourager en me disant qu’il n’y avait pas de bateau pour aller à Bizerte et qu’on risquait de rester pendant des mois à Marseille. Ils nous disaient  que, si nous restions avec eux, nous allions nous battre bientôt contre les Allemands, ce qui était complètement faux, on l’a vu plus tard.

         J’ai annulé mon contrat pour l’Afrique du Nord et j’ai signé pour le 27e régiment d’infanterie qui était en zone libre. J’ai été enrôlé à Le Blanc près de Châteauroux dans l’Indre. J’ai fait mes classes. Je suis resté là 4 mois avant que les Allemands n’envahissent la zone libre. Quand les Allemands sont arrivés, les officiers nous ont dit de lever les mains et de mettre les armes dans la cour, alors qu’ils nous avaient dit qu’on se battrait… Ce régiment était, non seulement pétainiste mais il fournissait des armes aux Allemands. Nous, nous avons été libérés et renvoyés dans nos foyers. On était fin novembre 1942.

         Je suis revenu à Rennes. Normalement, j’étais de la classe 44 mais, comme je m’étais engagé, j’étais considéré dans la classe 42 (hommes nés en 1922). A ce titre, je devais partir pour le STO travailler en Allemagne et ça, je ne le voulais pas. Je me suis planqué dans une ferme à Bruz. J’y suis resté jusqu’en 1944.

         Quand j’ai su qu’une division française avait débarqué le 1er août 1944 en Normandie, j’y suis parti espérant pouvoir m’enrôler là-bas. A Juilley, près de Saint-James, j’ai signé un engagement pour la durée de la guerre.

         J’ai participé à la bataille de Normandie, nous avons libéré Alençon, Ecouché, Argentan. Puis, nous sommes arrivés à Paris pour aider les Résistants qui avaient lancé l’insurrection contre les Allemands.

         Le 8 septembre, nous étions en Lorraine et j’ai participé aux batailles en Alsace, dans les Vosges. La 2e DB dépendait de la 3e armée américaine du général Patton. Vers le 20 avril 1945, nous sommes rentrés en Allemagne et le 8 mai, c’était la fin des hostilités. J’ai été démobilisé en octobre 1945.

 

                                               Propos recueillis par Renée Thouanel-Drouillas