Aurélie Victoire Marcelle CARRE née le 31 janvier 1901 à Lécousse, est la
fille de Pierre CARRE et de Victoire GOURDEL. Elle est l’ainée de la
famille, elle a 2 sœurs Henriette et Victoire.
Elle se marie avec Alphonse RUBILLON le 25 octobre 1918. Ensemble, ils ont
une fille Aurélie née le 4 mars 1920 à Fougères.
Tous deux travaillaient en tant que chaussonniers à Rennes après avoir vécu
à Fougères pendant quelques années.
Au début de la guerre, Aurélie et Alphonse entrent dans un groupe de
résistance appelé le groupe du Front National de Rennes. Elle participe à
l’élaboration de fausses cartes d’identités.
Arrestation :
Aurélie fut dénoncée par une femme arrêtée précédemment et torturée à
Jacques Cartier. Le 11 décembre 1943, la SPAC est venue la chercher 18 rue
des Trente après une journée de travail, boulevard de Chézy. Quand ils sont
arrivés à cette adresse, elle était bien entendue absente, encore au
travail.
Après quelque temps d’attente, c’est sa fille Madame GEMIN Aurélie, qui
était présente au domicile lors de leur arrivée, qu’ils ont mis dans la
voiture pour l’emmener à la place de sa mère. C’est à ce moment-là que
Madame RUBILLON arrivait de son travail. Ils l’ont poussé dans la traction
et ils ont fait descendre sa fille et sont partis.
Emprisonnement :
Aurélie a été internée du 11 décembre 1943 au 31 mai 1944. Elle a d’abord
été incarcérée à Jacques Cartier où elle a été torturée puis elle a été
transférée à la prison de Vitré située au niveau du château jusqu’au 2 avril
1943.
Par des lettres, elle y décrivait des conditions plutôt bonnes où elle cite
d’après une lettre envoyée à son mari « je suis très bien à Vitré », les «
chefs sont très gentils pour nous mais il ne faut pas le dire ». Elle parle
également de la prison centrale de Rennes où elle séjournera dans les mois
qui suivront, d’après elle « il parait que nous y sommes bien et je serais
avec des connaissances », elle cite Hélène Breton et une femme qui vivait
rue des Trente.
Le 3 avril 1944 à 14h a lieu son procès à Rennes où elle est condamnée à
1200 francs et 18 mois de prison.
Elle est ensuite transférée à la prison centrale de Rennes puis à
Romainville. Elle est ensuite envoyée à Paris le 2 mai 1944 où elle restera
pendant 1 mois avant sa déportation.
Déportation :
Le 1er juin 1944, elle est déportée vers l’Allemagne à Sarrebruck. Elle est
ensuite envoyée à Ravensbruck c’est dans ce camp qu’elle a passé le plus de
temps. C’est à son retour qu’elle décrit les horreurs des camps. Elle
expliquait qu’à l’arrivée au camp tous les prisonniers étaient fouillés et
inspectés, à la moindre suspicion de poux, les prisonniers étaient tués.
A l’arrivée, tous bijoux étaient saisis par les Allemands, elle raconta que
pour garder son alliance, elle dû la cacher sous sa langue à chaque fouille.
Elle a ainsi pu rentrer avec elle.
Elle expliqua aussi que quand il faisait très froid en hiver, on les
obligeait à se déshabiller, se mettre nue et attendre debout dehors, dans la
neige, sans fléchir. Le premier qui tombait était tué.
En Allemagne, elle travaillait également dans des usines de souffre, elle
avait perdu tous ses cheveux, et sa peau était devenue toute jaune. Elle fut
alors soignée pour l’emphysème (pathologie pulmonaire) jusqu’à sa mort.
Ce n’est que le 21 mai 1945 qu’elle est libérée. Quand elle est revenue à la
gare de Rennes, une foule l’attendait : son mari, ses voisins et ses amis
étaient venus la chercher à la gare de Rennes.
Le retour a été difficile, au début, elle ne pouvait manger que de la
bouillie. En Allemagne, elle raconta avoir du manger des asticots tellement
elle avait faim. En rentrant, elle avait perdu 45 kilos, elle pesait 105
kilos avant de partir.
Elle reprit alors ses activités en chaussonnerie et elle a élevée avec son
mari, sa petite fille Françoise née en 1947.
Elle est décédée le 12 juillet 1972 et le lendemain, le 13 juillet on lui
décernait la légion d’honneur, mais sa famille la refusa.

Médailles obtenues:
- Médaille de la déportation et de l’internement pour faits de résistance
(décernée le 23 décembre 1952)
- Croix du combattant (28 février 1953)
- Médaille du combattant volontaire de la résistance (31 mars 1953)

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