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Jean RICHARD
Originaire de Martigné-Ferchaud où il vit avec ses parents et ses grands-parents, Jean Richard est âgé de 20 ans en 1942. Il est étudiant en notariat à Rennes et loge au 68 rue Saint-Hélier. Avec quelques amis dont Pierre Morel et Bernard Dubois, il refuse l’ordre établi par l’envahisseur et se lance dans une première action de résistance. Avec l’aide de certains employés de mairie qui leur réalisent de faux papiers d’identité, ils permettent à des jeunes réfractaires au STO de se cacher dans des fermes. Louis Boulay, un employé de Martigné-Ferchaud est arrêté ; Jean Richard et Pierre Morel organisent son évasion et lui trouvent une cachette. C’est une première opération réussie ! Leur groupe entre en contact avec un réseau baptisé « Marathon Chinchilla » dépendant du BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Actions) qui dépend lui-même directement de l’état-major du général de Gaulle à Londres. Plusieurs actions sont réalisées : - En 1942, recueil et hébergement de deux soldats noirs évadés du camp de prisonniers près de Rennes. - En mai juin 1943, prise en charge de 2 soldats hindous de l’armée britannique qu’ils cachent dans des fermes. - Toujours en 1943, Jean Richard va héberger chez ses parents un aviateur US qui restera 15 jours avant d’être transféré dans une ferme à Eancé. - Au début du mois de juillet 1943, Jean Richard qui a alors 21 ans, rencontre pour la première fois François VALLEE, chef du réseau Oscar Buckmaster, qui vient d’être parachuté. Le rendez-vous a lieu place de la gare à Rennes, dans une vespasienne, puis ils prennent le train ensemble jusqu’à Martigné-Ferchaud. - Il devient le chef du réseau Oscar Buckmaster pour sa commune et les environs. Son principal contact est Herminie Prodhomme qui habite à Rennes boulevard Magenta et Bernard Dubois. - Sur la demande du capitaine François Vallée, il organise plusieurs parachutages o Le premier a lieu le 23 juillet 1943 à Martigné-Ferchaud. Le signal en était : « J’aime le son du cor le soir au fond des bois ». Des agents de Londres sont arrivés et, en particulier, l’opérateur radio « Georges » (en réalité Georges Clément) qui sera hébergé pendant un temps chez les parents Richard. o Le second est pris en charge par le réseau Châteaubriant-Eancé. Ce sont des armes qui seront cachées dans une ferme. o Le troisième qui devait avoir lieu à Retiers aura lieu, en réalité, à Saint-Aubin-du-Cormier. - Jean Richard et son groupe trouvent, dans le secteur de Martigné-Ferchaud, une quinzaine de maisons, souvent des fermes comme celle d’Angèle Misériaux, pour héberger des personnes « en situation irrégulière » : des agents de Londres ou des réfractaires au STO. Plus de 2 000 jeunes seront ainsi camouflés. Plus de 150 aviateurs américains ou anglais seront accueillis puis leur rapatriement sera organisé. Des containers d’armes parachutés seront récupérés. - Le radio Georges envoie depuis la maison des Richard de nombreux messages vers Londres, mais il doit souvent changer son poste de lieu pour ne pas être repéré. Puis Georges s’installe à Rennes, pour brouiller les pistes. C’est Jean Richard qui se charge du transport du matériel : « Rangé dans une petite valise bleue, il le transportera en prenant la micheline (petit train régional) » - Fin 1943, malgré toutes les précautions prises, la Gestapo va ébranler le réseau et procéder à de nombreuses arrestations. Jean a eu le temps de s’échapper de la maison familiale avant leur arrivée, mais son père sera arrêté et mourra en déportation. - Il reçoit l’ordre de quitter la France et de rejoindre l’armée du général de Gaulle en Angleterre car sa tête est mise à prix. Il passe par Ruffigné, Pipriac et gagne le maquis du Morbihan. En décembre 1943, il rejoint Douarnenez d’où il quitte la France clandestinement, de nuit, à bord d’une pinasse, le « Breizh Izel », avec d’autres résistants, des aviateurs anglais et américains. Ils parviennent à bon port à Falmouth. En Angleterre, il intègre la 2e DB du général Leclerc, il est affecté au 1er Régiment de Marche du Tchad (RMT). Début août 1944, il débarque en Normandie sur la plage d’Utah Beach et participe à la Campagne de France, il sera un des premiers à entrer dans Strasbourg et il ira jusqu’en Allemagne. Il reçoit la Croix de Guerre avec palmes et plusieurs citations. A la fin de la guerre, il refuse d’être démobilisé et rejoint la division Leclerc en Indochine dans une dernière Campagne avant la reddition du Japon. Après plusieurs missions en Indochine, il termine sa carrière militaire en Algérie où il reste 6 ans. Il y rencontrera sa femme, Huguette Attali, à Constantine. En 1968, de retour en France, il s’installe à Grez-en-Bouere (53). Il entre au service du Trésor Public et il intègre l’association des anciens de la 2eme DB. En 1992 il est fait chevalier de la Légion d’Honneur . En janvier 2007, il décède à l’âge de 85 ans. Anne-Marie THOMAS-REDOUTE Renée THOUANEL
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