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Madame  Yvonne Police, ou la sinistre affiche de Fougères

 

A Fougères, les affiches étaient placardées  sur les murs et sur les portes, il y en eut des blanches, des jaunes ou des rouges. A l’instar de L’Affiche rouge, poème magnifique d’Aragon, à la mémoire du groupe Manouchian,  une de ces affiches de mauvais augure est apposée par la Milice sur la porte du logement de Madame Police, au n° 20 de la rue des Feuteries. Ainsi elle est stigmatisée comme «  grande terroriste », au vu et au su de tous et sa tête est recherchée moyennant une belle récompense à qui aidera à son arrestation.

Prévenus rapidement par Léon Pinel, Yvonne et Robert Police quittent Fougères et se déplacent de ville en ville, de village en village, pour sauver leur vie. Ainsi ils rejoignent Mayenne, Alençon, Renazé et finissent leur exil à l’hôtel des Trois Canards,  à Lalacelle  (département de l’Orne), puis dans un hameau perdu où ils se cachent pendant neuf mois.    Ils se font délivrer de fausses cartes d’alimentation au nom de Legendre. Un camouflage total, avec la complicité du maire de la commune, lui-même résistant local.                                                              Qu’a donc fait Madame Police pour être désignée à la vindicte publique ? L’affichage ne signifie pas autre chose, dans une ville où elle travaille, comme tant d’autres, dans une usine de chaussures. Simplement cette jeune femme participe à la Résistance, comme son mari, au sein du Front National. Elle adhère au mouvement, en février 1942 et y côtoie Édouard et Denise Genouël, Madame Bouffort, Mr et Madame Barangé, André et Denise Delanoë, Jean Guyomard, Alfred Leroux, Léon Pinel, Madame Berjon, Pierre Geoffroy.

 Elle obéit à chacun des ordres de Thérèse Pierre. Elle accueille un responsable du Front national ou des F.T.PF., dans la plus grande discrétion, avec une extrême prudence. Il faut être sûr de l’identité de la personne que l’on doit  rencontrer.

Une de leurs missions est d’héberger des responsables de la Résistance pour quelques jours ou quelques semaines. Ainsi ils accueillent un employé du chemin de fer, André Geffroy, armé d’un revolver ;  Alfred Leroux, orphelin de ses deux parents fusillés.

Bien sûr Madame Police se sait surveillée, suivie souvent par un gendarme.

Enfin, lors des obsèques de Thérèse Pierre, à Rennes, elle suit le corbillard avec Madame Bouffort ; elles traversent, toutes les deux, la ville, dans un geste de fidélité affectueuse.

Le 16 août 1944, après la Libération de la Normandie, l’heure est au retour des Police  dans leur ville de Fougères. Une grande surprise les attend, leur maison a été totalement détruite par le bombardement du 9 juin 1944.

C’est la ruine, mais pas question de se plaindre ou de quémander, ni tirer gloriole des actions de la Résistance. Des gens simples qui ont fait leur devoir avec des risques souvent assumés.

 

Daniel Heudré