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Pierre MOGE

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Résistant Déporté

 

MOGE Pierre, Georges. Né le 31 décembre 1903 à Rennes (35). Marié le 2 mai 1927 à La Vicomté / Rance (22) avec Ernestine, Françoise, Henriette, Marie LORET. Père de 2 enfants. Domicilié 4 impasse du Puits Mauger à Rennes.

Electricien aux ateliers de la gare S.N.C.F. de Rennes. Dénoncé par un certain T... dont la fille est interprète au service du commandant PECK, chef de la Gestapo de Rennes, pour lui avoir reproché leur collaboration et leur sympathie pour les services ennemis.

Il est arrêté le 5 mars 1943 à Rennes par la Gestapo, comme communiste. Incarcéré à la prison Jacques Cartier de Rennes, transféré le 16 mars 1943 à Compiègne (60), matricule 12892. Le mardi 20 avril 1943, Pierre MOGE est intégré au convoi n° 157, constitué de wagons à bestiaux où 997 hommes sont entassés à une centaine par wagon.

Ce train part le même jour de la gare de Compiègne à destination du camp de concentration de Mauthausen, en Autriche. Au cours de cette période, en 3 semaines, près de 4000 personnes sont déportées. C’est le fait, d’une part de l’augmentation de la répression par les Allemands et d’autre part, d’un besoin de main-d’œuvre pour l’économie du Reich. Ce convoi arrive à la gare de Mauthausen le jeudi 22 avril 1943.

 L’accueil est épouvantable, les portes des wagons sont ouvertes avec violence. Les S.S. hurlent des ordres incompréhensifs en allemand, les chiens aboient avec férocité. C’est la cohue, l’horreur ; les coups pleuvent jusqu’à ce que les déportés comprennent qu’il faut se mettre en colonne par 5. Encadrée par les S.S., la longue colonne de Déportés traverse l’agglomération. Au passage des déportés, des gosses leur lancent des pierres. Dès que le village est franchi, les déportés, sous les coups, doivent se mettre au pas de course avec leurs bagages. Des hommes tombent, ils sont abattus et chargés dans un camion se trouvant à la queue de la colonne. Les chiens mordent les chevilles et les mollets. Après 4 à 5 km effectués dans ces conditions, les déportés arrivent au camp de Mauthausen. Après avoir passé l’après-midi au garde à vous, parqués près de l’entrée, les déportés doivent se défaire de tous leurs effets et objets personnels. Introduits ensuite dans le bâtiment des douches, situé en sous-sol, c’est le rasage intégral, le passage au crésyl, la douche où l’eau froide et bouillante sont alternées, la remise de la tenue rayée. Pierre MOGE devient le matricule 28346.

 Le 20 juin après 2 mois en camp de quarantaine, il est transféré à Wiener Neustadt, situé dans l’agglomération du même nom, en Basse Autriche. Il s’agit d’un kommando de Mauthausen où les déportés sont exploités au montage de pièces de V2. Le 17 novembre1943, le site est bombardé par l’aviation alliée. Une partie des déportés est renvoyée sur Mauthausen, l’autre, « les spécialistes », transférée le 20 novembre à Buchenwald où Pierre MOGE reçoit le matricule 31771. Le mardi 23 novembre, il est dirigé sur Dora «La Dévoreuse d’hommes».

Situé à environ 80 km de Buchenwald. La création de Dora commence le 28 août 1943. Le but : y installer une usine souterraine pour la production de fusées V2 commencée sur le site de Peenemünde sur l’île d’Usedom au bord de la Baltique ; site bombardé et détruit dans la nuit du 17 au 18 août 1943 par l’aviation anglaise. Jusqu’à la fin du 1er trimestre 1944, les déportés vivent entièrement sous terre, le camp de surface n’existe pas. Ils travaillent et dorment dans les tunnels, sans voir le jour dans la poussière et le bruit. Ce sont des conditions extrêmes.

Dès novembre 1943, Pierre MOGE est affecté au kommando de rivetage et soudure, il y reste 6 mois, sans sortir du tunnel. En mai 1944, il est intégré au camp de surface, le kommando dépend du block 105. Le jeudi 5 avril1945, après les bombardements de Nordhausen, le camp de concentration de Dora est évacué par trains et marches forcées. Le convoi de déportés où se trouve Pierre MOGE effectuera en train à 100 par wagon le parcours suivant : départ le 5 avril de Dora, le 6 Ellrich, le 7 après de nombreux arrêts, certains tentent l’évasion, les S.S. les exécutent et tirent sur les wagons ; ce fut un massacre, Osterode le 8, Magdebourg le 9, le 10 le train ne trouve pas d’issues à cause des bombardements alliés, le 11 Oebisfelde et Wittengerge, le 12 Nauen, le 13 Oranienburg Sachsenhausen, le 14 Ravensbrück où Pierre MOGE reçoit le matricule 15135.

Le camp est évacué à partir du 24 avril. Le 26 avril, une colonne de déportés comprenant entre autres, Pierre MOGE et ses deux camarades Francis GARAULT de St Hélen (22) et Jean LE GAC de Loguivy Plougras (22), notaire à Poullaouen (29) est mise sur la route à pied en direction de Malchow, c’est la "marche de la mort". Passage le 28 au camp de Neustadt Glewe. La colonne tourne en rond pendant 2 jours entre Lübz, Neustadt Glewe et arrive à Parchim. Les déportés sont libérés par les Américains et les Soviétiques, le mercredi soir 2. mai 1945. Après avoir récupéré partiellement sa santé, il reprendra ses activités à la S.N.C.F. à Rennes. En 1947, il prend en charge son petit fils Pierre Klein. Prenant sa retraite en 1960 à Pleudihen (22), il y décède le 27 novembre1974 à l’âge de 71 ans.

 Sur les 997 hommes formant ce convoi le 20 avril 1943 au départ de Compiègne, 422 sont morts ou disparus dans les camps de concentration nazis et pour 58 autres déportés, la situation n’est toujours pas connue en 2007

Sources : Biographie extraite de l'ouvrage 'les Déportés des Côtes du Nord" de Marie-Pierre et Pierre KLEIN petit-fils de Pierre MOGE, acte d'état, civil, archives allemandes, Ministère de la Défense et Guy FAISANT

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