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 Pierre LEFAIX 

         Le général René Chesnais écrit dans son livre : « La guerre et la Résistance dans le sud de l’Ille-et-Vilaine » page 46 : « L’aérodrome de Rennes Saint-Jacques était le domaine de Pierre Lefaix dont les parents possédaient la ferme de La Morinais… Pendant toute la guerre, depuis 1941 jusqu’en août 1944, Pierre Lefaix a donné tous les renseignements possibles sur le camp d’aviation pour lequel il avait un laisser-passer (ausweis) permanent. Il se mettait souvent à la disposition des Allemands avec son cheval et sa charrette pour transporter, entre autres, bois et charbon pour le chauffage des divers baraquements. Du haut de sa charrette, il avait une vue plongeante sur les dépôts de munitions, alvéoles de protection des avions dispersés dans la nature, dépôts d’essence, etc…

         Le recrutement de Pierre Lefaix s’est fait d’une manière assez amusante : Monsieur Pochard avait fait la connaissance d’un commissaire de police, Monsieur Saloux, venu faire une enquête de voisinage. Ils avaient sympathisé et Monsieur Saloux ainsi que sa fille Marcelle avaient adhéré avec enthousiasme au réseau en cours de formation.

         C’est Marcelle Saloux qui a recruté Pierre Lefaix. Les parents de Pierre Lefaix étaient venus en voiture à cheval à la messe de l’église des Sacrés-Cœurs à Rennes. Marcelle Saloux qui avait suivi des cours de chants au conservatoire, faisait partie de la chorale des Sacrés-

Cœurs. Celle-ci devait se produire à Bruz et n’avait pas de moyens de transport suffisants. Voyant la carriole de la famille Lefaix devant l’église, Marcelle Saloux eut l’idée de demander aux parents Lefaix s’ils auraient la gentillesse de transporter une partie de la chorale à Bruz avec la carriole familiale pour leur cérémonie. Les parents Lefaix acceptèrent mais firent escale à la ferme de La Morinais et passèrent les rênes à leur fils Pierre. C’est comme cela que Pierre fut recruté. »

         Laissons Pierre Lefaix, lui-même, raconter cette rencontre : « En passant près du camp, Marcelle me questionnait beaucoup, je trouvais ça drôle. J’avais commencé à apprendre l’allemand, je le lui dis… Le soir, je suis allé les rechercher pour les ramener à Rennes.

Le lendemain, elle est venue me demander si je voulais bien être leur agent de renseignement sur Saint-Jacques. J’étais bien placé et toujours habillé en paysan. Mon rôle était de prendre le plus de renseignements possibles. J’ai pris quelques photos, mais pas beaucoup. C’était dangereux… J’avais des boîtes aux lettres, je savais où aller. Il fallait donner les renseignements le plus vite possible. J’allais quelquefois rue de Villeneuve, boulevard de Sévigné. On avait des rendez-vous à Bréquigny et, quelquefois, dans des cafés mais il fallait faire attention… J’ai été dans trois réseaux : « Manipule 57 », mais il a été démantelé, on a eu quelques dégâts, ça a été dur à ce moment-là. Le deuxième, c’était le réseau « Samson » et le troisième, le réseau « Nicolas ». J’avais souvent eu la trouille… » 

Dans le quartier de La Morinais, Le Haut-Bois ou La Chevrolais, les gens ne pensaient pas que Pierre Lefaix faisait de la Résistance. Ils pensaient, au contraire, qu’il était au mieux avec les occupants allemands car ceux-ci venaient souvent à la ferme chercher du ravitaillement. C’était souvent le meilleur moyen de ne pas éveiller les soupçons des nazis. Toutefois, par précaution, Pierre Lefaix avait fait percer une porte dans le grenier de sa ferme, car il avait prévu de pouvoir s’échapper par derrière, à travers champs, si des Allemands venaient pour l’arrêter.

Pierre Lefaix est mort en août 2001. Le Général Chesnais a tenu à lui rendre hommage dans l’église Sainte-Thérèse de Rennes. Il a insisté pour dire que Pierre Lefaix avait toujours voulu rester dans l’anonymat. 

Il a reçu la carte de Combattant volontaire de la Résistance.

  

                                                        Renée Thouanel-Drouillas.

 

Sources : Livre du Général René Chesnais : « La guerre et la résistance dans le sud de l’Ille-et-Vilaine ».

Rencontre avec Pierre Lefaix.  

 

 

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