André LE CHATON, résistant, déporté.

Matricule 40272.

(1919 1998

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Né le 9 octobre 1919. Inspecteur de police, il entre dans la résistance dès 1942 à Libération-Nord sous le pseudonyme de Flicard, il est recruté par Gustave Delisle.
Chargé du recrutement et de la fabrication de fausses cartes d'identité. Début 1943, le sous-lieutenant Lecomte, chef de groupe de l'armée secrète le charge du service de renseignements pour la région de Rennes: recherche des États-majors allemands, fortifications, distribution des journaux clandestins "Résistance et la Flamme". Il est mis à la disposition du capitaine Yvon Jezéquel, chef du réseau Turquoise, mission Blavet. Il autorise  la reproduction de clefs de menottes pour préparer l'évasion d'un officier de l'Intelligence Service.

Lors de l'arrestation de l'État-major de l'Armée Secrète, il est chargé de récupérer les papiers de cet État-major qui se trouvaient cachés, rue Poullain Duparc à Rennes. Il est arrêté sur dénonciation le 25 avril 1944 à Rennes. Il est interné à la prison Jacques Cartier de Rennes, après avoir été torturé. Transféré de Rennes à Compiègne le 29 juin 1944, il est déporté le 28 juillet 1944 de Compiègne vers Neuengamme.

Il commence par connaître pendant le voyage qui dura quatre jours, la chaleur, la soif, la faim, l'odeur des latrines située au centre du wagon. A l'arrivée à Neuengamme, les coups des SS commencent à pleuvoir. Il est emmené dans un bâtiment destiné à l'accueil et la sélection. Dénudé, on lui rase toute le corps avant de lui donner des vêtements de déportés avec son numéro matricule 40272.

 La plupart des activités de ce camp étaient d'ordre économique: extraction de la glaise pour la briqueterie, travail dans les usines d'armement et les usines navales. Ces travaux exténuants coûtèrent la vie à de milliers de détenus.  (Sur 1652 détenus de ce convoi, un tiers seulement reviendront en France). Il sera affecté dans un kommando à Sachsenhausen.

André le Chaton témoigne:

"Déclaré inapte au travail, on m'installa avec de nombreux camarades à faire un travail "sédentaire" – Les tresses– dans les caves d'un bâtiment en briques. Nous devions tresser une matière synthétique jusqu'au jour où un officier SS désigna une centaine d'entre nous pour être transféré en Suisse. C'est ainsi que nous fumes divisés en deux contingents et répartis dans des cars de la Croix Rouge suédoise avec chauffeur militaire suédois; des biscuits de la Croix Rouge suédoise nous fumes remis et nous étions accompagnés d'un militaire allemand.

Au bout de quelques heures de voyage, les cars nous débarquèrent dans un petit camp de Juifs à une heure de Bergen-Belsen, près d'un camp de STO. Puis nous fumes abandonnés, les Juifs et nous, par les gardiens du camp pendant deux heures. Nous avons cru à la libération, mais grande fut notre surprise lorsque nos gardiens revinrent. nous avions détruits toutes les installations du camp, cherchant partout de la nourriture. Devant ces faits , les SS se livrèrent à un massacre, tirant sur tout ce qui bougeait. M'étant réfugié dans les latrines, j'étais récupéré par les gardes à la fin de la fusillade. J'ai cru, avec les rescapés, que nous allions être fusillés mais après un nombre de mouvements d'éducation physique tels que rester sur une jambe (celui qui mettait le pied à terre était fusillé).

Au bout d'un certain temps qui me parut très long, nous fumes installés dans un camion benne dont on se sert dans les travaux publics pour, nous transporter à Bergen-Belsen et je crois que c'était mi-janvier 1945. Là nous fumes conduits dans le camp n° 1. Il n'y avait aucun lit. Les détenus couchaient à même le sol en attendant de mourir dans leurs excréments. Neuengamme était un palace à côté de cela. Par la suite, je fus employé à transporter les cadavres dans la fosse commun, creusée par les soldats italiens, mais auparavant j'ai connu la séance de piqûres, la désignation pour cette fin atroce était faite par un officier accompagné de kapos et cela sur la place à proximité du tas de cadavres.

C'est ainsi qu'un jour, nous avons vu nos SS remplacés par des soldats hongrois au brassard blanc qui nous tiraient dessus lorsque nous allions à la recherche de rutabagas.

Puis les troupes alliées, des Anglais, sont venus dans nos blocks, revêtus de cagoules et armés. c'est ainsi que nous fumes mis en quarantaine.

De jeunes médecins anglais nous ont prodigués les premiers soins dans une caserne puis transportés par la suite dans un hôpital et évacués dans un avion le 7 juin 1945  vers Paris. Je fus accueilli à l'hôtel Lutétia à Paris"

   

Sources:
Famille: Bernard Droniou