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En avril 1943, Bernard LEBAS avait écrit une lettre à son frère Clément l'invitant à rester en France, plutôt que de partir  comme STO en Allemagne. cette lettre a été trouvée lors d'une perquisition, faite au domicile de son frère à Martigné-Ferchaud. La gendarmerie de Louvigné-du-Désert ayant reçu un coup de téléphone d'un membre de la Gestapo donne l'ordre de l'arrêter...

 

Déposition de Bernard LEBAS contre les gendarmes de Louvigné du Désert

Mon frère, Clément LEBAS, a été arrêté par la Gestapo  à Martigné-Ferchaud (I-&-V) le 9 Octobre 1943 puis s'est évadé.

C'est alors que la Gestapo a téléphoné le soir même à Louvigné-du-Désert (I-&-V) de venir l'arrêter ainsi que moi-même.

Quelques minutes après, les gendarmes: le chef BRIENS, BIZIEN, RICHARD et CHOTARD sont  venus me chercher dans la ferme du "Clos du Chemin" en Villamée où j'étais employé, revolver au poing en me criant : "Au nom de la Gestapo, on t'arrête! Où est ton frère ?". Je leur répondis que j'ignorais où il se trouvait. Le chef BRIENS me demanda s'il était dans la ferme; je lui dis que non. "Alors, on t'emmène— me fit-il" Je lui rétorquai que je n'avais pas mangé depuis midi ". Cela ne fait rien —, me répondit-il— nous avons ordre de t'arrêter, on ne discute pas".

Il était 19 h. Sur l'intervention des enfants de mon patron  et des autres gendarmes, il m'a cependant laissé manger un peu et nous sommes partis à la gendarmerie de Louvigné.

Je suis resté assis toute la nuit attendant que la Gestapo de Rennes vienne me chercher. Durant les autres nuits passées à la gendarmerie, j'étais couché sur le plancher.

La Gestapo ne venant pas me prendre, le chef BRIENS téléphonait continuellement à la gendarmerie de Fougères à Rennes en disant : "Nous avons toujours le jeune homme. Que faut-Il en faire ?" On lui répondait : "Gardez-le à vue".

Fatigué de me voir là, BRIENS réquisitionna une voiture à Louvigné et me fit emmener à la Gestapo à Rennes. De là, je fus incarcéré cinq mois à la prison Jacques-Cartier. Je passai ensuite trois semaines; à Compiègne et quatorze mois de dans le concentration à Mauthausen d'où j'ai été rapatrié le 19 mai 1945.

Je suis actuellement malade et en traitement à Ponchaillou à Rennes.

Le brigadier BRIENS est en outre accusé d'avoir arrêter des jeunes gens de St-Georges-de-Réintembault (I-&-V) et de les avoir fait déporter en Allemagne.

Bernard LE BAS - Hôpital de Ponchaillou - Salle Henri BANNETEL le 13 août 1945