Paul,
Emile, Marie LE GALL est né le 4 septembre 1890 à Lorient (56).
Après avoir fait ses
études à l'Ecole Vétérinaire de Toulouse, Paul Le Gal part au front comme
sous-lieutenant pendant la guerre 1914-1918. Il
est cité pour sa belle conduite et
reçoit la croix de guerre. Envoyé ensuite en Orient, en Serbie, en
Grèce et en Syrie, il en revint avec la
médaille d'Orient, de Yougoslavie et de Saint-Georges de Russie. En 1919, il
rentre en France et termine ses cours de
vétérinaire à l'Ecole de Cavalerie de Saumur. En 1920, il est choisi parmi
de nombreux candidats pour faire partie de la mission hellénique. Il a le
grade de capitaine. Pendant deux ans en Grèce, il assume les fonctions de
Commandant des Services Vétérinaires de' l'Armée de Thrace à un moment où la
Grèce et la Turquie étaient belligérantes. Il est chargé d'installer des
hôpitaux à Salonique, à Dédéagatch, sur les bords de la mer Egée et à
Karagatch, près d'Andrinople.
Il rentre de sa mission en
1923 et, en 1924, quitte, l'Armée et installe un cabinet vétérinaire à
Saumur. Officier de réserve, chevalier de la Légion d'honneur, il suit
toujours régulièrement les cours de l'Ecole de Saumur, car il aimait
passionnément son métier.
En 1939, il est appelé,
peu avant la déclaration de guerre, pour former un hôpital vétérinaire à
Lunéville. Au moment de la retraite de 1940, le capitaine Le Gal se replie
avec tout son hôpital, non sans avoir couvert sa retraite en opposant une
vive résistance à l'ennemi.
Il est fait prisonnier à
Besançon et libéré à la fin de 1941.
La situation de la France
l'afflige. Maintes fois il en fait part à son entourage. Il entre dans la
Résistance dans un groupe de Saumur, en décembre 1942 (Inscrit comme agent
P1 du 1er décembre 1943 au 1er octobre 1943 dans le
réseau Denis Aristide Buckmaster puis comme agent P2 du 1er
octobre 1943 au 19 mai 1944 comme chargé de mission de 2ème
classe dans le réseau Navarre). Suite à une dénonciation, il
est arrêté par la Gestapo à son domicile,
dans la nuit du 8 au
9 octobre. Interrogé au quartier général
de la Gestapo de Saumur, il est interné avec d'autres Saumurois au
Pré-Pigeon à Angers jusqu'au 2 ou 3 janvier 1943. Il est ensuite transféré à
Compiègne puis déporté le 24 janvier vers le KL Buchenwald. (Au total, le
transport du 22 janvier concerne 2 005 personnes, dont 1 864 Français. Le
trajet est marqué par un total de 14 évasions sur le territoire français, et
une soupe à l’arrêt à Trêves.).
Raymond ANNE raconte:
"Pendant les 4 jours et quatre
nuits du voyage, il entendait Paul qui essayait de faire assoir
les 110 déportés du wagon, sur le plancher, puis les calmer en
leur disant qu'ils étaient plus heureux que certains qui avaient
été fusillés la veille. malheureusement, sa tentative ne dura
pas longtemps". Raymond Anne 25 ans après, le voit encore assis
au milieu du wagon...
A Trèves, il y eut un arrêt, pour
compter les déportés devant des voyageurs allemands. Des copains
essayèrent avec un couteau de faire des trous dans le plancher.
Le voyage fut horrible." |
Ce que ses camarades de
Buchenwald et de Dora se rappelleront toujours
c'est le dévouement constant apporté par Paul Le Gal pour soigner les
malades. A ces moments-là, il ne pense
pas à lui. Certains matins, il change volontairement de kommando
de travail — et l'opération n'était
pas sans risques — pour aller
travailler dans les bois plutôt
qu'à la carrière. Le motif?
Rapporter en cachette des provisions d'écorces de chêne avec
lesquelles il fera, le
soir venu, des infusions pour
« ses » malades atteints de dysenterie.
Le Gal est toujours prêt
à toute heure pour soigner un de ses
compagnons. Il ne se donne pas de repos. Nous avons beau lui conseiller de
dormir, il voyage durant la nuit d'un coin à l'autre de son block, et même
des blocks voisins, pour répondre à
l'appel de ceux qui voyaient en lui un sauveur.
Propos recueillis auprès de rescapés de Dora
(Raymond Anne, Alexandre Bourge,
William Huberdeau, M. Petit
"A
l'arrivée à Buchenwald, Paul est mis en quarantaine au block 56
avec tous les autres. Ces 40 jours furent vite passés. Le petit
camp était infecté, mais à part cela, Paul était en pleine forme
car il ne faisait rien. Pendant ces 40 jours, il eut 8 piqures.
Il a dû se demander, lui qui était vétérinaire, ce que pouvait
contenir ces seringues. Paul Chantait et avait un moral de fer.
Le 7 mars, départ en camion avec les bâches fermées vers Dora.
Arrivée à DORA
(Documents sur l'usine souterraine de Dora)
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Paul, depuis son arrivée, venait en aide, sans arrêt, à ses
camarades.
Pendant la quarantaine, il sauva de la dysenterie, le
journaliste
René Marnot de la Nouvelle République et d'autres
certainement. Paul risquait sa vie à chaque instant, en faisant
bruler du bois, pour obtenir de la poudre de charbon de bois..
Tout le monde l'appelait "le toubib". C'était son surnom,
pendant sa courte vie de bagnard..
Paul fut affecté au travail appelé "la terrasse". C'était très
fatiguant. Toujours exposé au froid et à la neige de cet hiver
1943-1944.
Pour les Allemands, il était urgent de construire un camp
extérieur , en supplément du camp intérieur de Dora, situé dans
le tunnel. Pour construire ce camp, tous les hommes valides
travaillaient en équipe de jour..
A cette époque, il n'y avait que quelques baraques de
construites. Raymond Anne se souvient qu'il voyait Paul au
moment du déjeuner où le matin quand il rentrait de l'équipe de
nuit.
Un dimanche, Paul vient voir William Huberdeau (qui travaillait
habituellement de nuit) pour lui demander du sucre, car il
toussait et il voulait se faire une boisson chaude.. William
Huberteau lui donna 12 donna 12 morceaux en échange d'ail.
L'appel du matin commençait à 4 heures et durait de 1 à 2
heures. Le travail commençait aussitôt après le petit déjeuner.
Paul se fatiguait bien plus que les autres, car au lieu de
dormir, il passait du temps à fabriquer de la poudre de charbon
de bois.
De voir un déporté soigner ses camarades et qui gardait un moral
de fer, exaspéraient les Allemands.. Un jour, il reçut un cou de
baïonnette dans les fesses ce qui lui provoqua une infection. La
gangrène se manifesta puis la septicémie.
Avant de mourir, Paul très conscient de son état, donna ses
lunettes au docteur Petit, vétérinaire que Paul avait connu à la
Faculté de médecine vétérinaire de Toulouse, 34 ans plutôt, en
lui disant:" cela peut servir à des copains et dis à ma femme et
à mes fils que je pense à eux."
N'ayant pas de four crématoire à Dora, son corps fut transporté
à Buchenwald pour être incinéré.
C'était le 20 mai 1944 |
Distinctions françaises et
étrangères:
Croix de
Guerre 1914-18 Palme en 1939-4539-45
Médaille St-Georges (Russie)
Médaille d'Orient
Médaille yougoslave
Médaille des Services volontaires
Chevalier de la
Légion d'Honneur
Chevalier du Mérite agricole
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Le menu de la semaine des déportés: à Dora
Tous les jours, 1 litre de soupe et un bâton de
margarine
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Lundi
: 2 cuillerées de confiture
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Mardi : 1
tranche de saucisson
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Mercredi : 2 cuillerées de fromage
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Jeudi
: 1 tranche de saucisson
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Vendredi : 1
tranche
de saucisson
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Samedi : fromage rond
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Dimanche : bœuf ou pâté (1 boîte pour 12 personnes)
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Sources:
Documents de famille
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