Guillemoto Rogatien
Déporté résistant
(1905-1945)
Né le 11 janvier 1905 à Batz-sur-Mer (44). Il
travaille à la boulangerie Libaud de Guérande avant de devenir gendarme.
Engagé dans les Forces
Françaises Combattantes (F.F.C.) il fait partie du réseau Buckmaster de
Martigné-Ferchaud où il est agent de renseignements et de protection des terrains de
parachutage.
Arrêté le 8
octobre 1943 à Martigné-Ferchaud par des officiers allemands de la
Feldgendarmerie de Rennes, accompagnés de deux gendarmes allemands et de
deux policiers en civil, avec le Maréchal-des-Logis-Chef Planchais, et
les gendarmes Piette et Martin, de la brigade de gendarmerie de
Martigné-Ferchaud.
il est interné à Rennes dans la prison Jacques Cartier.
Déporté par le convoi parti
de Compiègne le 21 mai 1944 et arrivé au KL
Neuengamme le 24 mai Matricule
30425.

Il fait partie du kommando de
travail de Fallersleben, fort de 656 déportés loués aux usines Wolkswgen pour les
travaux les plus durs.. Devant l'avance des troupes alliées, l'ordre
d'évacuation fut donnée. "
Un de ses camarades raconte dans une
lettre écrite à Madame Guillemoto le 15 septembre 1945:
"Nous embarquâmes à 150 par
wagons et nous quittâmes
Fallersleben le 7 avril 45 à 11
h du soir. Nous arrivâmes 6 jours plus tard à Ludwigburg après avoir erré
sur les voies sans boire ni manger....
... Ce fut une colonne de
mourants qui entra dans les barbelés de Wöbbelin, camp situé à 5 km de
Ludwigburg. Nous sommes restés 3 semaines dans ce camp maudit ^ù la
mortalité devint effrayante. Sur 5.000, il en mourut 1.500 en l'espace de 12
jours.
Pendant ce temps , votre mari
se comportait bien. Le 2 mai, par un beau soleil, les Alliés sont
venus libérer les pauvres loques que nous étions. Ils nous ont transportés
jusqu'à l'infirmerie de Ludwiglust où les premiers soins nous ont été
administrés.. Beaucoup de malheureux décédèrent à ce moment là. Avant de
partir de Ludwiglust, le 21 mai 1945, j'ai rendu visite à votre mari qui
était ce jour-là très fatigué. Je ne pouvais supposer que ses jours étaient
en danger. . Il me dit: Je voudrais bien moi aussi m'en aller, mais je
ne peux malheureusement pas bouger."...

Il décède le 31 mai 1945 et
est inhumé à Schwerin dans le parc d'une clinique privée- rue Wismarsche quartier de
Sachsenberg- tombe n° 6388.
Lettre écrite le 13 mai
1945 par Rogatien Guillemoto à sa famille de l'hôpital de Ludwigslust quelques jours
avant sa mort.

Témoignage sur le
convoi parti de Compiègne le 21 mai 1945 pour le KL Neuengamme:
Fallersleben et Wöbbelin
Notre convoi est parti de Compiègne le 21 mai 1944 au petit malin emportant
1993
hommes vers le Reich nazi. Nous étions cent par wagon de marchandise avec une petite
ouverture de 40 cm sur 70 cm barreaudée, notre seule entrée dair et avec un bidon
de 200 litres pour tinette. Nous sommes arrivés au Koncentration lager Neuengamme le 24
mai au soir avec quelques morts et des fous vite abattus.
Poussés par les hurlements et les coups des SS, nous avons couru jusquaux caves
dun bâtiment où nous avons été pris durement en main par les kapos pour la
tonte, la douche et la désinfection, mais nous avons pu enfin boire un peu malgré les
coups de trique.
Le dressage dans le camp fut très brutal mais bref car nous avons été désignés
pour le nouveau kommando de Fallersleben, fort de 656 déportés loués aux usines
Volkswagen pour les travaux les plus durs. Nous avons perdu là, 35 des nôtres sur les
462 venus de France lorsque à la joie du débarquement a succédé labattement
dune progression des Alliés toujours trop lente à nos yeux, lépuisement par
le travail, la maladie, la faim et la rigueur de lhiver.
Le 7 avril 1945 soir, nous sommes partis en train vers lEst avec plusieurs autres
Kommandos de Neuengamme soit prés de 2.000 hommes et 600 femmes, à raison de 120 par
wagon de marchandises. Après un enfer de six jours les vivants et les morts ont été
jetés dans le camp inachevé de Wöbbelin à lest de lElbe 1e14 avril. Dans
ce mouroir, arrivèrent de partout 10.000 détenus. Nous avons très peu travaillé, il y
a eu peu dexécutions. Les maladies et la faim suffirent pour que nous nayons
plus la force de ramasser nos 400 morts par jour. De notre groupe parti de France, nous
navons été que 248 rapatriés après notre libération le 2 mai par la
82°division parachutiste américaine qui avait devancé les armées soviétiques .Sans
eux, nous naurions pas tenu une semaine de plus.
Les Américains nous évacuèrent très rapidement vers Lüneburg, en repliant nos
malades des hôpitaux quils nous ouvrirent à Ludwigsburg puis Schwerin .Nous eûmes
encore de nombreux morts : sur les 3.000 libérés de Wöbbelin, 100 par jour moururent la
première semaine. |
Sources:
Madame Jolivet, fille de Rogatien Guillemoto |
|