Marcel BROSSIER
Nous savons
peu de choses sur ce Résistant de la première heure, premier fusillé de
Bretagne, puisqu’il fut passé par les armes le 17 septembre 1940 soit trois
mois après l’arrivée des Allemands à Rennes.
Marcel
Brossier voit le jour à Sainte-Gauburge dans l’Orne le 3 mars 1909. Il est
le fils de Gustave Brossier et d’Henriette Mézerais. On peut penser qu’il
eut une enfance difficile puisqu’il avait un tuteur, M. Louis Forget.
Quand il est
convoqué pour passer le Conseil de Révision en juillet 1929, il habite à
Vern-sur-Seiche, près de Rennes, où il exerce la profession de mécanicien.
Mais Marcel Brossier ne fait pas de service militaire car il est amputé de
la moitié inférieure de la jambe gauche. Sans doute est-il appareillé ?
En 1939, il
a 30 ans mais, pour la même raison, il n’est pas mobilisé en septembre de
cette année-là. Il ne peut donc pas se battre contre l’Allemagne nazie et
pourtant, il enrage quand il voit les armées ennemies envahir la ville de
Rennes le 18 juin 1940. Il ne supporte pas de les voir se pavaner dans nos
rues et s’installer pour y rester longtemps. Il habite alors au 33 rue
Duhamel à Rennes.
Il veut
faire quelque chose mais les groupes de Résistants n’existent pas encore ou,
du moins, il ne les connaît pas. Il a vu des ouvriers installer des câbles
électriques et téléphoniques pour alimenter des installations allemandes. Un
soir, il prend des cisailles dans sa poche et, dès qu’il le peut, il coupe
un de ces câbles.
Est-ce qu’il est pris
en flagrant délit ou est-il dénoncé par un « bon Français » adepte de la
collaboration avec les Hitlériens ? Toujours est-il qu’il est arrêté et
passe en jugement devant un tribunal militaire allemand le 12 septembre
1940. Ce tribunal veut faire un exemple car il ne veut pas que ce genre de
« sabotage » recommence ; il condamne Marcel Brossier à la peine de mort.
Il est
fusillé devant le stand de tir de la Maltière le 17 septembre 1940. Certains
disent qu’il aurait été fusillé assis sur un tabouret… C’est possible, il a
dû être interrogé « vigoureusement » et s’est vu, sans doute, arracher sa
prothèse.
Après son
exécution, il est enterré au Cimetière de l’Est à Rennes, mais comme il n’a
pas de famille connue, sa tombe sombre dans l’oubli. Bien qu’il ait la
mention « Mort pour la France », sa tombe sera supprimée et ses restes
mortels mis dans la fosse commune.
Dans sa famille, la
maman de Marcel Brossier est restée « la tante dont le fils a été
fusillé… », sans préciser son nom ni le lieu de son décès.
Le nom de Marcel Brossier est inscrit
sur le monument aux morts de Trouville.
Le seul souvenir que l’on ait de Marcel Brossier est l’affiche qui fut
placardée dans toute la ville de Rennes pour effrayer la population, affiche
annonçant sa condamnation à mort pour « acte de sabotage ».
Écrit par Renée Thouanel.
D’après des recherches faites par Jacques Garcin, d’Alençon, délégué
départemental de « Mémoires et Espoir de la Résistance » de l’Orne et les
résultats des recherches généalogiques faites par sa petite-nièce, Catherine
Dutacq-Leveneur |