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Marius-Etienne BRIANT

Résistant Déporté (1922 — 1944)

 Il est né le 31 janvier 1922 à Sceaux-d'Anjou. Élève à l'École publique de garçons de Champigné puis au Cours complémentaire de Segré de 1935 à 1939. Il devient élève maître à l'École Normale d'Instituteurs d'Angers du 31 janvier 1940 au 30 septembre 1942.

En mai 1942, il se brise une cheville en gare du Mans, cheville brisée qui entraînera l'amputation de la jambe. Il est nommé  instituteur intérimaire à Segré en octobre 1942 puis enseigne comme titulaire au groupe scolaire Victor Hugo à Angers. Il prépare une licence de philosophie à l'Université catholique de l'Ouest. Il songe à l'École des Sciences Politiques.

Militant du Front National, il est recherché par la gendarmerie, suite vraisemblable de l'affaire de Vern où, fin juin, le normalien Moine, qui revendiqua toujours son geste, blessa un soldat d'une patrouille allemande. La Gestapo emprisonne ses parents qui sont conduits au Pré-Pigeon, à Angers le 14 juillet 1943. Marius demande à son frère de le livrer pour qu'on libère ses parents. Il est arrêté à la Marinière le 17 juillet 1943. Son père et sa mère sont relâchés à son arrivée.

Il est condamné à mort le 1er décembre 1943  à Angers, puis gracié quelques jours plus tard. Il est déporté le 21 décembre vers Karlsruhe, puis transféré à Francfort, Coblence, Cologne, Bonn, Rheinbach, Bonn-Coblentz, Francfort, Kassel, Leipzig, Plaën, Leipzig-Weimar, Kassel, Hall, Cottbus-Breslau, Posen, Kustrin, Sonneburg.

Il sera décapité à Berlin le 29 mars 1944.

Sources:
Documents fournis par le frère de Marius, Roger Briant.
Mémorial des déportés de France

 
Poèmes  de Marius Briant écrits avant son incarcération
 

LES FERS
 

O toi, ami lecteur, as-tu connu les fers,
Ces chaînes que l'on voit aux damnés de l'enfer,
Ces anneaux dentelés, alliances diaboliques
Qui nous lient à la mort par leur froid symbolique ?

As-tu, pendant des jours et des nuits, apprécié
L'ardente mâchoire aux perfides crocs d'acier,
Ressenti dans tes chairs la morsure irritante
Chassé de tes pensées la présence obsédante ?

Non, sans doute ? Alors en simple curieux,
Par désir de nouveau, pour l'attrait du milieu,
Demain, tente le sort, assassine ou vole,

Ou ce qui est pis, crie très haut : " Vive de Gaulle"
Et tu pourras goûter en pleine satiété
La saveur si douce de notre liberté.
 

Le 26 août 1943

 

 

L'ESPOIR


Un rien qui papillotte, le soir au clair de lune,
Un rayon qui scintille, là-bas, dans la lagune,
Lie vent qui caresse, le mystère qui luit,
Une ombre dans la nuit, un insecte qui fuit,

Voilà le tendre espoir, le pilier de l'attente,
Très versatile image qui chaque instant nous tente,
Léger pantin qu'un souffle agite au bout d'un fil,
Visage borgne qu'on regarde de profil...

Il voltige, s'abat, s'éloigne, vient, s'arrête,
De loin tout souriant, nous fait signe de la tête
Vers lui tendons nos bras, très vite il disparaît.

La coupe est aux lèvres, mais l'illusion, d'un trait
La vide, et laisse au fond une lie d'amertume
Acre, écœurante, que la Mort, en silence, hume.
 

Le 3 août 1943.

 
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