François BRIANT
Déporté
résistant (1919-1945)
Le
7 juillet 1919, dans la petite ville de Lannilis, dans le Finistère, Jean
BRIANT, né le 10 avril 1888 à Saint-Pabu, officier des Equipages de la
Flotte, épousait Marie-Thérèse MAREC, née le 13 mai 1892 à Lannilis.
De cette
union devaient naître, toujours à Lannilis, quatre enfants :
François René Yves, le 26 avril 1920
Jean, le 15 mai 1922
Yvonne Joséphine Françoise, le 23 juin 1926
Pierre François, le 12 juin 1928.
A 12 ans, François entre à l’École Saint-Charles de Saint-Brieuc pour y
faire ses études secondaires. Il se lie avec Alain Le Goff, avec qui il
partage de longues promenades, l’engagement dans le scoutisme et cette
promesse :
« Devant tous
je m’engage, sur mon honneur, à servir de mon mieux Dieu, l’Église et la
Patrie, à aider mon prochain en toutes circonstances et à observer la loi
scoute »
Et, peu à peu son avenir se dessine : devenir missionnaire.
C’est donc tout naturellement qu’en septembre 1938, il entre chez les
« Pères Blancs »
à Kerlois (Hennebont) pour étudier, durant deux ans la philosophie
scolastique. Il passe aussi le permis de conduire. Mais bientôt, la guerre
éclate. C’est la débâcle. François vient en vacances à Lannilis le 17 juin 1940,
et lorsque le lendemain, il entend l’appel du général de Gaulle, il décide
aussitôt de gagner l’Angleterre.
Dès le 19,
il embarque avec son frère Jean, tout juste âgé de 18 ans :
Londres :
Juin 1940 – juin 1942
Arrivés en
rade de Plymouth le 20, au matin. Ils sont autorisés à débarquer le
lendemain, mais placés dans le centre d’accueil . Le 22 juin ils
sont dirigés sur Londres, au centre de Anerley – School, d’abord, puis le 2
juillet à l’Olympia–Hall.
Je lui
fais part de ma surprise qu'un futur missionnaire choisisse de
continuer la guerre au lieu de profiter de
l'armistice pour terminer les études qui doivent le mener à sa
mission sacrée :
- «
Pourquoi es-tu parti ?
- Mais
pour la même raison que toi : parce que les Boches arrivent et
que je suis un homme libre.
- Je ne
suis pas prêtre !
- Moi non
plus, pas encore. »
Il a
quitté la Bretagne le 19 juin avec d'autres garçons sur un
chalutier qui les a conduits à Plymouth. Dirigés sur Londres,
ils ont été internés à Anerley. Je m'exclame :
- Nous
nous sommes côtoyés durant huit jours sans jamais nous
rencontrer, pas même lors du transfert à l'Olympia !
Est-ce
son aspect débonnaire, sa parole maîtrisée ? Il se dégage de lui
une sérénité bienfaisante, rare durant cette période où aucun
d'entre nous n'est véritablement dans son assiette. Calmement,
il m'interroge :
-
D'où viens-tu ?
Je lui
raconte Bayonne, les Belges, le maïs :
- Tu es
Basque ?
- Non,
pourquoi ?
- L'an dernier, j'ai participé à un camp scout à
Hendaye. C'est un des plus beaux souvenirs de ma vie.
À ces
mots, j'ai l'impression d'être avec lui depuis toujours : il est
sans doute le seul Breton à connaître ma vraie patrie. Ce lien
mythique transforme aussitôt ma sympathie en complicité. " |
Après
avoir signé son engagement à « Servir avec Honneur, Fidélité et Discipline
dans les Forces Françaises Libres, pour la durée de la guerre actuellement
en cours », il rejoint le Bataillon de Chasseurs, à Delville-Camp.
Gens de la Lune N° 28 – avril mai juin 1950 (Article de
Paul Frédéric Schmidt (alias Kim et Dominique)
C’est comme jeune recrue, noyé parmi deux ou trois cents jeunes
de son âge, tous animés de la même volonté de servir que je l’ai
rencontré pour la première fois. Rien dans son aspect physique
ne le distinguait de ses camarades. Plutôt petit, trapu,
solidement charpenté, taillé en footballeur, il n’eut nullement
à craindre le sévère jugement des services médicaux. Il
commença ses classes à pieds. Ecole du soldat sans armes
d’abord, comme à la caserne, comme en temps de paix. Rude
épreuve pour ces jeunes gens qui, fiers de leur race, voulaient
tout de suite partir au combat. Briant alors se distingue des
autres partout où on le rencontre. Il est calme, il est patient,
il sait où il va. Lorsque, au rapport, mon regard fixe le sien,
subitement je le découvre. Sa supériorité s’impose. Ce regard
clair, franc, volontaire, ce regard doux, confiant, épanoui
appartiennent au même homme et l’expliquent.
Il rayonne, il témoigne d’une conscience en repos, il témoigne
de la volonté arrêtée de l’homme, il témoigne de son sens de la
justice, il témoigne de son amour du prochain, il témoigne aussi
de sa grande joie de vivre.
Dans cette période, il est aussi bien volontaire pour les
« pluches » que pour le service de garde du dimanche. Il
accepte, il recherche la plus humble besogne ; c’est déjà pour
lui une manière de servir. Il a besoin de servir. |
Témoignage de
Daniel
Cordier
(Alias Caracalla
Page 149)
Le
jeudi 1er août 1940, de Gaulle, en visite à Delville Camp, reçoit
5 volontaires dont Briant, le premier. A sa sortie il raconte la brève
entrevue :
-
Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
- Oh,
ce qu’il demande à tout le monde : il m’a demandé ce que je
souhaitais.
- Et
qu’as-tu répondu ?
- Ce
que tout le monde répond : me battre le plus tôt possible. » |
Et,
page 160 : Dimanche 18 août
Cordier
et Briant s’entraînent au salut en se faisant face. Tout à coup,
Cordier éclate de rire, entraînant Briant. Le lieutenant
Saulnier, courroucé leur fait copier 50 fois « je ne dois pas
rire pendant les exercices ».
Le 28 août,
Jean, le frère de François, quitte l’Angleterre avec la 1ère
compagnie du Génie, pour rejoindre l’Afrique Equatoriale
Française à Brazzaville. Il y arrive le 16 janvier pour suivre
un peloton d’élèves officiers. Il ne reviendra en métropole que
le 3 juillet 1945, presque 5 ans plus tard !
Le 26
septembre, le bataillon quitte Delville-Camp pour celui de Old-Dean,
à Camberley. Cordier, Briant, Guéna, Montaut et Bernsten sont à
nouveau ensemble. Cordier aime la compagnie de François Briant.
Comme il dispose d’un petit pécule, il l’emmène au Restaurant.
Il l’accompagne à la messe dans la petite église de Saint-Tarcisius.
Ils parlent, de leurs buts, de la mort, de Maurras (Briant
réprouve le goût de Cordier pour Maurras)… mais écrit Cordier :
« Cela
n’empêche nullement Briant de manifester son attachement à la
vie par un humour ravageur. »
Le temps
passe, en formation. Le bataillon a, dit son chef, le capitaine
Hucher, un excellent état d’esprit. Les hommes veulent se
battre, mais le général De Gaulle en décide autrement. Il lui
faut des officiers pour encadrer les troupes levées aux
colonies. Le bataillon est réorganisé et Briant, Cordier, Guéna…
sont affectés au peloton d’élèves officiers, la 3ème
compagnie. A la fin du peloton, François Briant est nommé
sergent.
Et puis le 5
juillet, grâce à l’un de ses camarades scouts de Londres, Briant
rencontre Bienvenue.
Bienvenue,
en uniforme d’alpin, recrute à l’entrée du camp, pour les
Services Spéciaux. François est agréé. A son retour dans la « Hut »,
il l’annonce discrètement à Daniel Cordier, puis, devant son air
désespéré, il va demander à Bienvenue de le recevoir aussi. Dans
les discussions qui vont suivre, ils s’interrogent sur ce qu’ils
auront à faire, et Daniel Cordier observe qu’alors que, comme la
plupart de ses camarades, il veut « tuer du Boche », François,
lui, ne parle que de « combattre les Boches » ! |
Gens
de la Lune N° 28 – avril mai juin 1950 . Article de Paul Frédéric
Schmidt (alias Kim et Dominique)
Dans
un petit bureau d’un immeuble du centre de Londres, d’un tout
petit immeuble d’une dizaine de pièces, un officier en civil
sans doute, lui a exposé ce que le commandement attendait de
lui : qu’il acceptât d’être volontaire pour la France. Cet
officier lui a brossé le tableau aride et dur, de la vie qui
l’attendait ; il lui a en outre, annoncé quelle serait la
première épreuve à satisfaire : être parachutiste. Il lui à dit
le moyen de se rendre en au combat ; il a tu les possibilités de
retour. Il l’a congédié en lui laissant plusieurs jours pour
réfléchir et choisir. Je sais quelles furent ses réflexions.
Elles ne portèrent que sur un point et un seul : suis-je digne
de la tâche à laquelle on me destine ? Serai-je à la hauteur de
la maison qui me sera confiée ? |
Le
10 août 1941, Deux camionnettes attendent à l’entrée du camp la douzaine
d’hommes choisis par le BCRA,
parmi eux : François Briant, Daniel Cordier, Paul Schmidt, mais aussi Michel
Griès, Jean
Loncle et Guy Vourc’h. Ils sont transportés à Ringway pour y
faire le stage de parachutistes. Tous seront brevetés à la fin de la
semaine. |
 |
|
Jean Loncle |
Après ce
stage, les volontaires du B.C.R.A. sont transportés à Inchmery pour y
recevoir une formation d’ « Agents-Secrets » : Close-combat, tir avec tous
types d’armes, sabotage, camouflage, entraînement physique rigoureux, mais
aussi travail de réflexion, relevés de plans, réflexions sur la situation…
Sous la
conduite du lieutenant Vignes, ils font de nombreux exercices, souvent de
nuit.
François
Briant, quitte Inchmery fin décembre 1941 pour la formation de radio, avec
ses exercices de manipulation, de dextérité, et ses « SCHEME»
(sorte d’exercice dans lequel l’agent est mis en situation réelle).
François
Briant, par exemple est envoyé dans une petite ville qu’il ne connaît pas,
où il doit se mettre à disposition d’un agent secret pour qui il devra
réaliser une émission radio. Pendant son séjour d’une semaine, il devra se
renseigner, comme si l’Angleterre était occupée par les Allemands, sur
l’emplacement des unités, leurs mouvements, l’état d’esprit de la
population, les communistes …
Il y eut
encore les stages dits « Lysander » et « Rebecca » : il s’agissait
d’apprendre à faire atterrir de petits avions sur des terrains clandestins,
les nuits de pleine lune.
A
l’issue de ces stages, presque deux ans après avoir quitté la
France, François Briant était donc prêt à partir en mission. C’est
alors qu’il rencontra Jean Ayral (Connu sous le nom de
lieutenant Robert Harrow, pour avoir navigué à bord du Fidélity).
Jean Ayral, avant de partir en mission, devait choisir un radio. Dès
qu’il le vit, il fut séduit par François Briant avec qui il
partageait les valeurs catholiques et la volonté de chasser les
Boches des territoires français. C’est ainsi que François Briant fut
affecté à la mission Roach sous le nom de PAL W (radio de PAL).
Mission ROACH : juillet 1942 – avril 1943
Les préparatifs
sont fébriles : achats de vêtements civils dans les magasins, codes,
faux-papiers, argent, couverture…On va au spectacle a noté François
Briant, pour se détendre, pour penser à autre chose. Puis, c’est la
station de départ : Tangmere. On attend les bonnes conditions. Repos
et tranquillité avant la grande aventure : croquet, bateau… |
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Jean Ayral |
Vient le
départ, les derniers préparatifs : combinaison de saut, pilule de cyanure…
Une première
tentative a lieu dans la nuit du 25 au 26 juin. Dans
l‘avion, ils jouent au poker. Une partie interrompue aux abords
de la côte française, quand l’avion, repéré par la Flack, est obligé de
piquer. Arrivés au-dessus du terrain, ils s’apprêtent à sauter, le pilote a
perdu de vue le balisage. Il décide de rentrer. Et l’attente reprend.
Briand la partage avec Cordier. Ils se promènent, visitent, parlent. D’après
Jean Ayral, une deuxième tentative échoue à cause d’un orage.
Le p arachutage
a lieu finalement dans la nuit du 24 au 25 juillet, sur le terrain Monge,
près de Coursages, dans l’Allier. L’avion est un
Halifax
du Squadron 138, piloté par le F/L Wodzicki. Avec eux, Daniel Cordier qui,
sous le nom de BIP W, doit servir de radio à Georges Bidault (Bip).
Le largage se
fait à 250 m d’altitude. Briant saute le deuxième, après Ayral qui, un pied
pris dans les suspentes, atterrit très brutalement, et perd connaissance.
Heureusement, il y a un médecin sur le terrain. L’équipe de réception était
constituée de Raymond Tronche, Pierre Kaan, le Dr Billaud, Favardin et
Ribière. Paul Schmidt
est là aussi. Les arrivants sont conduits à Montluçon chez Monsieur et
Madame Vimal, un couple de cheminots quinquagénaires. Aussitôt installé dans sa chambre, avec Daniel Cordier, François
Briant s’agenouille et prie.
Le dimanche
26 juillet, une cérémonie importante était organisée à Montluçon pour
marquer le premier anniversaire de l’assassinat de
Marx Dormoy. Kim
avait interdit aux nouveaux arrivants de sortir. Ce n’est donc que le lundi
27 juillet que Claudine (Anne-Marie
Bauer) vient les chercher pour les installer à Lyon et leur transmettre
un rendez-vous avec Kim pour le mercredi 29 juillet matin. Dès le lendemain,
Cordier et Briant déménagent pour s’installer chez les Moret, 7 rue
Philippeville. Ils profitent de leur temps libre pour découvrir la ville,
ses petits « bouchons », ses « traboules.
Le 2 août
1942, François Briant doit rejoindre Jean Ayral, à Clermont-Ferrand. La
veille au soir, Cordier et lui dînent ensemble au restaurant. « Briant est
un inconditionnel de Bernanos », affirme Cordier. Quant à Ayral, il
s’aperçoit qu’il n’est pas attendu. Que seul le radio intéresse ses
correspondants de
Libération-Nord, Cavaillès, Pineau et Fabre. Probablement mis en garde
par Paul Schmidt, il exige de voir en clair, tous les câbles qui seront
transmis par François Briant. Mais les correspondants de Jean Ayral sont
arrêtés en tentant de gagner l’Angleterre. Jean Ayral, grâce à des contacts
fournis par Pierre Kaan (Cantal), se consacre avec François Briant, à
chercher des lieux démission et des terrains de Lysander.
Le 15
octobre, Gérard Brault, le radio de Paul Schmidt, qui assurait seul le
trafic radio de Jean Moulin, Georges Bidault, Paul Schmidt et
« Libération », est repéré par la radiogoniométrie allemande et arrêté en
pleine émission. Daniel Cordier suggère alors à Jean Moulin, qui approuve,
de faire revenir François Briant à Lyon afin d’assurer provisoirement
l’écoulement du trafic. Il dispose de deux postes et émet de Clermont où il
s’est par ailleurs inscrit à la faculté de droit (de Strasbourg). Il lit
« Les Hauts de Hurlevent », assiste à des conférences.
Il écrit à
Daniel Cordier une longue lettre :
« …
Avant hier j’ai entendu le P. ; sujet de la conférence :
« Pascal, génie français ». Un peu trop sommaire peut-être, mais
tu te serais certainement délecté. Je t’en parle parce que j’ai
eu là le mot d’une question qui me tracassait depuis quelques
temps : je me demandais si le renoncement total impliquait le
renoncement à l’intelligence et aux plaisirs intellectuels. Le
Seigneur en effet n’a jamais dit « Bienheureux les
intelligents » Et je ne suis pas loin de mettre à mal cette
intelligence ! Et cite cette fameuse parole de Pascal, que je me
souviens bien avoir lue jadis et que tu dois connaître, des
trois ordres de grandeur de la nature : l’ordre physique,
l’ordre de l’intelligence et l’ordre de la charité, ce dernier
étant le premier, une différence insurmontable les séparant les
uns des autres puisque différence de nature.
J’en ai conclu qu’il y a soumission de l’ordre inférieur à
l’ordre supérieur, mais qu’en aucun cas la plénitude de l’ordre
supérieur n’affectait l’ordre inférieur, puisque de natures
différentes. Je ne sais pas si j’ai raison. … » |
Jean Ayral,
privé de contact, revient à Lyon où il rencontre Jean Moulin qui le désigne
comme adjoint de Frédéric Manhés, son représentant en zone occupée. François
Briant devra le rejoindre à Paris, dès qu’il y sera installé.
Avant de
partir pour Paris, Jean Ayral et François Briant (Charles Baron) dirigent le
27 novembre, un atterrissage de
Lysander, avec Pierre
Kaan (Cantal), près de Saint-Amand-Montrond :
Le 26, à 11h, j’étais mis en contact avec mes 2 passagers par
Rex : le colonel de Linarès et un capitaine de son régiment à
13h15.
J’ai entendu le message : « La panthère noire envoi une caresse
au petit lapin blanc » et nous sommes partis dans une voiture de
l’armée vers St-Amand.
Le voyage était long mais s’est passé sans incident car la
couverture était bonne. A St Amand, le message n’est pas repassé
le soir. Cependant j’ai décidé d’aller sur le terrain ne sachant
pas que ceci signifiait l’annulation de l’opération...
Nous avons attendu vainement par un froid de canard. Le
lendemain, la voiture a dû rentrer à Lyon mais Cantal, que
j’avais envoyé à Montluçon, a réussi à trouver une autre
voiture. Comme elle était en retard, j’ai décidé de partir à
vélo moi et les 2 passagers, la voiture devant nous rejoindre
sur le terrain. Cantal, ne sachant pas conduire, et Charles
devant l’amener de Montluçon, je laissais des instructions pour
que Charles reste à St-Amand et (pour) que Maurice conduise la
voiture jusqu’au terrain qui était à 20 Km de St. Amand. En
fait, la voiture nous rattrapa sur la route avec Charles au
volant. J’étais furieux et j’ai fait une scène à Charles qui à
vrai dire ne la méritait pas car il n’avait pas voulu laisser
Maurice conduire car il n’avait guère de confiance dans les
capacités de Maurice. Nous déposâmes les vélos dans un fossé, et
on monta tous dans l’auto qui fut laissée au nord du terrain
dans un bois, Charles, restant dedans pour la réchauffer de
temps à autres. L’avion arriva et en descendirent Touton et Paimblanc accompagnés de 16 postes de radio. Les
passagers embarquèrent et 1/4 d’heure après l’avion décollait.
Je n’avais pas de gants, il faisait moins huit ; mes mains
étaient gelées d’avoir été dans le vent de l’hélice. Je ne
pouvais même plus les mettre dans mes poches. On a alors tout
embarqué dans la voiture, et nous sommes rentrés nous coucher à
St. Amand.
Le lendemain matin, Charles pris le volant et, après avoir
déposé le matériel au café de la gare, nous sommes parti pour
Montluçon. En arrivant en ville, nous avons renversé un passant.
Charles et Cantal l’ont emmené à la pharmacie et je me suis
esquivé avec les 2 passagers. Heureusement, tout s’est bien
passé et j’ai conduit les 2 passagers à Lyon.
Le pilote m’avait demandé la permission de revenir le lendemain.
J’avais accepté, mais je changeais d’avis, et j’envoyais un
câble prévoyant l’opération pour le 29 seulement. A Lyon je
voyais Kim à qui je confiais les 2 passagers, et Rex me
désignait 2 nouveaux passagers…
…
Le brouillard ne décolla pas et la lune finie. Je rentrais à
Lyon, et de là j’allais à Paris donnant pour instruction à
Charles d’attendre que quelque chose soit prêt pour lui à Paris,
et en attendant de travailler pour Paul.
(Jean Ayral) |
Après s’être installé à
Paris, avec l’aide de Claire Chevrillon, Jean Ayral revient à Lyon, et
convient avec Paul Schmidt, que François Briant devra le rejoindre à Paris
le 7 janvier 1943. Le 22 décembre, de passage à Lyon, François Briant passe
la soirée chez Daniel Cordier. Ils évoquent les problèmes de quartz. Ceux de
Briant ont été préréglés pour émettre de Paris. Il en a reçu d’autres pour
Clermont, mais il ne peut pas émettre de Lyon. Cordier lui prête son propre
quartz. Ils se retrouvent encore, le soir du 24 décembre. Après la messe,
ils vont dîner à la brasserie « du Progrès ». Pendant le repas, François
évoque son frère Jean, dont il est sans nouvelles.
Malheureusement,
quelques jours après, François Briant est arrêté à Chalons/Saône, au passage
de la ligne de démarcation et condamné à deux mois de prison, car son
ausweis est jugé douteux. Il est incarcéré à la prison de Dijon.
Le 7 janvier, Charles
n’est donc pas au rendez-vous. « Seul signe de lui, écrit Claire Chevrillon,
le bulletin de consigne de sa valise qui arrive par la poste ». C’est Claire
qui va chercher cette valise à la consigne, se permettant même le luxe de
demander à une « souris grise » (auxiliaire féminine de l’armée allemande),
de l’aider à la porter !
« Sur ces entrefaites, Charles (François Briant) m’envoya un
télégramme qui arriva le 27 (février 1943) m’annonçant qu’il
arrivait à Paris le soir même, et me demandant de l’attendre à
la gare de Lyon. J’y allais et je le vis débarquer du train.
Rien ne saurait exprimer ma joie ce jour-là. Je l’emmenais
coucher chez moi et je passais une des meilleures soirées de ma
mission. Le lendemain, je proposais à Charles de rentrer à
Londres ce qu’il refusa. Nous nous sommes donc (mis) au
travail.
(Jean Ayral)
et Claire Chevrilllon :
« Jacqueline (d’Alincourt) et moi, découvrons un homme calme,
direct, plutôt taciturne, plein d’attention aux autres. L’amitié
s’établit facilement et le travail d’équipe commence. Gautier (Ayral)
adjoint à Charles un jeune agent de liaison auquel il donne le
nom de Gilbert. Il lui a été présenté par Médéric (Gilbert Védy,
cadre de Ceux de la Libération). Il aidera Charles à préparer
les lieux d’émission. Je suis chargée de lui procurer un
logement, et lui procure une chambre chez une dame âgée, près de
chez nous. Tout va-t-il enfin démarrer ? Eh bien non : de
nouvelles, longues complications surviennent ; Charles n’arrive
pas à contacter Londres, son infinie patience, son ingéniosité
sont vaines, c’est le matériel qui est déficient. Il ne lui
reste plus qu’à retourner à Lyon pour le changer ! Je ne sais
si, intérieurement, il bout d’impatience – je ne le crois pas
car sa sérénité est fondamentale – toujours est-il que sa
tranquillité est contagieuse, même et surtout sur Gautier…
Je renvoyais Charles à Lyon pour voir Alain (Daniel Cordier)
pour apprendre le maniement du Mark II. Il revint et apporta en
plus un paraset. Comme nous avions pu récupérer les cristaux de
Roach X, nous pûmes enfin prendre contact, grâce à Charles, sur
ce poste. C’est alors que je fus avisé par Charles que Georges
ne savait pas prendre contact, et Charles entreprit de lui
apprendre le métier. »
(Jean Ayral) |
Lorsqu’il
s’installe à Paris, fin mars 1943, Daniel Cordier rencontre Jean Ayral, et
lui demande de voir François Briant à qui il a du travail à confier. Jean
Ayral explique que François a encore eu un problème de « cristaux
inadaptés » et a dû attendre qu’on lui en envoie de nouveaux, de Londres. Il
lui fixe un rendez-vous pour le 6 avril, sous la Tour Eiffel, mais François
Briant n’y sera pas !
Arrestation, déportation : 4 avril 1943 – mai 1945
En effet, le
4 avril, il est arrêté à Garche en pleine émission, trahi par Gilbert, un
jeune agent de liaison.
Coup dur pour
lui, coup dur pour le tout jeune B.O.A. (Bureau des Opérations Aériennes)
dont il est a peu près le seul radio opérationnel.
François
Briant, sous le nom de Charles Baron, est interrogé, torturé dans les locaux
de la Gestapo, avenue Foch. Il est mis au secret pendant trois mois à la
prison de Fresnes ou il reste encore sept mois en détention. Mais là, dit
Claire Chevrillon, tous les 15 jours, nous lui avons envoyé des colis avec
du ravitaillement, du linge et des livres. Il n’a surement pas eu faim et il
a du accumuler une vraie bibliothèque.
Condamné à
mort, sa peine est commuée en peine de déportation. Il est envoyé au camp de
Compiègne, le 15 janvier 1944. Là, Antoinette, la sœur de Claire Chevrillon,
lui fait porter un colis. Il part pour l’Allemagne le 22.
Dans le
convoi, de nombreux Bretons, dont ceux qui ont fait l’objet de la rafle de
Morlaix le 26 décembre 1943, dont une douzaine parviendront à s’évader en
route.
Arrivé à
Buchenwald le 24 janvier 1944, il reçoit le n° matricule 41531. Après la
quarantaine, François est transféré au camp de Dora le 16 février 44. Il
travaille dans des conditions épouvantables dans les tunnels où se
fabriquent les fusées V2 qui doivent anéantir l’Angleterre : La faim, la
soif, les hurlements des S.S., la vie souterraine, le manque de sommeil…
Il y reste un
an !
En fait, le
30 mars 1945, François avait été transféré à
Neuengamme et le
calvaire avait commencé comme il l’a écrit lui-même.
Le 16 avril 1945, il est envoyé à Ravensbrück, et libéré à Lübz le 3 mai.
Rapatrié par camion américain, il arrive à Paris le 19 mai 1945.
Il est alors affecté à la DGER comme la plupart des officiers des réseaux
Action. «
(Texte
dactylographié sur 3 feuilles 21X27 recto)
Vendredi
30 mars (1945)
Le vrai calvaire commença pour moi le vendredi saint. Ce jour-là
imputés de sabotage et de manque de travail la police arrêta
tout notre lager (camp). Toute l’après-midi par un temps
pluvieux, nous sommes restés à geler en colonne dans les
barbelés d’un camp de prisonniers puis nous avons passé la nuit
dans une pièce froide.
Samedi
saint
Apparaît l’aurore du samedi saint. Nous restons de même jusqu’à
midi dans la cour. A cette heure nous sommes dirigés vers nos
chambres que nous trouvons pillées : ravitaillement, vêtements,
chaussures, le meilleur était volé. Comme la veille encore rien
à manger. Avec le peu qui nous reste nous sommes embarqués sur
un camion convoyé par un car plein de gestapo et une voiture
d’officiers.
Les voitures roulent…
Après plusieurs heures, elles arrivent à Hambourg. La ville
vient d’être bombardée. Notre camion dans la nuit, s’enfonce
dans un trou de bombe. Depuis la veille nous n’avons toujours
rien mangé. Nous le sortons malgré notre fatigue.
Pâques
A deux heures du matin jour de Pâques, nous sommes reçus à coup
de crosses de fusil à la descente du camion. Il faut faire
vite…Le camp est imposant avec ses projecteurs fixés sur nous.
Personne ne peut s’évader. Les bandits S.S. nous pressent sans
ménagement à l’intérieur des barbelés électrifiés.
C’est le camp de concentration de Neuengamme.
A peine sommes nous arrivés qu’au lieu de nous donner un lit on
nous dépouille de nos affaires, on nous met à nu, on nous rase
de toutes parts. Plus un souvenir, même pas la plus petite bague
qu’il faut scier parce qu’elle résiste.
Nous sommes revêtus du ridicule costume de bagnard : chemise,
pantalon, veste, calot, galoches, tout cela sans ménagement de
coups de poings, et de « schlags ». C’est alors que nous sommes
incorporés dans les concentrationnaires, ceux que l’on fait
mourir à petit feu… « Inutile de vous coucher, nous dit-on, il
est trois heures et c’est à quatre heures le lever »
Heureusement c’est Pâques, donc jour férié, le repos consiste à
rester toute la journée dans une petite cour puante. Les
effluves nous viennent d’un caniveau à l’eau stagnante et de
water-closets situés dans cet espèce de couloir où l’air pénètre
mal : Les murs y sont si hauts et le corridor étroit. Ce jour là
le festin fut splendide car nous avons touché des pommes de
terre.
Vint le soir, l’heure du coucher. Les chambrées se composent de
deux lits à trois étages juxtaposés. Nous couchons à 5 sur deux
paillasses, ce qui repose un peu mes membres, surtout qu’il nous
faut garder nos vêtements de peur qu’ils ne disparaissent
pendant la nuit.
Lundi
Notre repos ne fut pas long. Vers 2h, nous sommes réveillés aux
cris « verarbeiter ». C’est la corvée des morts nous dit-on…
Quel spectacle effroyable que ces 230 cadavres entassés les uns
sur les autres. Leurs yeux qui nous fixent tous nous expriment
toutes leurs souffrances. Mais ce n’est pas le moment de
s’apitoyer, car gifles et coups de poings nous font agir avec
rapidité : jamais nous n’allons assez vite. Il faut prendre les
cadavres par les pieds et les mains, et les jeter, sans aucun
respect pire que des sacs dans les remorques. Ce sont des
pendus, des fusillés et combien d’autres morts petit à petit
faute de nourriture, faute d’hygiène !
Déjà nous les trions pour les fours crématoires.
C’est le sort des concentrationnaires après peu de mois de
séjour dans le camp. C’est la civilisation nazie.
Les jours suivants, je les passe à réparer des voies de chemin
de fer. Vie abrutissante par l’oppression, passons les détails
des départs en musique et au pas…et pour terminer ces
fastidieuses journées les interminables appels des S.S ces
importants personnages qui jusqu’au plus petit soldat avait tout
droit sur nous.
17 avril
Venons aux jours les plus durs. Nous avions reçu un colis
américain. Quelle joie pour les Français ! Nous allons pouvoir
reprendre des forces. Mais les chefs que l’on appelle « kapo »
sont des gens rusés… Bien que prisonniers comme nous ce sont des
brutes qui commandent le travail… s’ils le veulent ils peuvent
nous tuer car l’assassinat n’est pas défendu. D’ailleurs rares
sont les « kapos » qui n’ont pas de nombreux crimes sur la
conscience. Ce jour là donc ils trouvèrent la bonne idée de nous
faire descendre dans les caves Russes et Français mélangés. Le
combat ne fut pas long à s’engager. Contre les couteaux, les
français n’eurent qu’à abandonner leur colis pour ne pas perdre
la vie.
L’après-midi nous fûmes entassés dans des wagons (70 dans chaque
sous la bonne garde de 9 soldats qui prenaient bien leurs aises.
Nous roulons durant la nuit. Le lendemain nous nous trouvons à
Lübeck.
Malades et bien portants sont chargés dans les cales d’un
immense cargo l’ « Athena » qui prend le large et amarre à 4 km
environ de la côte. Nous y demeurons 6 jours. L’air de ces
soutes est vicié par les malades qui croissent de jours en
jours. Mort et maladie sont causés par l’épuisement, par les
coups d’un kapo peu complaisant, par la nourriture, cette soupe
aux choux déshydratés ou nagent des morceaux de viande avariée
qui donne à tous la dysenterie. Un coin de bateau sert de
cabinet, et c’est là que la plupart vont mourir tombant
d’inanition. Pour accroitre notre mauvais état la chaleur nous
assoiffe durant la journée et pas une goutte d’eau pour nous
désaltérer. La nuit il fait froid à coucher sans couverture sur
le fer glacé.
Après 6 jours de cette épuisante et longue (mot manquant) nous
sommes embarqués sur un autre bateau le « Cap
Arcona ». L’air y est plus sain aussi y récupère t-on un peu
de courage. Quelques jours après à notre grand désespoir, nous
sommes réembarqués sur notre précédent cargo l’ « Athena ».
Certains s’arrangent par combines à ne pas y descendre. A notre
avis mieux vaut laisser faire. On commence à perdre tout espoir,
nos forces diminuent toujours ; nous n’arrivons même plus à
toucher la maigre soupe qui est notre droit. Les plus forts
passent deux fois et les faibles s’en passent. Comme les autres,
j’en suis arrivé à avoir des coliques, ce qui est un mauvais
augure et vivement vous entraine sur le chemin de la mort. Il y
a bien un médecin, mais pas de médicaments.
3 mai (1945)
Le 3 mai dans l’après-midi tandis que nous avions perdu tout
espoir de revoir la France, la D.C.A.de notre bateau se fait
entendre, des avions mitraillent aussi dans les environs.
Soudain dans le fond de nos cales le bruit des moteurs se fait
entendre. Le bateau doit avancer. Bientôt les moteurs
s’arrêtent. C’est alors que l’on nous donne l’ordre de sortir.
Mais que voit-on ? un petit port…
Vive la terre !!!
Malheureusement le
Cap Arcona
dans lequel nous étions l’avant-veille brûle et coule. Il
battait pavillon allemand comme l’autre. Je ne regrette pas de
n’avoir pas voulu y rester bien qu’il fut plus confortable. Nous
apprenons qu’un troisième bateau (Tilbeck) coulait aussi. 7.000
paraît-il étaient dans ces bateaux. 3 .000 paraît-il en sont
rescapés. Je suis heureusement de ceux-là. Le désir des S.S.
était à vrai dire notre mort à tous.
Ce que je vous dis représente mal encore notre vie sur ce
bateau. Pour mieux la concevoir il faudrait autant parler de la
vie morale que de la vie matérielle. Se retrouver seul, loin de
la France, loin des êtres chers, sans entrevoir aucune (mot
manquant) pour se libérer abattait le courage. Ce fourmillement
d’étrangers, l’oppression du kapo ; tout cela contribuait à vous
faire mourir à petit feu.
Mais quelle joie fut pour nous notre délivrance ; Nous n’en
pouvions croire nos yeux quand passèrent les premiers tanks
anglais. Le courage et les forces semblaient renaitre de ce
fait. Et puis ce furent le soleil, le bon air sur cette plage de
Neuestadt ou nous avions débarqué, qui nous firent reprendre des
forces…
Le 17 la Croix Rouge internationale nous dirigea en camion vers
la frontière hollandaise. Partout nous eûmes priorité ce qui
nous fit arriver à Saint-Just le 22 mai. Depuis Bruxelles
jusqu’ici la réception fut des plus chaleureuses. Nous
appréciâmes le bon sourire, les acclamations de tous. Je n’ai
qu’à me louer des Anglais à qui je dois la vie et qui firent
beaucoup pour nous aider à revenir dans les meilleures
conditions.
Mais le plus émouvant fut surtout le moment où je revis mes
chers parents. Je ne pouvais y croire après une vie si sauvage
et si dure.
Que douce était cette affection après de telles privations.
Froissy fit beaucoup pour recevoir un de ses enfants.
Certes je ne représentais pas beaucoup dans ma dépouille de
marin allemand. Mais j’étais heureux d’avoir ramené ma vie et
d’être au milieu des miens.
AH ! QUE NOTRE FRANCE EST BELLE |
Le 16 avril 1945, il est envoyé à Ravensbrück, et libéré à Lübz le 3 mai.
Rapatrié par camion américain, il arrive à Paris le 19 mai 1945.
Il est alors affecté à la DGER comme la plupart des officiers des réseaux
Action. «
Epilogue :
François
Briant est démobilisé par la DGER, le 20 juillet 1945.
Son
homologation, au grade de lieutenant, ne sera publiée au J.O. que le 11
octobre 1947.
En août 1945,
François renoue avec les scouts, lors d’un camp de quelques jours près de
l’abbaye de Boquen (22). Il y retrouve Alain Le Goff, son ami de
Saint-Charles. En septembre 1945, après quelques hésitations, François
Briant rejoint le noviciat Ste-Marie, des Pères Blancs, à Maison Carrée, en
Algérie. Il y écrit quelques textes très courts sur son expérience. Mais, au bout d’un an, sa santé l’oblige à rentrer en France pour
se faire soigner».
Le 11 juillet
1948, avec des amis, il prend la route du Mont-Blanc, mais, alors qu’ils
atteignent l’aiguille du goûter, François Briant fait une chute mortelle !
Il faudra
attendre 1960, pour que l’activité résistante de François Briant soit enfin
reconnue et qu’il reçoive la Croix de Chevalier de la Légion d’honneur ou la
Médaille Militaire, la Croix de Guerre avec Palme, la Médaille de la
Résistance. Les Britanniques avaient été plus rapides, en lui attribuant
dès 1951, the KING’S MEDAL FOR COURAGE IN THE CAUSE OF FREEDOM
Sources
bibliographiques:
Claire
Chevrillon – Une résistance ordinaire – Editions du Félin - 1999
Daniel Cordier – Alias Caracalla – NRF – 2009
Xavier Reyes-Ayral – Héroïsme – l’Harmattan - 2013
Paul Schmidt – Article dans « Gens de la Lune »
N°28
– Avril, mai, juin 1950
Liens
externes:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Briant
http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=58153
http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1940-1944-la-seconde-guerre-mondiale/le-conseil-national-de-la-resistance/temoignages/entretien-avec-daniel-cordier.php
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