03/12/2023 

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    Liste des biographies

 

Marcel  BOUGET 

1918 – 1944 

Marcel BOUGET est né le 26 septembre 1918 à Saint Aubin d’Aubigné en Ille-et-Vilaine. Il est comptable. Il est marié et a un fils, Michel Bouget, né le 11 novembre 1940.

En décembre 1943, il entre dans la Résistance et participe, comme chef de section à de nombreuses actions contre l’occupant. En particulier, ils attaquent plusieurs transports allemands dans le sud de l’Ille-et-Vilaine. Un des attentats les plus violents a lieu sur la ligne ferroviaire Rennes Redon à Messac.

Il participe également au ravitaillement des groupes de cette partie du département et il assure de nombreuses missions. Il est connu dans la clandestinité sous le nom de « Martial Bernier », dit « Maurice ».

Recherchés par la Gestapo, avec son camarade de combat, Albert Briand, ils se réfugient chez un médecin, Monsieur et Madame Spitzer, au port de Guipry. Ils auraient été dénoncés par un habitant de Saint-Nicolas de Redon.

 

Extrait du livre de Kristian Hamon : « Agents du Reich » :

Le docteur Spitzer est soupçonné d’héberger chez lui des Résistants. Prévenu à temps et voyant sa maison en passe d’être encerclée, il parvient à s’enfuir du rez-de-chaussée. Son épouse a moins de chance, elle raconte : « En mai 1944, je cachais des Résistants : M. Bouget et M. Briand, lorsque le 25 mai à minuit, la Gestapo de Nantes se présentait chez moi, me disant avoir à me parler de la part de Yves Le Bihan (nom qui m’était inconnu) et me donnant le nom d’un des patriotes qui était chez moi. Après un drame qui dura toute la nuit, trop long à raconter, les deux hommes qui s’étaient réfugiés sur le toit durent se tuer pour ne pas être pris par la Gestapo. Je suis donc restée seule ayant réussi à sauver ma fille en la faisant sauter du premier étage. » Emmenée à Nantes pour y être torturée, Mme Spitzer sera déportée à Ravensbrück le 12 juin 1944.

Effectivement, lorsque les Allemands se présentent chez le docteur cette nuit-là, Marcel Bouget et Albert Briand sont à l’étage. Réalisant ce qui se passe, ils n’hésitent pas un instant et se réfugient sur le toit en passant par la trappe du grenier. Leur perquisition terminée et ne trouvant rien, les Allemands quittent les lieux à bord de leur camion. Celui-ci, à peine parti, un soldat assis à l’arrière aperçoit les deux hommes juchés sur la maison. Stupeur du détachement qui fait aussitôt demi-tour. La situation est dramatique pour les deux Résistants piégés qui, plutôt de se rendre et d’être torturés, choisissent de se donner la mort. L’un des deux abat son camarade avant de retourner son arme contre lui. 

 Ils craignaient d’être pris et torturés et ne savaient pas s’ils pourraient résister à la torture sans parler et dénoncer d’autres Résistants. Avec Albert Briand, ils sont enterrés dans le cimetière de Guipry, avant d’être transférés au Carré des Fusillés du Cimetière de l’Est à Rennes à la Libération. Marcel Bouget est enregistré sur les registres de décès de Guipry sous le nom de Martial Bernier. Cette erreur sera corrigée en décembre 1944.  

Marcel Bouget sera décoré de la Médaille Militaire à titre posthume.

Voici un arrêté signé du Président de la République, Vincent Auriol, en avril 1953 :

«  BOUGET Marcel, Jules, Constant. Aspirant. Belle figure de la Résistance appartenant au Mouvement « Libération Nord ». Magnifique patriote animé d’un courage superbe, d’une foi patriotique ardente. Cerné par la Gestapo, a refusé de se rendre et a combattu héroïquement jusqu’à l’extrême limite de ses forces. A trouvé une mort glorieuse au cours de l’action. »

Il reçoit la Croix de Guerre avec palme.   

Le drame de Guipry trouve son origine dans l’arrestation du jeune Yves Le Bihan, transfuge du Parti National Breton, auquel il avait adhéré pensant échapper au STO, et qui était entré en contact avec la Résistance au cours de l’été 1943. Il fait connaissance à Redon de Marcel Deplantay, chef local du Front National. Début 1944, le lieutenant Martin, chef de la brigade de gendarmerie de Redon (Il sera fusillé par les Allemands) recrute Le Bihan comme agent de liaison entre l’Armée Secrète et le Front National. Arrêté le 22 mai 1944 à Saint-Nicolas-de-Redon (44), Le Bihan est emmené à Nantes pour y être interrogé par le SD. Obtenues sous la torture – selon sa déclaration – ses aveux vont être lourds de conséquences et entraineront toute une série d’autres arrestations.

Trois jours après, une équipe du SD de Rennes est envoyée à Nantes pour ramener Le Bihan à Redon. Trois membres du Bezen Perrot et Claude Geslin, interprète et agent du SD font partie du groupe. Sur la route, Le Bihan engage la conversation avec Hirgair, un des membres du Bezen. Il lui raconte qu’il avait été membre du PNB et demande des précisions sur le Bezen et exprime le désir d’entrer dans cette formation. Il indique qu’il était entré dans la Résistance par goût pour l’aventure. C’est à partir du moment où Hirgair lui laissa entendre qu’il pouvait faire partie de la formation Perrot que Le Bihan lui donna tous les renseignements qu’il avait. Commence alors toute une série d’arrestations, Le Bihan conduisant lui-même le SD, ainsi le 29 mai celles de Mme Deplantay à Redon, qui sera déportée dans le convoi de Langeais, et du notaire René Le Mauff à Allaire qui décèdera en prison après avoir été forcé à boire de l’acide.

                  Renée Thouanel-Drouillas et  Kristian Hamon

 

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