Ed: 15/02/2019

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Pour enrichir la mémoire du passé, nous recherchons des témoignages ou des documents  sur la Résistance en Ille-et-Vilaine

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 Jacques BETEILLE

Jacques Béteille, né le 28 janvier 1922 à Nantes (Loire-Inférieure-Loire-Atlantique) habitait  Châteaugiron en Ille-et-Vilaine. Il m’avait raconté sa vie de déporté. Il est décédé en 2015.  

         Dans ma famille, on n’écoutait pas la radio et, de toute façon, en 1940, mes parents étaient surtout préoccupés par mes deux frères qui étaient prisonniers (l’un d’eux a réussi à s’évader en 1942). Ce qu’il fallait, c’était faire le moins possible de vagues, ne pas se faire remarquer pour ne pas avoir d’ennuis et essayer de survivre comme on pouvait. Moi, j’avais 18 ans et je travaillais comme apprenti menuisier chez mon père qui était artisan.

         En 1942, dans le cadre de l’opération TODT, j’ai été réquisitionné à Saint-Nazaire pour construire la base sous-marine. Je n’ai pas voulu y rester, je me suis sauvé. Ensuite, j’ai été envoyé à Lorient, toujours pour construire la base sous-marine. On travaillait pour les Allemands et ça, ça ne me plaisait pas du tout. Là aussi, je suis parti.

         En octobre 1942, je devais partir en Allemagne au titre du STO, j’étais recherché à Nantes. Je suis parti chez un oncle en Charente.

         Le 4 mars 1943, j’étais dans un train à Tours, nous avons été arrêtés par la milice. Comme j’étais réfractaire au STO, j’ai été emmené à Compiègne, au camp de Royallieu, où nous sommes arrivés le 7 mars. J’y suis resté 1 mois ½ et le 16 avril 1943, j’ai été déporté à Mauthausen (Matricule 26592). Nous y sommes arrivés le 18 avril, le jour de l’anniversaire d’Hitler. Les Allemands fêtaient ça.

         Après une période de quarantaine, j’ai été envoyé pour travailler à creuser le tunnel de Loibl-Pass qui devait permettre de relier l’Allemagne à l’Autriche en passant sous la montagne. C’était l’enfer. André Lacaze l’a très bien décrit dans son livre « le Tunnel ».

         Nous avons été libérés le 8 mars 1945 à 11 heures du matin par les partisans yougoslaves du maréchal Tito. A midi, je m’engageais dans la 16e armée yougoslave et j’ai participé à la libération de la Yougoslavie jusqu’au 21 juin 1945.

         Quand je suis revenu, je n’ai jamais pu parler de ma vie en déportation, mes frères ne voulaient pas me croire… Moi, j’ai pris conscience de l’horreur du nazisme, petit à petit, parce que j’ai été confronté à eux.

 

                                      Propos recueillis par Renée Thouanel-Drouillas 

 15/02/2019