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ALBERT AUBRY 1892-1951 Ancien député d’Ille-et-Vilaine Résistant - Déporté
Né à Malestroit (Morbihan) en 1892, Albert Aubry est le dernier né d’une famille de 14 enfants. Son père, Compagnon du Tour de France, est bourrelier et militant syndicaliste. Sa mère qui reçoit les Compagnons en qualité de « mère », tient un commerce florissant dans la ville. Les enfants vont à l’école laïque suivant les volontés du père, laïc intransigeant, mais celui-ci accepte qu’ils suivent les coutumes religieuses catholiques suivant la volonté de la mère. Les notables, qui n’acceptent pas la laïcité, suppriment la clientèle de la bourrellerie en menaçant les fermiers de les chasser de leur ferme s’ils n’obéissent pas. Contrainte et forcée de quitter Malestroit, la famille s’installe à Rennes où Albert Aubry suit l’école primaire et rentre à l’Ecole Normale d’Instituteurs. Il en sort en 1911 comme instituteur. Après avoir enseigné quelques années dans le département (à Vieux-Vy-sur-Couesnon puis au Tronchet), il est mobilisé en 1914. En octobre 1918, peu avant la fin de la guerre, il est grièvement blessé dans l’Aisne. Il perdra l’usage d’un œil. Il reçoit la Légion d’Honneur sur signature de Philippe Pétain. Il revient à Rennes chez sa mère en congé de convalescence. De retour à la vie civile, il s’inscrit au Parti Socialiste SFIO. Présenté comme tête de liste aux élections législatives de novembre 1919, il est élu député. Tous ses amis sont heureux et fiers de ce succès. Il l’annonce à sa maman : « Mère, je suis député ! » Et elle lui répond en haussant les épaules : « T’avais ben encore besoin de ça… » Il est également conseiller municipal à Rennes. Il enseigne à Thorigné-sur-Vilaine et il vient à vélo pour toutes les réunions. En 1924, il n’est pas réélu au siège de député. Alors qu’il est instituteur boulevard de la Liberté à Rennes, Albert Aubry se présente au concours des emplois réservés auxquels il a droit comme mutilé de guerre. Il abandonne donc l’Education Nationale pour devenir percepteur car, à l’époque, le salaire d’instituteur ne suffit pas pour faire vivre une famille et assurer les dépenses d’une vie militante. Dans toute cette période de l’entre deux guerres, Albert Aubry est de toutes les luttes politiques, se réjouissant de la victoire du Front Populaire mais s’inquiétant de la montée du nazisme en Europe et mettant en garde la population contre les risques d’une Deuxième Guerre mondiale. Il multiplie les réunions dans le département pour dénoncer ceux qui crient à qui veut les entendre : « Plutôt Hitler que le Front Populaire ». En 1937, il demande sa nomination à Noirmoutier. Grand mutilé de guerre, il n’est pas mobilisé. Il rentre dans la Résistance au lendemain de l’armistice. En 1937, il a demandé et obtenu sa nomination sur l’île de Noirmoutier où il continue à exercer le métier de percepteur. Son action clandestine consiste en la destruction de câbles, en un repérage des fortifications du mur de l’Atlantique et des unités qui les occupent ; il transmet à Londres les renseignements qu’il a réunis. En 1942, il reçoit une nouvelle nomination pour les environs d’Angers mais, là, un ami le prévient qu’un piège est tendu pour qu’il soit accusé de malversation. Il est très surveillé par la Gestapo et la police de Vichy. Il juge plus habile de se mettre en congé pendant près de deux ans, il y a droit en tant que grand mutilé de guerre. Puis il est nommé à Clisson en Loire-Inférieure où il continue ses actions. C’est là qu’il est arrêté par les Allemands le 18 février 1944. Enfermé dans une prison à Poitiers, il subit d’abominables traitements puis il est envoyé à Compiègne, point de départ vers le camp de concentration de Neuengamme où il est déporté. Là, il verra mourir près de lui son ami Honoré Commeurec, directeur des Imprimeries Réunies à Rennes. Il en reviendra en mai 1945 avec une santé profondément altérée, il ne pèse plus que 36 kilos. A peine remis de ses blessures, il repart au combat et se présente aux élections législatives du 21 octobre 1945, à la tête de la liste SFIO en Ille-et-Vilaine. C’est ainsi qu’Albert Aubry devient membre de la première Assemblée Nationale Constituante. Très actif, il participe à de nombreuses commissions et il est juré de la Haute Cour de Justice. Il dépose notamment un rapport sur le budget des anciens combattants et victimes de guerre. Il est Juré à la Haute Cour de Justice. Toute son action est basée sur 3 thèmes : - Défendre les droits des anciens combattants et de leurs familles et leur montrer la reconnaissance du peuple tout entier. - Expliquer sans relâche ce qui s’est passé dans les camps de déportation et, pour cela, il est président de l’Association des déportés de Neuengamme. - Lutter pour instaurer une paix durable et une entente entre tous les peuples pour que la tragédie dont il a été victime avec bien d’autres Résistants ne se reproduise pas. Il interpelle également le gouvernement sur l’insuffisance de l’épuration dans la magistrature (6 août 1946). Albert Aubry est de nouveau élu député aux élections législatives de 1946 pour la première législature puis en juin 1951 pour la deuxième législature. Mais, très malade, il est transporté au Val de Grâce à Paris où il décède le 11 août 1951. Il est inhumé au Tronchet en Ille-et-Vilaine.Albert Aubry a reçu les décorations suivantes : - Chevalier de la Légion d’Honneur en 1919 - Officier de la Légion d’Honneur en 1946 - Commandeur de la Légion d’Honneur en 1947 - Grand Officier de la Légion d’Honneur en 1951. - Titulaire de la médaille militaire, de la Croix de guerre avec palmes, de la Rosette de la Résistance.
Dans la Résistance, il était agent P2 du réseau CND Castille, membre du mouvement Libération Nord, membre du Parti Socialiste clandestin. En Ille-et-Vilaine, une « Association des amis d’Albert Aubry » présidée par Daniel Delaveau, Maire de Rennes, perpétue le souvenir de ce grand homme et veille au bon fonctionnement de la maison de retraite pour anciens combattants qui porte son nom au Theil de Bretagne. Une rue de Rennes, près de l’avenue Janvier et des Champs Libres, porte son nom. A Paris, une plaque portant son nom est apposée sur l’immeuble où il a vécu.
Sources : Site http://memoiredeguerre.free.fr/aubry/index.htm administré par Jean-Paul Louvet Témoignages de Georges Leguen et de Madame Renée Aubry Renée Thouanel-Drouillas
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